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Matalab : mutualiser les moyens pour aller plus loin


TAHITI, le 20 août 2020 - Ils sont six, dont Manuarii Poulain et Raitini Rey, à porter Matalab. L’objectif ? Mettre en commun des moyens techniques, humains, intellectuels, technologiques pour trouver des solutions aux problématiques actuelles dans le secteur de l’agriculture, du maritime et de l’énergie.

Un nouveau projet est né. Il s’appelle Matalab. C’est un projet qui consiste en un atelier collaboratif.

Matalab regroupe six entreprises, ou plutôt six fondateurs d’entreprises, dont Manuarii Poulain (voir encadré) et Raitini Rey (voir encadré). Ces six entrepreneurs mutualisent leurs compétences et expériences ainsi que leurs moyens humains, techniques, intellectuels pour trouver des solutions à des problématiques actuelles.

Ils mettent en commun leurs questions et y répondent. Ils sont dans une démarche "d’open source", c’est-à-dire de partage des savoirs. La production a tout va, sur la base de ressources et d’énergies non durables, ne fait plus sens pour eux.

Ils sont convaincus de pouvoir, grâce à l’innovation, faire évoluer les systèmes. Et pour cela, ils ne comptent pas sur l’extérieur.

Manuarii Poulain précise "Matalab est la continuité de Ensemble on va plus loin !". Le second reprend l’essence du premier mais s’ajuste pour pouvoir durer dans le temps.

Les recherches, tests et expérimentations vont se faire dans trois secteurs : l’agriculture, le maritime et l’énergie.

Dans l’agriculture, cela a déjà bien avancé. Un prototype de station aquaponique est en cours d’essai. Il sera commercialisé sous peu, prêt à l’emploi. C’est un format cubique d’environ 1m 80 pour l’instant mais il pourrait être réduit.

Il dispose de plusieurs cuves et bacs et est doté de systèmes de contrôle intelligents pour accompagner le producteur (un professionnel ou un privé) dans son activité. Des pièces sont d’ores et déjà disponibles comme des boules de marcottage ou des générateurs de bulles.

En parallèle, les premiers tests de matériaux à base de fibres de purau ou bien de fibres de coco vont démarrer. Ces travaux, initiés par Manuarii Poulain dans le cadre de sa société, serviront au développement de la station aquaponique.

S’ils s’avèrent convaincants, pourquoi ne pas imaginer la fabrication d’objets comme par exemple une planche de surf en matériaux compostables ?

Dans le secteur du maritime, il est question de mettre au point un système aérien de récupération de données en direct : températures, état de la ressource … Lequel pourrait couvrir l’ensemble du territoire maritime polynésien en le survolant.

Dans le secteur de l’énergie, les efforts se concentreront sur la mise au point de systèmes de stockage performants.

Matalab ne manque pas de pistes de recherches et de développement. Toutefois, ses fondateurs restent ouverts à toutes sollicitations extérieures. "N’importe qui, voulant prototyper une idée, peut venir nous voir."

Poulain, co-fondateur de 17SUD Composites

Les matériaux composites sont, dans la plupart des cas, constitués de résines dérivées du pétrole. Ils sont renforcés par des fibres de verre ou de carbone. Un peu comme le béton armé qui se compose de béton coulé autour d’une structure métallique.

Ils existent dans l’industrie depuis une quarantaine d’années. Ils ont connu un essor conséquent ces dix dernières années avec des applications toujours plus poussées. "On les retrouve notamment dans l’aéronautique", précise Manuarii Poulain qui a travaillé chez Airbus.
La performance des matériaux composites n’est plus à démontrer. Mais, après quarante années d’exploitation, se pose la question de leur traitement car ils arrivent en fin de vie.

Dans ce contexte, pour doter la Polynésie de matériaux performants et pour anticiper la gestion de déchets, Manuarii Poulain a co-fondé 17SUD Composites.

Né à Tahiti en 1994, il a suivi un DUT à Nantes en Sciences et génie des matériaux. Sa licence professionnelle Industrie et matériaux composites en poche, il a démarré comme apprenti chez Airbus en 2014. Il est resté quelques temps avant de vouloir prendre son envol. "Je ne m’y épanouissais pas", résume-t-il.

Pendant un an et demi, il a navigué sur Trésor de Tahiti avant de rentrer au fenua. "Je voulais continuer dans la voile sportive mais, pour raisons personnelles, j’ai arrêté et suis entré dans une boîte en lien avec mes diplômes et formations."

Son expérience a tourné court, elle n’a pas été à la hauteur de ses attentes. "Je crois que notre génération a une vraie conscience environnementale et sociale. On a baigné dedans. Aujourd’hui, on ne peut pas monter une boîte sans considérer l’impact que cette boîte aura." Avec 17SUD Composites, il a joint les gestes à la parole.

Après une année d’existence, 17SUD Composites a dû faire face à de nouvelles problématiques en lien avec le confinement.
Aussi, aujourd’hui, Manuarii Poulain souhaite-t-il mettre l’accent sur le bio-sourcing. Il est à la recherche de ressources locales pour poursuivre son aventure.


Raitini Rey, fondateur de Matarai

Fils d’un contrôleur aérien et d’une adjointe au chef d’escale d’Air Tahiti, Raitini Rey vit depuis toujours connecté au monde de l’avion et de l’aéronautique. Très tôt il s’est pris de passion pour le modélisme. Hélicoptère, voiture, bateau, avion… tous les jouets télécommandés l’occupaient des jours durant.

Il a suivi des études au centre de formation Air France au château Amaury de la Grande (France) puis est rentré au fenua où il a exercé le métier de pilote de ligne. Il est retourné assez rapidement à ses premières amours, à savoir le modélisme. Il s’est focalisé sur les avions télécommandés auxquels il a ajouté une petite caméra. Les images rapportées de ses excursions volantes l’ont séduit et ont trouvé un public fidèle. D’où le lancement de Matarai avec un groupe d’amis.

Matarai a fabriqué des objets volants toujours plus performants pour rapporter des images toujours plus belles. Pour ça, Raitini Rey s’est équipé d’imprimantes 3D, a tissé un réseau de connaissances en lien avec sa passion, s’est intéressé à des logiciels variés, a développé une multitude de compétences pour rendre possible l’impossible.

Matarai est une entreprise leader dans son secteur, à savoir les travaux aériens en drone. Elle réalise depuis 2012 de la photographie et des vidéos, effectue de l’épandage de précision contre des espèces menaçantes, assure du transport et largage de charges…


Ensemble on va plus loin !

Pendant le confinement, environ 35 personnes (informaticiens, programmeurs, codeurs, ingénieurs, comptables, réparateurs d’imprimante…) de Tahiti et Moorea ont mis au service de la communauté leur énergie, leur temps, leurs compétences. Ils ont lancé la fabrication et la distribution de visières de protection pour les femmes et les hommes en première ligne : les personnels soignants, pompiers, forces de l’ordre mais aussi les agents de mairie, de l’OPT, les salariés de magasins alimentaires.

Lorsque le virus est arrivé sur le territoire, Raitini Rey a cherché à se procurer des masques. Il a rapidement constaté le manque de moyen pour se protéger lui, ses proches, ses collègues. Équipé d’imprimantes 3D, il a cherché à fabriquer lui-même des masques. Ses premières créations n’avaient pas la prétention de rivaliser avec des masques de protection respiratoire individuelle type FFP2. "Mais au moins, elles permettaient de réduire la propagation du virus." Après quelques recherches et tests, il a opté pour la fabrication de visières.

Au tout début du confinement, Raitini Rey a posté sur Facebook des photographies de ses premières créations. Ses clichés ont été immédiatement partagés des centaines de fois. Il a lancé un appel à d’autres propriétaires d’imprimantes 3D, à des découpeurs lasers, à des fournisseurs de matière première pour augmenter la production. Un groupe de "makers" s’est constitué. "L’idée n’est pas d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit mais de travailler main dans la main, chacun à son rythme et avec ses moyens."

Une première communication a fait le buzz. "C’était ingérable. Je recevais une centaine de SMS quasiment simultanément, mon Messenger a explosé à tel point que je ne pouvais plus répondre aux messages, ça allait trop vite." Un ami codeur, Teremu Maro, lui a porté secours. En trois jours, il a mis en place une plateforme pour centraliser tous les éléments liés au projet. Toute une organisation s’est montée en un temps record pour faciliter la communication, la gestion et la distribution. Des milliers de commandes ont été enregistrées. C’est ainsi que le projet Ensemble, on va plus loin s’est mis en place.

Site internet Ensemble on va plus loin !

Contacts

FB : Matalab
Tel. : 87 78 77 44
Mail : [email protected]

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 20 Août 2020 à 10:20 | Lu 2224 fois