Tahiti Infos

Noël et ses traditions (seconde partie)


TAHITI, le 23 décembre 2019 - Voici la suite et fin de l’article consacré aux traditions de Noël. Découvrez la tradition de l’Avent, l’histoire de la buche et du père Noël.

La période de Noël est précédée par le compte à rebours de l’Avent avec sa couronne piquée de quatre bougies, une par semaine.

Pour les premiers chrétiens, l’Avent est un temps de jeûne et de préparation à la venue de Jésus le 25 décembre. Cet avent durait six semaines. Le pape Grégoire le Grand, en 590, trouvant ce temps de jeûne trop long, l’a réduit à quatre semaines.

Les calendriers associés et leurs 24 fenêtres sont très récents. Ils datent du XIXe siècle et ont été pensés pour faire patienter les enfants. Les premiers, ont été édités par l’Allemand Gérard Lang, considéré comme l’inventeur des calendriers de l’Avent.

Sa mère lui cuisinait chaque jour, quand il était petit, une friandise pour attendre Noël. Pour les chrétiens au XIXe siècle, l’Avent étant une période de jeûne, le calendrier contenait non pas des friandises, mais des images pieuses. Les friandises sont arrivées plus tard.

La bûche de Noël

Elle fait partie des rituels païens de fête du solstice d’hiver récupérés par l’Église. Elle était alors choisie dans un bois de fruitier riche en production de fruits ou plutôt dans un chêne, bois sacré chez les Celtes et qui se consume doucement.

Elle devait brûler pendant trois jours ou pendant les 12 nuits précédant l’Épiphanie. Elle est associée à la coutume des feux de joie qui célèbrent le solstice d’hiver.

Elle est considérée comme purificatrice, devenant un objet magique. Elle devait purger les hommes de tous les péchés depuis le Noël précédent. Elle protégeait également contre les maladies et les mauvais esprits. Elle représentait les péchés du monde que la flamme venait consumer.

Ses cendres étaient magiques toute l’année : on les récupère pour guérir les maladies, les brûlures, pour soulager l’agonie des mourants. Un morceau mis dans le cercueil permettait au mort un voyage facilité vers le paradis. On les dispersait autour de la maison pour la protéger, sur les cultures pour favoriser les bonnes récoltes.

La tradition de la bûche a disparu progressivement au XIXe siècle en même temps que les cheminées remplacées par des poêles en fonte puis des radiateurs.

Elle est devenue un gâteau en souvenir des friandises que l’on cachait sous la bûche. À des dates différentes, de nombreux pâtissiers en ont revendiqué la paternité. On peut dater son apparition des années 1870. Il s’agissait d’un gâteau roulé en forme de bûche, décoré de petites scies pour renforcer l’identification.

Saint-Nicolas avant le père Noël

Saint-Nicolas est fêté en Europe depuis longtemps les 5 et 6 décembre. Il était là bien avant le père Noël.

Né en 270 en Asie Mineure, Saint-Nicolas a accompli des miracles de son vivant. Grâce à l’imagination populaire, il a continué longtemps après sa mort.

Au XIIIe siècle, il aurait libéré le seigneur de Richecourt capturé lors de la sixième Croisade (1228-1229). Il est devenu naturellement le patron des prisonniers.

En 1254 il est censé avoir sauvé Louis IX, Saint-Louis, en l’arrachant à une tempête aux environs de Chypre pendant la septième Croisade. Il est, de ce fait, devenu le patron des navigateurs.

Enfin, il est parvenu à ressusciter trois enfants taillés en pièces par un boucher, devenant non pas le patron des bouchers mais celui des enfants auxquels il distribue des cadeaux dans la nuit du 5 au 6 décembre.

Il forme un couple d’enfer avec son cousin maléfique le Père Fouettard qui s’occupe, lui, des enfants méchants. Lesquels sont accueillis avec des martinets. Les plus méchants peuvent même être enlevés par ce croque-mitaine.

Saint-Nicolas aurait traversé l’Atlantique au 17e siècle avec les premiers colons européens. Il serait revenu deux siècles plus tard sous le nom de Santa Claus, déformation de Saint-Nicolas par les Américains.

En 1822, il se transforme en Père Noël, mais sans être supplanté dans les traditions du nord et de l’Est.

Le père Noël est un mélange de plusieurs personnages folkloriques, y compris de Odin, le dieu guerrier des Vikings.

La figure du père Noël, avec sa longue barbe, son manteau rouge, ses rennes magiques, s’est cristallisée au cours du XIXe siècle. Au début, il n’a pas été apprécié du tout par l’église. Car le bonhomme joufflu volait la vedette à l’enfant Jésus.

Le personnage (ses attributs, son costume, son rôle) s’est étoffé au fil du temps. En 1822, à la veille de Noël, le professeur Clément Clark Moore a publié un poème dans lequel il décrivit un petit vieux sur un traîneau tiré par huit rennes, vêtu de fourrure, bondissant hors des cheminées avec son baluchon plein de jouets.

Thomas Nast (1840-1902), caricaturiste politique américain a doté le père Noël de son bonnet de fourrure, de sa barbe blanche et de sa houppelande rouge bordée de blanc.

On doit à la firme Coca-Cola, qui a incorporé le personnage à sa campagne publicitaire de l’hiver 1931 son image actuelle.

Clause Lévi-Strauss a confirmé que Noël était américain ainsi que toutes les traditions telles que les grands sapins dressés aux carrefours, les artères principales des villes illuminées la nuit, les papiers cadeaux, les cartes de Noël, les gens déguisés en Pères Noël pour recevoir les suppliques des enfants. Tout cela s’est acclimaté en France et en Europe avec une aisance qui fait méditer l’historien des civilisations.


Christine Perez

Cet article a été rédigé sur la base des connaissances et recherches de Christine Perez, docteur en Histoire de l'Antiquité, elle a été maître de conférences en Histoire des mondes anciens et médiévaux à l'Université de la Polynésie française.

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 23 Décembre 2019 à 16:18 | Lu 1538 fois