Mamoudzou, France | AFP | lundi 24/04/2023 - La France "n'arrêtera pas" l'opération "Wuambushu" lancée à Mayotte au nom de la lutte contre la délinquance et les bidonvilles, a assuré lundi le préfet de ce département français dans l'océan Indien, souhaitant reprendre "rapidement" les rotations de bateaux vers les Comores, suspendues par Moroni.
"Les opérations (...) de lutte contre la délinquance et contre l'habitat insalubre, avec leurs conséquences sur l'immigration clandestine, on ne les arrêtera pas", a assuré le préfet Thierry Suquet devant la presse, sur un parking de Tzoundzou, dans la banlieue de Mamoudzou.
Le représentant de l'Etat a également dit espérer "reprendre rapidement" les rotations de bateaux vers l'île comorienne d'Anjouan, les Comores ayant refusé lundi l'accostage d'un navire transportant une soixantaine de personnes. Selon le préfet, il y avait notamment parmi ces passagers des "gens qui rentraient aux Comores parce qu'ils étaient en situation illégale".
Le ministre comorien de l'Intérieur, Fakridine Mahamoud, avait assuré lundi à l'AFP à Moroni: "tant que la partie française décidera de faire des choses de façon unilatérale, nous prendrons nos responsabilités". "Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne", a-t-il assuré.
Le préfet de Mayotte a dit espérer que la situation se résoudrait par "le dialogue". "On a des intérêts communs avec les Comores, qui sont en particulier la sauvegarde de la vie humaine en mer et le contrôle de l'immigration clandestine", a-t-il plaidé.
Quelque 1.800 policiers et gendarmes, dont des centaines de renforts de métropole, sont exceptionnellement mobilisés à Mayotte pour cette opération controversée baptisée Wuambushu ("reprise" en mahorais), à laquelle le gouvernement n'a pas officiellement donné de date de lancement ni de fin.
La France prévoit de déloger des migrants en situation irrégulière des bidonvilles de Mayotte, 101e département français, et d'expulser les sans-papiers -pour la plupart Comoriens- vers Anjouan, l'île comorienne la plus proche située à 70 km.
"L'objectif, c'est (qu'il n'y ait) plus de bidonvilles à Mayotte", a insisté M. Suquet, estimant que ceux-ci sont "dangereux pour les gens qui y vivent et pour leur santé".
Le préfet s'exprimait à Tsoundzou, théâtre depuis dimanche d'affrontements entre jeunes des bidonvilles et forces de l'ordre.
Derniers préparatifs
Dans les bidonvilles menacés de destructions, habitants et représentants de l'Etat se préparaient à la première opération d'expulsion, prévue mardi à 06H00 (03H00 GMT).
A Koungou, village du nord de l'île de 40 km de long, 85 familles sont sous le coup d'une expulsion dans le quartier de "Talus 2", enchevêtrement de tôles bleues et grises, accroché à une colline, où plus d'une centaine de familles vivent dans des conditions précaires.
Des marquages ont été apposés sur 20 habitations qui seront épargnées, a expliqué à l'AFP Psylvia Dewas, coordinatrice des opérations de décasage, tandis que les futurs expulsés sont invités par les associations à venir organiser leurs hébergements d'urgence, mis à disposition pour une durée de 21 jours.
"Je dormirai dehors, quelque part sur une terrasse si quelqu'un veut bien, si personne ne veut et bien je ne sais pas, je prendrai ma natte pour m'installer sur la route et dormir", a dit à l'AFP l'une des habitantes, Mariam Ali M'Hadji, 53 ans, en attente d'être prise en charge par les associations.
Les deux députés de Mayotte, Estelle Youssouffa (Liot) et Mansour Kamardine (LR), ont apporté leur "soutien" à l'opération controversée, Mme Youssouffa voyant dans les bidonvilles des "foyers d'insécurité, de violence, qui abritent les trafiquants et les gangs".
A l'inverse, l'association Droit au logement (DAL) a appelé dimanche à stopper cette opération "brutale" et "anti-pauvres" et le collectif "Uni-e-s contre une immigration jetable" (UCIJ-2023), qui réunit 400 associations et syndicats, a dit lundi craindre "des violences et atteintes au droit".
De nombreux migrants africains, surtout comoriens, tentent chaque année de rallier clandestinement Mayotte. Ces traversées hasardeuses prennent souvent une tournure dramatique avec des naufrages de "kwassa kwassa", petites embarcations de pêche à moteur utilisées par les passeurs.
Faisant géographiquement partie de l'archipel comorien, Mayotte s'est séparée des Comores en 1974, suite à un référendum où les trois autres îles ont choisi l'indépendance. Elle est devenue département français en 2011, les Comores refusant toujours d'y reconnaître la souveraineté de la France.
En 2019, Moroni s'était engagé à "coopérer" avec Paris sur l'immigration, en échange d'une aide au développement de 150 millions d'euros sur trois ans.
"Les opérations (...) de lutte contre la délinquance et contre l'habitat insalubre, avec leurs conséquences sur l'immigration clandestine, on ne les arrêtera pas", a assuré le préfet Thierry Suquet devant la presse, sur un parking de Tzoundzou, dans la banlieue de Mamoudzou.
Le représentant de l'Etat a également dit espérer "reprendre rapidement" les rotations de bateaux vers l'île comorienne d'Anjouan, les Comores ayant refusé lundi l'accostage d'un navire transportant une soixantaine de personnes. Selon le préfet, il y avait notamment parmi ces passagers des "gens qui rentraient aux Comores parce qu'ils étaient en situation illégale".
Le ministre comorien de l'Intérieur, Fakridine Mahamoud, avait assuré lundi à l'AFP à Moroni: "tant que la partie française décidera de faire des choses de façon unilatérale, nous prendrons nos responsabilités". "Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne", a-t-il assuré.
Le préfet de Mayotte a dit espérer que la situation se résoudrait par "le dialogue". "On a des intérêts communs avec les Comores, qui sont en particulier la sauvegarde de la vie humaine en mer et le contrôle de l'immigration clandestine", a-t-il plaidé.
Quelque 1.800 policiers et gendarmes, dont des centaines de renforts de métropole, sont exceptionnellement mobilisés à Mayotte pour cette opération controversée baptisée Wuambushu ("reprise" en mahorais), à laquelle le gouvernement n'a pas officiellement donné de date de lancement ni de fin.
La France prévoit de déloger des migrants en situation irrégulière des bidonvilles de Mayotte, 101e département français, et d'expulser les sans-papiers -pour la plupart Comoriens- vers Anjouan, l'île comorienne la plus proche située à 70 km.
"L'objectif, c'est (qu'il n'y ait) plus de bidonvilles à Mayotte", a insisté M. Suquet, estimant que ceux-ci sont "dangereux pour les gens qui y vivent et pour leur santé".
Le préfet s'exprimait à Tsoundzou, théâtre depuis dimanche d'affrontements entre jeunes des bidonvilles et forces de l'ordre.
Derniers préparatifs
Dans les bidonvilles menacés de destructions, habitants et représentants de l'Etat se préparaient à la première opération d'expulsion, prévue mardi à 06H00 (03H00 GMT).
A Koungou, village du nord de l'île de 40 km de long, 85 familles sont sous le coup d'une expulsion dans le quartier de "Talus 2", enchevêtrement de tôles bleues et grises, accroché à une colline, où plus d'une centaine de familles vivent dans des conditions précaires.
Des marquages ont été apposés sur 20 habitations qui seront épargnées, a expliqué à l'AFP Psylvia Dewas, coordinatrice des opérations de décasage, tandis que les futurs expulsés sont invités par les associations à venir organiser leurs hébergements d'urgence, mis à disposition pour une durée de 21 jours.
"Je dormirai dehors, quelque part sur une terrasse si quelqu'un veut bien, si personne ne veut et bien je ne sais pas, je prendrai ma natte pour m'installer sur la route et dormir", a dit à l'AFP l'une des habitantes, Mariam Ali M'Hadji, 53 ans, en attente d'être prise en charge par les associations.
Les deux députés de Mayotte, Estelle Youssouffa (Liot) et Mansour Kamardine (LR), ont apporté leur "soutien" à l'opération controversée, Mme Youssouffa voyant dans les bidonvilles des "foyers d'insécurité, de violence, qui abritent les trafiquants et les gangs".
A l'inverse, l'association Droit au logement (DAL) a appelé dimanche à stopper cette opération "brutale" et "anti-pauvres" et le collectif "Uni-e-s contre une immigration jetable" (UCIJ-2023), qui réunit 400 associations et syndicats, a dit lundi craindre "des violences et atteintes au droit".
De nombreux migrants africains, surtout comoriens, tentent chaque année de rallier clandestinement Mayotte. Ces traversées hasardeuses prennent souvent une tournure dramatique avec des naufrages de "kwassa kwassa", petites embarcations de pêche à moteur utilisées par les passeurs.
Faisant géographiquement partie de l'archipel comorien, Mayotte s'est séparée des Comores en 1974, suite à un référendum où les trois autres îles ont choisi l'indépendance. Elle est devenue département français en 2011, les Comores refusant toujours d'y reconnaître la souveraineté de la France.
En 2019, Moroni s'était engagé à "coopérer" avec Paris sur l'immigration, en échange d'une aide au développement de 150 millions d'euros sur trois ans.