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Meherio et Laurent : le haut-commissaire souligne "les plus élémentaires précautions"


René Bidal, haut-commissaire de la République en Polynésie française (archive).
René Bidal, haut-commissaire de la République en Polynésie française (archive).
PAPEETE, 15 novembre 2016 - Le haut-commissaire René Bidal publie mardi un communiqué pour exprimer sa "gratitude" à l'égard de la chaîne de solidarité mise en place lors des opérations de recherche et de secours menées pendant six jours pour retrouver Laurent et Meherio Para, naufragés entre Huahine et Maiao. Le représentant de l'Etat en Polynésie française saisit l'opportunité de ce communiqué pour inviter les usagers de la mer à s'équiper d'une balise de détresse en invitant les maires à l'accompagner dans la "pédagogie nécessaire".

Communiqué du haut-commissaire de la République sur les recherches de personnes disparues en mer

Je suis particulièrement heureux et rasséréné de savoir Meherio et Laurent sains et saufs. L’action, les pensées et les prières de tous ont accompagné ce dénouement tant espéré durant de très longues heures. Laurent a eu un comportement exemplaire et héroïque vis-à-vis de sa sœur.

Sans qu’elle puisse être comparable aux tourments que vécut la famille dans la douloureuse espérance, nous avons partagé, durant six jours, l’angoisse que cette disparition a pu causer aux proches tout autant que l’émoi légitime qu’elle a suscité dans tous les foyers polynésiens.

L’occasion m’est ainsi fournie de saluer tout particulièrement les rescapés frère et sœur, leur famille mais aussi les hommes et les femmes qui se sont mobilisés dans les recherches en mer, qu’il s’agisse des militaires et des agents de l’État autour du JRCC, mais aussi des volontaires et des pêcheurs sur zone à qui je veux exprimer toute ma gratitude.

Au-delà de ce soulagement et de ces remerciements, il me revient de commenter certaines évidences : les deux dernières opérations de recherche en mer, je fais référence à celle des sept disparus du 26 octobre entre Marokau et Hikueru et celle que l’on vient de vivre, m’ont amené à constater que les plus élémentaires précautions n’ont pas été prises avant le départ, je le regrette et l’exprime.

Lors de ces deux opérations, au cours desquelles j’ai souhaité être personnellement informé de leur progression, j’ai été conduit à donner des instructions pour que les recherches puissent se poursuivre au-delà des délais habituels avec l’engagement de tous les moyens à disposition.

Ces moyens ont parfois correspondu à la limite des possibilités humaines faisant, par là même, prendre des risques aux effectifs engagés, notamment lors de l’opération du 26 octobre où les pilotes d’hélicoptère qui sont intervenus dans des conditions météorologiques très dégradées étaient à la limite supérieure de l’engagement et du devoir. Ils l’ont fait sans hésiter car la vie de sept personnes étaient en jeu et que la Polynésie toute entière eut été endeuillée si le drame s’était produit. Par ailleurs, même si dans ces circonstances l’argent n’est jamais le plus important, je souhaite préciser que le budget sommairement estimé pour ces deux opérations de recherche correspond à des millions de francs pacifiques.

Dans les deux cas, que constate-t-on ? Dans une époque où l’on peut connaître la position de chacun sans effort technique et sans investissement onéreux, on prend la mer avec des instruments de bord défectueux et dépourvu de moyen sérieux permettant un repérage rapide de situation. Alors qu’une simple balise de détresse (Cospas-Sarsat), dont le coût est estimé à 27 000 Fcfp, permettrait un secours quasi immédiat, car malgré son champ large et l’attention de son équipage un Gardian à la vitesse qui est la sienne peut, en plein Pacifique, passer sans le voir au-dessus d’un "poti marara", qui est un esquif sur l’immensité.

Je précise que j’ai souhaité maintenir l’aide annuelle de 1,75 million Fcfp accordée à la fédération d’entraide polynésienne de sauvetage en mer (FEPSM) pour, entre autre, faciliter l’achat de balises, mais j’en appelle aussi aux Tavana, fins connaisseurs de leurs flottilles, pour qu’ils m’accompagnent dans la pédagogie nécessaire.

Rien ne saurait être regretté lorsque l’on veut sauver des vies humaines mais il faut que chacun réalise que la vie des passagers et des sauveteurs peut aussi être en jeu et qu’une telle occurrence ne serait pas pardonnable si tous les moyens mis en branle ont répondu à un comportement inconscient qui fait fi de risques météorologiques avérés ou ignore la nécessité d’équipements de sécurité permettant le repérage et la survie.

J’ai appris à connaître et à constater les grandes qualités de navigateurs des Polynésiens qui depuis toujours, dans leur gènes, vivent avec l’océan et ont souvent démontré leurs capacités de survie dans un milieu et des conditions très hostiles ; je sais aussi que les "poti marara" ont un rôle et une utilité sociale qui sont indispensables dans les archipels éclatés pour les liaisons inter-îles. J’en reconnais leur rôle y compris dans les EVASAN comme j’ai pu récemment l’écrire en prenant position, pour la première fois en Polynésie, au niveau du Haut-commissariat.

Mais aucun homme n’a le droit, y compris pour sa propre vie et, a fortiori, quand la vie des autres est en jeu, de mépriser les risques qu’il encourt et qu’il fait encourir en ne prenant pas les précautions qui tombent sous le sens pour parer à des événements dont il ne peut pas avoir la maîtrise. Des conséquences pénales pourraient en résulter en cas de drame.

La sécurité des Polynésiens est une mission prioritaire pour l’État que je représente mais, dans ce domaine comme dans d’autres, c’est le comportement et le raisonnement de chacun qui constituent les premiers gages de réussite. Ces récents événements doivent éclairer une conscience individuelle et collective qui, à l’évidence, doit s’enrichir pour certains pilotes de bateaux, afin d’éviter à des familles de se consumer dans l’angoisse.


René BIDAL

Rédigé par à partir d'un communiqué le Mardi 15 Novembre 2016 à 10:06 | Lu 2240 fois
           



Commentaires

1.Posté par REY Ethode le 15/11/2016 11:54 | Alerter
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De l'avis de tous, y compris de celui du H.C
la balise de détresse devrait être OBLIGATOIRE pour toute navigation au-dela de 5 nautiques d'un abri

2.Posté par pif paf le 15/11/2016 12:40 | Alerter
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Pour la sécurité, c'est mieux d'investir sur une image pieuse et un chapelet.
Ça coute moins cher, et c'est plus efficace que des balises !!

3.Posté par TEKI TOA le 15/11/2016 14:25 | Alerter
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Donc pour résumer: pas de balise, pas de fusées de détresse, un compas défectueux, une radio apparemment HS aussi?

4.Posté par circonspect le 15/11/2016 15:49 | Alerter
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Le haut commissaire de quoi il parle il n'a jamais navigué sur un poti marara dans nos eaux Polynésienne,
Je partage l'avis de pif paf, à bord, un chapelet et la bible et je navigue à la grâce de Dieu ! ...

5.Posté par Benjamin le 15/11/2016 16:52 | Alerter
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On DOIT faire payer les frais des recherches a tous ceux qui ne respectent pas les consignes de securité !

Cela devient du je-m'en-foutisme !

6.Posté par Paroa le 15/11/2016 16:54 | Alerter
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Investissez dans du matériel de détresse.

7.Posté par REY Ethode le 15/11/2016 17:22 | Alerter
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@ pif paf
Je ne vais pas à un quelconque office religieux le dimanche
mais je respecte ceux qui le font
Un chapelet ou une image pieuse, c'est vraiment tout con,
MAIS, il arrive à chacun, un jour, de regretter de ne pas les avoir ...

8.Posté par Popoti le 15/11/2016 19:09 | Alerter
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Pour compléter le post 3 et sans doute, en panne de carburant.

Cela fait des années que des conseils sont prodigués..... sans effet, à en croire toutes les recherches réalisées mensuellement. Recherches qui mettent aussi en danger le personnel affecté à ses dernières.

Mr le Haut commissaire, il faut rendre obligatoire les balises de détresse et mettre en place des sanctions dissuasives contre les contrevenants quelque ils soient.

9.Posté par Raromatai le 15/11/2016 20:40 | Alerter
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Je suis daccord avec le HC rien de plus rassurant qu'une balise de détresse.La Bible et le chapelet c'est bien (surtout quand on a retrouvé les disparus) mais quand on ne les retrouve pas !!!!! Ça a été le cas de mon oncle (Georges Tissan) qui a disparu ça fait déjà 7 ans il n'a toujours pas été retrouvé et pourtant je prie tous les jours.

10.Posté par tamatoas le 15/11/2016 21:38 | Alerter
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iaorana ,
tout a fait d'accord avec Ethode Rey , je dirai mème que quelqu'un conscient du danger , mème a 5 nautiques , (moteur en panne par exemple et à la dérive ) , une balise à 27 000 FCP c'est quand mème pas un gros investissement de sécurité , elle devrait être obligatoire dans l'équipement de sécurité ! Combien ont couté les opérations de recherche , la balise aurait permis de les retrouver immédiatement ! ça n'est plus être marins , mais de grands naufragés ! Quel dommage de non respect de la navigation , est ce que ça servira à l'avenir ?

11.Posté par Focey le 16/11/2016 02:57 (depuis mobile) | Alerter
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Aide toi et le ciel t''aidera. En clair croire en dieu est une chose mais n''exclut pas de prendre les mesures nécessairesà sa sécurité. Par pitié pour vos familles équipez vous de balises

12.Posté par ldpdt le 16/11/2016 11:10 | Alerter
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Monsieur le Haut-Commissaire , Monsieur le Président de la P.F.
Rendre la balise obligatoire dans le matériel de sécurité CE N'EST PAS SUFFISANT. Le permis de conduire un engin à 2 ou 4 roues est obligatoire, l'assurance est obligatoire, ne pas conduire ivre est obligatoire, mais certains ne respectent pas ces obligations. Donc pour éviter cela avec la balise elle devrait être vendue en même temps que le bateau, quelque soit sa taille (aluminium compris) et son utilisation . Chaque vendeur de bateau bien connu à Tahiti devra donc OBLIGATOIREMENT ajouter cette balise dans ses ventes, ainsi on partirait d'un bon pied, ensuite chaque autre propriétaire de bateau acheté avant cette décision devra aussi se munir d'une balise.
En passant il serait bien aussi de remplacer tous ces feux encombrants, et dangereux dès l'acquisition d'une balise puisqu'à elle toute seule elle donne la position des gens en péril .

13.Posté par SM le 16/11/2016 19:19 | Alerter
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@2 et @4
Et le jour où vous tomberez en panne, bien équipés en bibles, chapelets, et images pieuses, le JRCC, les affaires maritimes et vos amis pêcheurs vous laisseront dériver, à la grâce de Dieu? ... Prévenez-les avant de partir, ils ne risqueront pas leurs vies pour les imprudents. SM

14.Posté par pif paf le 17/11/2016 12:08 | Alerter
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@ SM
Le présent cas démontre toute ton erreur. Le post 3 mentionne l'imprudence des protagonistes. Et plus de 100 MF de moyens publics ont été mis en oeuvre, sans compter les moyens privés. Sans résultat.
Seules donc les prières des personnes concernées et de leur famille ont été efficaces.

Supprimons le JRCC, et construisons des chapelles comme les marins ont pu le faire partout dans le monde.

15.Posté par SM le 17/11/2016 20:47 | Alerter
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Il n'y a pas d'erreur. Je propose exactement ce que tu proposes et j'espère que tu l'appliques au quotidien pour toi et ta famille sans jamais faire appel à la gendarmerie, à l'école, à l'hôpital, à la CPS, à la Mairie , aux pompiers, ....

16.Posté par pif paf le 18/11/2016 14:05 | Alerter
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C'est pour cela que je travaille au noir, que je ne paye pas mes impôts, et que je suis un fidèle pratiquant qui vais tous les jours au temple verser mon obole pour que Dieu me vienne en aide le jour où j'en aurai besoin.

17.Posté par NanoFaraoa le 19/11/2016 21:09 | Alerter
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Merci René pour la pédagogie et les conseils ! avec les médias, en insistant sur le coût des recherches, on avait l'impression qu'ils enfonçaient encore plus la culpabilisation des 2 naufragés, donnant l'impression que les pouvoirs publics regrettaient d'avoir dépensé 113,5 MFcfp. pas d'accord avec eux. 113,5 MF c pour aller sauver des vies. Que dire de ces dépenses pour aller tuer des vies en envoyant toute l'armada marin et aérien et un "Rafale" lacher ses bombes en Syrie ! nada ia dans leurs colonnes. j'ai un bateau, je m'équipe d'un réflecteur radar, de fusées et de balise.