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Menacée par Trump, Los Angeles s'inquiète pour sa reconstruction


Crédit JOSH EDELSON / AFP
Crédit JOSH EDELSON / AFP
Los Angeles, États-Unis | AFP | vendredi 23/01/2025 - Donald Trump osera-t-il couper les vivres pour la reconstruction de Los Angeles, victime des pires incendies de son histoire? C'est toute la question qui agite la mégapole américaine, où le nouveau président doit venir constater les dégâts vendredi.

Défigurée par les flammes, la région compte encore ses morts - près d'une trentaine pour l'instant - et mise pour se relever sur les aides fédérales approuvées par Joe Biden lors des derniers jours de son mandat.

Mais M. Trump menace depuis des mois de suspendre les aides reçues par la Californie, bastion progressiste qu'il érige en repoussoir politique.

"Je ne pense pas que nous devrions donner quoi que ce soit à la Californie jusqu'à ce qu'ils laissent l'eau couler du nord au sud" de l'Etat pour lutter contre les feux à Los Angeles, a encore estimé le républicain mercredi, en reprenant un mensonge dont il est coutumier.

Le président accuse régulièrement l'Etat démocrate d'avoir adopté des politiques environnementales qui provoqueraient une mauvaise gestion de l'eau. Une contre-vérité dénoncée par les experts, qui lui permet d'envisager publiquement de poser des conditions pour approuver de futures aides fédérales.

Il vient également de signer un décret ordonnant à son administration de ne pas délivrer d'aides aux "villes sanctuaires" protégeant les migrants. Comme à Los Angeles, où la police locale refuse de collaborer avec l'Etat fédéral pour identifier les immigrés en situation irrégulière.

- "Homme d'action" -

Dans ce contexte ultra-tendu, le retour au pouvoir du milliardaire angoisse ceux qui ont tout perdu dans les incendies.

"Je n'arrive pas à croire que le gouvernement puisse laisser autant de personnes dévastées, et la moitié de villes détruites, sans les aider", souffle Sebastian Harrison auprès de l'AFP.

Cet entrepreneur de 59 ans n'avait pas d'assurance-habitation. Sans aides fédérales, il ne pourra pas reconstruire sa maison de Malibu, rasée par les flammes. Alors, il se rassure en se disant que Donald Trump aura à coeur de défendre son image d'"homme d'action, qui prend rapidement les choses en main."

A Altadena, modeste banlieue au nord de Los Angeles, comme à Pacific Palisades, quartier huppé de la ville, des milliers de bâtiments en ruines doivent être déblayés. 

Les aides fédérales, approuvées par Joe Biden pour 180 jours, doivent notamment financer cela.

Mais les autorités locales craignent que cette promesse ne soit pas honorée, ou que Los Angeles ait besoin d'une rallonge.

"C'est la course pour s'assurer que les fonds nous parviennent avant que Trump ne revienne au pouvoir", confiait la semaine dernière un observateur de la vie politique locale, sous couvert d'anonymat.

Cette source soulignait également que le bras de fer entrepris par le président pourrait se retourner contre lui.

"Trump considère sûrement Altadena comme une bande de démocrates sans intérêt, mais Pacific Palisades, c'est une autre histoire", rappelait-elle. "C'est le premier endroit où lui et les autres républicains se rendent lorsqu'ils veulent lever des fonds à Los Angeles."

- "Unité" -

Moins à gauche que le reste de la ville, ce quartier abrite quantité de grandes fortunes et de célébrités, dont certaines ont perdu leurs villas dans les flammes. 

C'est notamment le cas de Mel Gibson, qui vient d'être nommé par M. Trump à la tête d'une mission spéciale pour "retrouver l'âge d'or d'Hollywood".

La visite du président à Los Angeles pourrait l'obliger à croiser l'une de ses bêtes noires: le gouverneur de Californie, Gavin Newsom.

Le démocrate, souvent acerbe envers le milliardaire, a tenté d'arrondir les angles la semaine dernière.

"Historiquement, l'aide fédérale pour les catastrophes a été sans conditions", a-t-il souligné dans une lettre adressée au président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, qui pousse lui aussi l'idée d'une aide sous conditions.

"Les calculs politiques ou les clivages régionaux ne devraient pas entraver les efforts de secours", a-t-il ajouté. "Ce principe d'unité est au coeur de la résilience de notre nation."

Si cette tentative d'apaisement échoue, l'affaire risque de se régler devant les tribunaux.

Sollicité par l'AFP, le bureau du procureur général de Californie, Rob Bonta, a annoncé qu'il n'hésiterait "pas à agir si nous pensons que le président viole la loi."

le Vendredi 24 Janvier 2025 à 03:11 | Lu 1113 fois