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Obligation vaccinale : Les syndicats entrent dans la danse


Tahiti, le 19 octobre 2021 - La CSTP-FO prépare le dépôt d’un préavis de grève générale pour obtenir l’abrogation de la loi sur l’obligation vaccinale. Une décision a été actée mardi en interne par le syndicat de salarié majoritaire en Polynésie. Des rencontres sont annoncées dans les "prochains jours" pour la constitution d’une intersyndicale.
 
 Vous pouvez aller marcher tous les samedis, j’ai l’impression que le gouvernement s’en fiche. Mais un préavis de grève générale, ce n’est pas pareil", a observé Patrick Galenon mardi. La CSTP-FO a décidé dans la matinée d’appeler à une grève générale contre la loi sur l’obligation vaccinale. La décision a été adoptée à l’unanimité, lors d’une réunion de formation syndicale en présence des membres du bureau confédéral et d’une centaine d’élus et de représentants de la confédération syndicale, tous secteurs d’activité confondus. Le syndicat salarié majoritaire de Polynésie française envisage le dépôt d’un préavis de grève début novembre, à la rentrée des vacances de la Toussaint. "On ne va pas attendre le 23 décembre", assure le leader syndical, alors qu’Édouard Fritch a décidé vendredi dernier un report de deux mois des sanctions administratives prévues par cette loi sur l’obligation vaccinale et annoncé lundi sur Polynésie la première "des amendements" pour aménager ce texte, sans plus de précision.

Le secrétaire général de la CSTP-FO assure être soutenu par les principaux syndicats de salariés pour ce projet de grève générale. La menace pourrait être portée par une intersyndicale notamment composée de la CSIP, de Otahi et de O oe to oe rima. "A tia i mua, j’attends leur réponse", a-t-il assuré.
 
Des rencontres avec ces confédérations syndicales doivent avoir lieu "dans les prochains jours" pour compléter la liste de doléances du projet de préavis. "Je les ai déjà rencontré hier. Ils savent que nous allons nous décider aujourd’hui pour un mouvement", a dit Patrick Galenon, mardi, à l’issue de l’assemblée CSTP-FO.
 
Après avoir tergiversé la semaine dernière, CSTP-FO décide cependant de passer à l’action. "Nous avions des assurances du gouvernement que le texte serait probablement retiré. Finalement, seule l’application des mesures de sanction a été reportée. Donc on repousse notre mouvement aussi", a justifié Patrick Galenon mardi.  Et il l’assure : "On va gagner notre combat contre cette loi liberticide et inapplicable !". Promesse lancée en forme d’incantation, sur un ton vindicatif mardi, pour clore près de trois heures de débats internes entre élus et représentants du syndicat. Une réunion dont l’enjeu, une fois la décision de passer à l’action actée, a surtout été d’habiller la mariée en listant les doléances à mettre en avant, autour de la demande d’abrogation de l’obligation vaccinale.
 
Aussi, pour l’instant, seule une ébauche de préavis est-elle esquissée, sur la base des demandes internes à la CSTP-FO. Autour du retrait de la loi sur l’obligation vaccinale, elle n’est d’ailleurs pas avare de démagogie et liste notamment la revalorisation de 3,5% de tous les salaires et le passage du Smig à 152 000 Fcfp net.

​Intersyndicale ?

Patrick Galenon, secrétaire général de la CSTP-FO.
Patrick Galenon, secrétaire général de la CSTP-FO.
Mais si la CSTP-FO se présente sur le pied de guerre, en dépit des assurances faites par Patrick Galenon, dans l’immédiat l’enthousiasme est encore assez timide du côté des syndicats censés soutenir ce mouvement. Une prise de contact avec les principales confédérations de salariés suffisait mardi à s’en rendre compte.
 
À la CSIP d’abord, où le leader de la confédération se dit en effet "intéressé depuis le début" par un mouvement contre la loi sur l’obligation vaccinale, mais sous condition. Pour l’instant, Cyril Le Gayic "ne confirme rien" quant à la participation de sa confédération à une éventuelle intersyndicale. "Ce n’est pas parce que FO veut partir en grève que nous allons suivre tête baissée", explique-t-il. La question doit d’abord être débattue entre syndicats, mais également en interne avec les membres du bureau de la CSIP. L’instance dirigeante prévoit d’ailleurs de se réunir prochainement pour débattre de la question. "L’obligation vaccinale est un point central, c’est vrai, mais pour l’instant nous arrivons encore à régler les conséquences perverses de cette loi sur les salariés en entreprise. Et nous avons surtout d’autres points de revendication à défendre". Cyril Le Gayic en annonce cinq. Notamment une revalorisation du Smig : "Le gouvernement s’y est engagé l’année dernière. On attend toujours."
 
Un pas de côté qu’adopte aussi Jean-Marie Yan Tu, dans l’immédiat. Avant de se positionner, le secrétaire général de A ti’a i mua préfère attendre la réunion intersyndicale qui devrait se tenir dans dans les prochains jours. Tout dépendra de son issue. "Il faut faire attention à ce que l’on veut faire. Si c’est pour le bien des salariés, oui. Si c’est un chao-men, non." Son syndicat ne suivra que si le projet de préavis de grève est "clair" "Pour nous, il faut se concentrer sur l’augmentation des salaires."
 
Dans de meilleures dispositions, Atonia Teriinohorai n’en tempère pas moins pour le compte du syndicat O oe to oe rima : "On n’a pas encore pris de décision". Le sujet doit être abordé par les membres du bureau de la centrale syndicale "en fin de semaine". Le secrétaire général O oe to oe rima, se dit très favorable à un mouvement intersyndical pour exiger le retrait de la loi sur l’obligation vaccinale. "Je pense que l’on est tous d’accord", s’est-il même hasardé à supposer. Reste à s’entendre sur la teneur du préavis de grève. 

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 19 Octobre 2021 à 19:18 | Lu 3217 fois