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Médecine traditionnelle : Etude du «Tueiao», plante endémique de Nuku Hiva


Nicolas Martin, doctorant à l'Université de la Polynésie , a participé à l'étude du " tueiao ", un arbre aux vertus pharmacologiques très apprécié des guérisseurs traditionnels marquisiens.
Nicolas Martin, doctorant à l'Université de la Polynésie , a participé à l'étude du " tueiao ", un arbre aux vertus pharmacologiques très apprécié des guérisseurs traditionnels marquisiens.
La Terre des Hommes recèle de nombreuses espèces de plantes rares, mais la rauvolfia nukuhivensis plus connue sous le nom de Tueiao, est un arbre très utilisé par les guérisseurs traditionnels d’aujourd’hui et d’hier. Mais voilà, il disparait peu à peu. D’où l’intérêt que lui a porté un jeune étudiant de l’Université de la Polynésie Française, Nicolas Martin lequel a mené une étude complète sur  cette plante endémique.

Trois années durant, Nicolas Martin, 26 ans effectuant un doctorat en chimie, a jeté son dévolu sur le tueiao des îles marquises. Cette plante fait partie de la pharmacopée obligatoire des médecins traditionnels de l’archipel. Tout commence lorsque l’IRD a mis en place un programme d’étude des plantes médicinales traditionnelles marquisiennes, nommé Marquesas , qui a débuté en 2009.

Ce programme de recensement du patrimoine biologique des îles Marquises avait pour objectif de caractériser certains éléments importants de la biodiversité terrestre et marine. Il a réuni pendant 2 années des chercheurs de différentes disciplines : botanistes, ethnobotanistes, ethnopharmacologues, anthropologues, biologistes, chimistes, afin d’étudier les multiples composantes de la notion de patrimoine, du point de vue des scientifiques mais aussi des populations concernées.

Plusieurs séminaires ont réuni des scientifiques et des membres de l’Académie des Marquises, permettant de prendre en compte les avis et propositions des spécialistes de la culture marquisienne. L’étude du tueiao entrait dans cette mouvance. Pour ce faire, Nicolas Martin s’était rendu sur l’île de Nuku Hiva, là même d’où la plante est originaire. Le tueiao est  une espèce que l’on ne trouve que dans les vallées luxuriantes et sauvages de cette île.

Les médecins traditionnels utilisent son écorce pour soigner les plaies, les hématomes ou pour les éruptions cutanées. Au siècle dernier, selon certains anciens, les feuilles servaient de cataplasme, tandis que sa sève était mélangée à certaines mixtures pour calmer la rage de dent. L’étude menée par le jeune chercheur a permis de connaître les motifs de sa raréfaction : son utilisation fréquente et les conditions climatiques.

Puisque les données scientifiques concernant son classement et son patrimoine chimique n’existaient pas encore, il a fallu remédier à ces lacunes. Après avoir isolé puis identifié des molécules organiques possédant des vertus pharmacologiques, des tests biologiques ont été réalisés afin d’évaluer l’efficacité de ces molécules contre des agents pathogènes humains, c’est-à-dire tous facteurs susceptibles d’engendrer une lésion ou de causer une maladie.

Au terme de cette étude, Nicolas Martin a d’autres ambitions : « j’aimerai vraiment pouvoir faire aboutir un projet en amont, celui de réaliser d’autres études sur la possibilité de créer une sorte de gélule ayant les même vertus pharmacologiques que le tueiao, ou bien une pommade».  Mais pour cela, il devra présenter sa thèse et ses futurs projets à des investisseurs potentiels. L’objectif du jeune chercheur est de permettre la réalisation de recherches complémentaires incitant les grands instituts à s’intéresser de très près à cet arbre, poussant tout là-bas, au milieu de l’océan Pacifique, sur une terre encore sauvage. Rappelons que Nicolas Martin présentera sa thèse ce mardi 23 avril, à l’Univeristé, dans le cadre des Doctoriales.
 
TP
 
 
 
 
 

Rédigé par TP le Lundi 22 Avril 2013 à 16:41 | Lu 2718 fois