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N-Calédonie: la visite du Premier ministre à Lifou polluée par des boulettes de mazout


Lifou, France | AFP | dimanche 02/12/2017 - "Halte à la pollution. La faune meurt, les enfants pleurent": le pied à peine posé sur le sol de l'île de Lifou en Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre a pu lire sur des banderoles la colère des habitants confrontés à une pollution aux hydrocarbures.

Arrivé samedi à Nouméa, Edouard Philippe a mis le cap dimanche sur Lifou, peuplée d'un peu moins de 10.000 habitants vivant dans un cadre paradisiaque, dans le respect des rites et traditions de la coutume kanak.
Accueilli à la grande chefferie du Wetr par des danses traditionnelles, interprétées par des femmes en "robes mission" colorées et des hommes aux torses peints, il a été coiffé d'un chapeau en feuilles cocotiers tressées, piqué de fleurs de bougainvilliers, puis garni d'un collier de fleurs de frangipaniers.
Cet accueil a été suivi d'un échange, dans la case en paille de la chefferie, avec les dignitaires kanak de la région, où la tonalité a pris une tournure moins festive.
Assis sur des nattes, le Premier ministre, accompagné dans ce déplacement par la ministre des Outre-mer, celle de la Justice et le secrétaire d'Etat à la transition écologique, s'est vu remettre un sac en plastique contenant des boulettes d'hydrocarbures, que la mer ramène sur les plages de l'île depuis le 23 novembre.
"On ne peut pas rester insensible à ce qui se passe. On veut interpeller le Premier ministre sur ce vrai problème qui touche la population. On n'a pas d'informations claires", lui a ensuite lancé devant le siège de la province des îles Loyauté Thierry Rokead, entouré d'une cinquantaine de membres d'un collectif.
"La pêche fait partie de notre quotidien, on n'a pas les moyens d'acheter du poisson", a protesté une manifestante, précisant que des tortues, des serpents et des holothuries avaient été trouvés morts.
Le collectif a également dénoncé l'impact sur le tourisme de cette pollution, attribuée à un porte-conteneurs, le Kea Trader, qui s'est encastré le 12 juillet sur un récif au sud-est de l'île de Maré.
Ce navire de 184 mètres de long a été dépollué mais, après s'être brisé en deux parties, du fioul lourd, dit "impompable", s'est échappé des cales, de sorte que près de 90 kilos de boulettes de carburant ont jusqu'à présent été ramassées à Lifou et en plusieurs points de la côte est.
 

- "sur la bonne voie"-

En bras de chemise, Edouard Philippe est allé à la rencontre des manifestants. "On s'inquiète pour nos enfants. Pouvez-vous faire quelque chose, c'est tout ce qu'on veut", lui a demandé une mère de famille, avec ses deux petites filles.
Le Premier ministre a affirmé comprendre l'"inquiétude" de la population, assurant que "toutes les mesures sont prises" et que les choses étaient sur "la bonne voie".
Il a ensuite souligné devant les élus locaux que "dès le début une priorité constante avait été partagée avec le gouvernement local et l'armateur, qui s'est bien conduit, pour éviter les dommages".
Le locataire de Matignon a en outre participé à une réunion technique sur le sujet, en présence notamment du maire de Lifou, Robert Xowie, qui a interdit la pêche et la baignade, dans l'attente des résultats d'analyse des boulettes.
Bien que la préparation du référendum sur l'indépendance qui aura lieu d'ici novembre 2018 sur le Caillou et fait craindre un retour des violences constitue l'axe majeur du séjour d'Edouard Philippe, les enjeux environnementaux ont pris l'ascendant à Lifou.
A l'intérieur du petit hémicycle de la collectivité, son président Néko Hnépéune (indépendantiste) a évoqué les défis de son île tels que la gestion des déchets, l'érosion du littoral ou la transition énergétique.
Le chef du gouvernement a fait remarquer qu'il "serait absurde et dangereux" d'être "obnubilés" par les questions institutionnelles, alors qu'il y a des "urgences" climatiques et environnementales.
Il a ensuite inauguré la deuxième station photovoltaïque de Lifou, qui s'est fixé pour objectif d'ici 2020 de produire 100% de ses besoins en énergie renouvelable.

le Lundi 4 Décembre 2017 à 01:39 | Lu 710 fois