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Nuku Hiva protège son dernier moūku'autoto


Nuku Hiva, le 1er février 2022 – Le moūku 'autoto est une plante endémique de l’île de Nuku Hiva où il n'en reste actuellement qu'un seul spécimen. L’association environnementale Te kua o te henua enana a décidé de la protéger par un parc qu'elle a réalisé et espère qu'à terme, elle se reproduira et pourra être transplantée ailleurs.    

Le moūku 'autoto, machaerina nukuhivensis, est une plante herbacée endémique des Marquises, plus précisément de l’île de Nuku Hiva. Actuellement en voie d’extinction, elle fait partie des espèces végétales à protéger inscrite dans le code de l’environnement de la Polynésie. C’est la raison pour laquelle l’association environnementale de Nuku Hiva Te kua o te henua enana a décidé, sur les conseils avisés du botaniste Jean-François Butaud, de s’emparer du projet de protection de l’unique spécimen connu de moūku 'autoto encore présent dans la capitale marquisienne. Pour cela, elle a répondu à l’appel d’offres lancé par la Direction de l’environnement (Diren).

Création d'un parc de protection

Ainsi, l’association environnementale de Nuku Hiva, vient de réaliser un parc autour de cette plante devenue rare, situé dans un marécage et près d’un point d’eau. “Le parc était l’unique moyen de stopper les bovins, chevaux et cochons qui aiment venir s’abreuver dans cette zone”, précise Debora Kimitete membre de Te kua o te henua enana.

Le projet, financé par la Diren a duré quatre ans et a mobilisé de nombreux intervenants. Il a été réalisé avec l’aide du Service de l’agriculture qui a fourni à l'association le matériel adapté. Des pinus ont été abattus sur la zone et la commune a apporté son soutien logistique dans le transport du matériel. Michael Koch a réalisé un panneau informatif donnant des précisions sur le moūku 'autoto et ce projet environnemental. La Diren a financé l’ensemble du projet. Du fait de l’endémisme et par conséquent de la rareté du moūku 'autoto, il est demandé à la population de ne pas pénétrer dans le parc. Et de fait, veiller à laisser la plante se régénérer dans son environnement naturel. Debora se veut optimiste : “Désormais nous espérons que la plante redeviendra abondante et qu’on pourra la transplanter dans d’autres endroits de l’île qui ont les mêmes particularités de sol.”

Le projet de préservation, retardé par le covid a mis 4 ans pour arriver à son terme.
Le projet de préservation, retardé par le covid a mis 4 ans pour arriver à son terme.

Debora Kimitete, membre de l'association Te kua o te henua enana
“La plante était déjà répertoriée en 1890”

“Elle était autrefois présente au niveau de l’ancien lac Vaihakameama qui est aujourd’hui dégradé dû aux plantations des Pins des Caraïbes ainsi que du pâturage des bœufs et chevaux et de la présence de cochons sauvages. À présent le moūku 'autoto n’est connu que du petit marécage situé à Tauamaka, à l’intersection de la route actuelle et de l’ancienne route menant au grand Z. 
Autrefois, les habitants de Nuku Hiva étaient conscients de la présence de cette plante sur le plateau de Toovii. L’extrait aqueux issu de la tige faisait partie des ingrédients de certains remèdes traditionnels. Des parties de la plante étaient transportées lors des anciennes cérémonies. La plante avait déjà été répertoriée par Monsieur Chaulet en 1890, à nouveau par monsieur Brown en 1931.” 

Rédigé par Marie Laure le Mardi 1 Février 2022 à 17:42 | Lu 2343 fois