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Moana, soudeuse en charpente métallique


Moana Jurquet est la seule femme soudeuse de l’équipe (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Moana Jurquet est la seule femme soudeuse de l’équipe (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 20 septembre 2024 – Discrète derrière ses équipements, Moana Jurquet fait partie des rares femmes à exercer un métier au cœur de la construction. Précision et diversité des tâches font partie de son quotidien dans l’atelier de charpente métallique de Nautisport Industries (NSI), à Taravao. En dix ans, elle a contribué à de nombreux projets à Tahiti et dans les îles.

 
Gants, cagoule de soudure, bleu de travail, bouchons d’oreilles, lunettes et chaussures de sécurité, la tenue peut paraître lourde à porter. Pourtant, Moana Jurquet est pleinement dans son élément sur le chantier de charpente métallique de Nautisport Industries (NSI), à Taravao.
 
Maman d’un garçon, elle a grandi entre Paea et Toahotu, où elle a été initiée au bricolage et à la mécanique par ses oncles, dès son plus jeune âge. Pour ses études, elle s’est logiquement orientée vers un BEP construction et topographie, cursus qui lui a notamment permis d’apprendre à faire et à lire des plans. Après des petits boulots, elle a suivi une formation en tuyauterie industrielle au Centre de formation professionnelle des adultes (CFPA), avant de se tourner vers la construction métallique en continuant à se former sur le tas dans une petite entreprise de la zone industrielle de la Punaruu.
 

De la découpe à l’assemblage, aucune journée ne se ressemble.
De la découpe à l’assemblage, aucune journée ne se ressemble.

“C’est comme un puzzle”


Entrée chez NSI en 2015, Moana Jurquet s’y épanouit depuis bientôt dix ans. “Ce qui me plaît, c’est que je ne fais jamais la même chose. Je peux travailler sur de l’acier normal, de l’inox, du galvas, de l’aluminium. Il faut être touche-à-tout : par exemple, pour réaliser des chéneaux (conduits d’évacuation des eaux pluviales, NDLR), je pars des plans pour faire mes traçages sur tôles, puis je découpe et je plie, et je passe à l’assemblage”, explique la professionnelle de 42 ans, qui manie aussi bien la meuleuse que le poste à souder, ou encore la plieuse, imposante machine dont elle a été nommée responsable.
 
Ce jour-là, elle était affairée à la fabrication minutieuse de platines de fixation. Entre travail manuel et travail d’équipe, son métier de bâtisseuse la passionne : “J’aime tout ce qui est construction. Pour moi, c’est comme un puzzle qu’il faut constituer !” Depuis les entrailles de l’atelier, elle a contribué à de nombreux chantiers, de l’écomusée Fare Natura de Moorea au magasin Champion de Paea, en passant par le collège de Teva i Uta, ou encore le centre de détention de Tatutu, à ses débuts.
 
Dans ce secteur de l’industrie, les femmes sont rares. Moana Jurquet fait figure d’exception : elle a bien une collègue peintre, mais elle est la seule soudeuse de l’équipe. “J’encourage plus de femmes à se lancer dans ces métiers. Si elles aiment le domaine de la construction, il faut oser !”
 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Vendredi 20 Septembre 2024 à 16:34 | Lu 2476 fois