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Nucléaire, politique: Lurel a donné des signes d'ouverture à la Polynésie


Nucléaire, politique: Lurel a donné des signes d'ouverture à la Polynésie
PAPEETE (Polynésie française), 21 jan 2013 (AFP) - Le ministre des Outre-mer Victorin Lurel, en déplacement en Polynésie française, a donné des signes d'ouverture sur la question de l'indemnisation des victimes des essais nucléaires et de la possible évolution statutaire de cette collectivité du Pacifique, mais à long terme.

Arrivé dimanche matin à Papeete en principe pour une visite de trois jours, Victorin Lurel a dû repartir le soir-même afin de rendre un dernier hommage à sa mère, décédée en Guadeloupe.

Cette visite avait pour but de marquer la reprise d'un dialogue apaisé, après les tensions entre le président indépendantiste Oscar Temaru et le gouvernement central sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Le ministre a d'ailleurs annoncé, quelques minutes avant de quitter Tahiti, la venue de François Hollande en Polynésie, sans préciser de date. Le dernier président de la République à s'être rendu dans cette collectivité est Jacques Chirac, en 2003.

Dossier très attendu par les Polynésiens, l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français (en Algérie et Polynésie) a fait l'objet d'annonces du ministre, qui n'a pas caché son étonnement devant le peu de dossiers ayant donné lieu à réparation: seuls 9 dossiers sur 782 présentés à la commission ad hoc, dont seulement 2 pour des Polynésiens.

"Il y a déjà la levée du secret défense sur certaines archives, notamment personnelles", a déclaré Victorin Lurel à l'AFP. "Toutes celles et tous ceux qui s'estiment victimes des émissions radiologiques pourront obtenir leur dossier personnel et le communiquer à la commission d'indemnisation, ou devant une instance judiciaire".

Il a aussi proposé d'étendre la zone géographique des retombées nucléaires, "pas forcément à toute la Polynésie, la question est posée". Cette extension est une demande récurrente des associations de défense des victimes du nucléaire, comme Moruroa e tatou en Polynésie française.

Il a enfin préconisé "d'ouvrir le champ des maladies admissibles", c'est-à-dire potentiellement liées à ces expérimentations nucléaires. "Le président a pris des engagements, il les respectera", a-t-il conclu à ce sujet.

Victorin Lurel s'est aussi exprimé sur la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser, une réinscription qui ouvrirait la voie à un scrutin d'auto-détermination en Polynésie.

Le président polynésien Oscar Temaru avait présenté cette demande mercredi dernier à l'ONU devant le Mouvement des Non-Alignés, qui regroupe 120 pays, dans une charge virulente contre la France, accusée d'avoir utilisé les Polynésiens comme des "rats de laboratoire".

"Nous souhaiterions que la question soit d'abord une question franco-française et qu'après les élections (territoriales, prévues en avril et mai, ndlr), selon des procédures avec un respect mutuel, ne tentant pas de stigmatiser la France, oui, on pourra tenter de voir", a réagi Victorin Lurel.

"Pour le moment, ce n'est pas la priorité du gouvernement de la France, ce n'est pas l'option personnelle du président de la République" a-t-il tempéré, tout en ouvrant la possibilité d'un référendum, mais à long terme : "le droit constitutionnel français a tous les éléments pour traiter la question, le moment venu, posée de bonne manière, dans un processus, et je pense que le gouvernement et le président de la République ne seraient pas opposés à aller au fond des choses".

Le Parti socialiste et le Tavini d'Oscar Temaru sont des alliés politiques, mais François Hollande avait marqué son opposition à l'indépendance de cette collectivité d'outre-mer pendant la campagne présidentielle.

Rédigé par Par Mike LEYRAL le Mardi 22 Janvier 2013 à 05:39 | Lu 1199 fois
           



Commentaires

1.Posté par Denis le 22/01/2013 15:13 | Alerter
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Le sujet est délicat. En 1971, j'étais à Mururoa sur le BSR "La Rance". A l'époque, les tirs étaient aériens. Notre bateau était le plus proche lors des tirs et un jour, suite à une erreur, le nuage est passé au dessus de nous. Tous ceux qui étaient à l'extérieur ont été "zébuloné" (j'en faisais parti). Nous sommes passé à la spectro, notre taux de radioactivité était largement au dessus. Nous avons été douchés, notre linge lavé et au second contrôle, nous étions sous le seuil. J'ai fait 2 ans là bas et n'ai aucun séquelle.
Sur l'île, il y avait des zones autorisées, d'autres interdites. Nous pouvions cueillir des noix de coco et pêcher des poissons mais ne pas les manger. Des gens ont bravé ces interdits. Ils en paient sûrement le prix.
Je ne dis pas que ce n'était pas dangereux, je dis seulement qu'il y avait des mesures de sécurité à respecter et que des gens ne les ont pas respecté.
Quant aux habitants des autres îles, je ne pourrais me prononcer mais il est évident que le nuage ne restait pas au dessus de Mururoa et que, si des mesures de protections étaient prises sur cet atoll, il n'en était sûrement pas de même ailleurs.

2.Posté par beaulieu jean pierre le 22/01/2013 18:35 | Alerter
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De toute façon et quoi que l'état puisse ouvrir, ils ne seront jamais content, comme c'est pour eux un moyen d'exister, ils y trouveront toujours quelque chose à redire.
Ce n'est quand même pas difficile de faire le rapport, maladie, atome, les traces se retrouvent facilement dans les organismes contaminés. Mais peut être ai je la vue trop courte et que je ne m'y connais pas suffisamment.