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Me Outin sera jugé pour “injure publique en raison de la religion”


Le procureur de la République Hérvé Leroy (à droite), aux côtés du directeur territorial de la police nationale, Mario Banner, lors d'un point presse donné mercredi.
Le procureur de la République Hérvé Leroy (à droite), aux côtés du directeur territorial de la police nationale, Mario Banner, lors d'un point presse donné mercredi.
Tahiti, le 14 septembre 2022 – Dans le cadre de l'enquête suite à la diffusion, entre le 2 et le 4 septembre, d'une vidéo sur Facebook dans laquelle Me Marc Outin tient des propos à caractère antisémite, l'avocat de Papeete a été placé mardi matin en garde à vue. À l'issue de celle-ci, le procureur de la République, Hervé Leroy, a décidé de le poursuivre pour “injure publique envers un groupe de personnes en raison de son appartenance à une religion déterminée”. Il encourt un an de prison et 5,4 millions de Fcfp d'amende.
 
Dans le cade de l'enquête ouverte suite à la diffusion, par l'avocat du barreau de Papeete, Me Marc Outin, d'une vidéo sur le réseau social Facebook dans laquelle il tient des propos à caractère antisémite, celui-ci a été placé en garde à vue mardi matin, pendant 24 heures. C'est ce qu'a indiqué le procureur de la République, Hervé Leroy, mercredi, lors d'un point presse. L'enquête ouverte pour “apologie publique de crimes contre l’humanité” étant désormais close, le procureur a finalement décidé de poursuivre l'avocat pour “injure publique envers un groupe de personnes en raison de son appartenance à une religion déterminée”, à savoir la religion juive. Le procureur a en effet estimé que les propos tenus “présentent de façon outrancière, méprisante même, l'extermination des personnes de confession juive par le régime nazi avec la complicité à un moment donné du gouvernement de Vichy.” Le directeur territorial de la police nationale a confirmé que ce type d'affaires est inédit en Polynésie. “Une malheureuse première”, selon Hervé Leroy, pour laquelle l'avocat encourt une peine d'un an d'emprisonnement et 5,4 millions de Fcfp d'amende.
 
Me Marc Outin avait publié une vidéo sur Facebook, le 2 septembre, retirée 48 heures plus tard, dans laquelle il se filmait dans une enseigne d'électroménager devant un fumoir-barbecue, faisant le lien entre les performances de l'appareil et les méthodes utilisées par les nazis dans les camps de concentration. L'affaire avait suscité un grand émoi. Deux personnes ont été entendues dans le cadre de l'enquête ouverte dès le 4 septembre. Elles ont déposé plainte en faisant valoir leur qualité de victimes, indique le procureur. L'affaire ayant retenti jusqu'en métropole, plusieurs associations de lutte contre les discriminations sont également susceptibles de se constituer parties civiles, telles que la Ligue des droits de l'homme, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) ou encore SOS racisme.

Jugé aussi pour divulgation d'informations personnelles

Par ailleurs, Me Marc Outin est également poursuivi pour “divulgation d'informations personnelles concernant un journaliste”, qui est reconnu depuis 2021 comme un délit de mise en danger d'autrui. “On ne peut pas jeter en pâture en public le nom d'un journaliste, le nom de son employeur et inviter les internautes à téléphoner à ce journaliste et à lui demander des explications et des comptes. Ce n'est pas possible”, indique le procureur de la République. Me Outin encourt une peine de cinq ans d'emprisonnement et 9 millions de Fcfp d'amende. Il comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Papeete le 6 décembre pour répondre des deux chefs d'accusation.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Mercredi 14 Septembre 2022 à 18:49 | Lu 2228 fois