Nouméa, France | AFP | 29/11/2020 - En Nouvelle-Calédonie, la décision prévue vendredi du Brésilien Vale de vendre ou pas son usine de nickel à un consortium local et international est attendue avec fébrilité, alors qu'indépendantistes et chefferies kanak s'opposent farouchement à cette opération.
"C'est un dossier explosif à même de faire dérailler le processus de décolonisation en cours et de mettre en péril la stabilité du pays", estime un chef d'entreprise inquiet.
Manifestations, barrages routiers, blocage de mines, de commerces et d'infrastructures rythment depuis plusieurs semaines le quotidien de l'île où les détracteurs de cette transaction ont promis "de ne rien lâcher pour préserver la richesse minière du pays".
Mardi, dans l'espoir d'apaiser les esprits, une "table ronde" en visioconférence entre le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, et les principaux leaders calédoniens aura lieu pour que "chacun exprime ses attentes et ses interrogations".
Cette crise intervient après le deuxième référendum sur l'indépendance du 4 octobre, remporté d'une courte tête par les pro-français (53,3%), et qui a exacerbé les clivages entre communautés Kanak et européenne.
Un troisième vote devrait se tenir d'ici à 2022.
Au terme d'un mois de discussions exclusives, Vale, plus grand producteur mondial de nickel, doit annoncer vendredi s'il accepte ou pas l'offre de reprise de son usine de nickel dans le sud de la Nouvelle-Calédonie, formulée par un consortium calédonien et international, incluant le groupe Trafigura.
Faute de quoi, Vale mettra la clé sous la porte, laissant sur le carreau quelques 3.000 employés et sous-traitants.
"Tout sera prêt pour le 4 (décembre): les documents juridiques, les garanties, le financement, à l'exception du pacte d'actionnaires de la partie calédonienne, qu'on laisse ouverte et flexible", a affirmé à l'AFP Antonin Beurrier, président de Vale-NC et membre à titre personnel du consortium de repreneurs, baptisé Prony Resources, qu'il présidera.
Adossée au richissime gisement de Goro, l'usine de Vale, qui utilise un procédé de traitement chimique, est un gouffre financier - 2 milliards de dollars de pertes depuis 2014 -, qui a accumulé les aléas techniques.
La fermeture de la raffinerie a permis de redimensionner l'outil, qui produit désormais un produit intermédiaire contenant nickel et cobalt, le nickel hydroxyde cake (NHC), destiné au marché porteur des batteries des véhicules électriques.
"On a maintenant une usine qui marche, qui a atteint l'équilibre d'exploitation", se félicite M. Beurrier, tablant sur une production de 30.000 tonnes de NHC cette année.
Le consortium en lice repose "sur un montage innovant" avec 50% d'intérêts publics et privés calédoniens en cours de répartition, 25% à Trafigura, négociant en matières premières basé en Suisse et 25% à une compagnie financière, détenue par M. Beurrier et d'autres actionnaires à l'identité non communiquée.
Vale laisse 500 millions de dollars dans les caisses pour la construction d'une aire de stockage des déchets miniers, le gouvernement français apporte presque autant en prêt, garantie et défiscalisation.
Autorité de régulation et propriétaire des sous-sols, la province Sud, dirigée par des loyalistes, soutient ce projet.
Qualifiant l'opération "de pure spéculation boursière et de hold-up", le collectif "Usine du sud: usine pays", appuyé par le FLNKS (Front de libération nationale kanak socialiste) veut à tout prix barrer la route à Trafigura.
Considéré comme le socle du financement de l'indépendance, le nickel doit, selon les indépendantistes, rester "sous le contrôle de la puissance publique".
Les membres du collectif défendent une offre concurrente portée par la Société financière de la province nord (Sofinor) et Korea Zinc.
Ils affirment que celle-ci a été discriminée car Vale lui refuse la deuxième étape de l'appel d'offre (due diligence) qui permet d'aller voir le site. "On ne va pas s'engager les yeux fermés, on veut être sûr qu'il n'y ait pas de pépin environnemental", déclare un responsable de Sofinor.
Fin octobre, Vale avait écarté Sofinor/Korea Zinc en raison "de garanties financières et industrielles insuffisantes" tandis qu'une note confidentielle de Bercy, révélée par des médias locaux, l'a qualifiée de "liminaire et peu documentée".
Le FLNKS et le collectif "Usine du sud: usine pays" ont indiqué que leur demande "prioritaire" à Sébastien Lecornu lors de la table ronde de mardi serait que "Korea Zinc et Sofinor puissent finaliser leur offre".
"C'est un dossier explosif à même de faire dérailler le processus de décolonisation en cours et de mettre en péril la stabilité du pays", estime un chef d'entreprise inquiet.
Manifestations, barrages routiers, blocage de mines, de commerces et d'infrastructures rythment depuis plusieurs semaines le quotidien de l'île où les détracteurs de cette transaction ont promis "de ne rien lâcher pour préserver la richesse minière du pays".
Mardi, dans l'espoir d'apaiser les esprits, une "table ronde" en visioconférence entre le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, et les principaux leaders calédoniens aura lieu pour que "chacun exprime ses attentes et ses interrogations".
Cette crise intervient après le deuxième référendum sur l'indépendance du 4 octobre, remporté d'une courte tête par les pro-français (53,3%), et qui a exacerbé les clivages entre communautés Kanak et européenne.
Un troisième vote devrait se tenir d'ici à 2022.
Au terme d'un mois de discussions exclusives, Vale, plus grand producteur mondial de nickel, doit annoncer vendredi s'il accepte ou pas l'offre de reprise de son usine de nickel dans le sud de la Nouvelle-Calédonie, formulée par un consortium calédonien et international, incluant le groupe Trafigura.
Faute de quoi, Vale mettra la clé sous la porte, laissant sur le carreau quelques 3.000 employés et sous-traitants.
"Tout sera prêt pour le 4 (décembre): les documents juridiques, les garanties, le financement, à l'exception du pacte d'actionnaires de la partie calédonienne, qu'on laisse ouverte et flexible", a affirmé à l'AFP Antonin Beurrier, président de Vale-NC et membre à titre personnel du consortium de repreneurs, baptisé Prony Resources, qu'il présidera.
Adossée au richissime gisement de Goro, l'usine de Vale, qui utilise un procédé de traitement chimique, est un gouffre financier - 2 milliards de dollars de pertes depuis 2014 -, qui a accumulé les aléas techniques.
La fermeture de la raffinerie a permis de redimensionner l'outil, qui produit désormais un produit intermédiaire contenant nickel et cobalt, le nickel hydroxyde cake (NHC), destiné au marché porteur des batteries des véhicules électriques.
"On a maintenant une usine qui marche, qui a atteint l'équilibre d'exploitation", se félicite M. Beurrier, tablant sur une production de 30.000 tonnes de NHC cette année.
Le consortium en lice repose "sur un montage innovant" avec 50% d'intérêts publics et privés calédoniens en cours de répartition, 25% à Trafigura, négociant en matières premières basé en Suisse et 25% à une compagnie financière, détenue par M. Beurrier et d'autres actionnaires à l'identité non communiquée.
Vale laisse 500 millions de dollars dans les caisses pour la construction d'une aire de stockage des déchets miniers, le gouvernement français apporte presque autant en prêt, garantie et défiscalisation.
Autorité de régulation et propriétaire des sous-sols, la province Sud, dirigée par des loyalistes, soutient ce projet.
Qualifiant l'opération "de pure spéculation boursière et de hold-up", le collectif "Usine du sud: usine pays", appuyé par le FLNKS (Front de libération nationale kanak socialiste) veut à tout prix barrer la route à Trafigura.
Considéré comme le socle du financement de l'indépendance, le nickel doit, selon les indépendantistes, rester "sous le contrôle de la puissance publique".
Les membres du collectif défendent une offre concurrente portée par la Société financière de la province nord (Sofinor) et Korea Zinc.
Ils affirment que celle-ci a été discriminée car Vale lui refuse la deuxième étape de l'appel d'offre (due diligence) qui permet d'aller voir le site. "On ne va pas s'engager les yeux fermés, on veut être sûr qu'il n'y ait pas de pépin environnemental", déclare un responsable de Sofinor.
Fin octobre, Vale avait écarté Sofinor/Korea Zinc en raison "de garanties financières et industrielles insuffisantes" tandis qu'une note confidentielle de Bercy, révélée par des médias locaux, l'a qualifiée de "liminaire et peu documentée".
Le FLNKS et le collectif "Usine du sud: usine pays" ont indiqué que leur demande "prioritaire" à Sébastien Lecornu lors de la table ronde de mardi serait que "Korea Zinc et Sofinor puissent finaliser leur offre".