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Master Robot : future Hawaiki Nui de la robotique


Tahiti, le 14 août 2020 - Les candidats construisent des robots pour apprendre à coder. Ils s'affrontent ensuite en battle par équipes de trois dans des missions de sauvetage. Pour sa troisième édition, la compétition Master Robot portée par l'école de programmation Algora veut aller chercher des sélections dans les îles pour une grande finale à Tahiti.

Nul besoin d'être un geek pour prétendre à Master Robot. "C'est un jeu de programmation qui fait appel à la logique, c'est accessible à tous les novices, petits ou grands. Preuve que ce n'est pas compliqué, les plus jeunes ont 6 ans" assure Olivier Gueirard. Directeur de l'école Algora, il organise à Tahiti depuis deux ans la fameuse compétition de robotique qui permet aux enfants de s'initier à la programmation : un "jeu d'enfants", et la compétition, un facteur de motivation clé. "Ils rentrent tout de suite dedans et ils vont jusqu'au bout" résume Olivier. Les lego Artec (briques japonaises multidirectionnelles) suffisent d'ailleurs à les appâter. La mise en pratique est ensuite quasi immédiate. Par équipe de trois, ils doivent construire une gamme de robots, selon trois niveaux de difficulté. Le premier consiste à allumer un feu tricolore. Le second, à contrôler une voiture à double moteur. Et le troisième, à manipuler un robot démineur équipé d'une pince mécanique.

"On n'est pas dans le codage pur et dur"
 
A eux ensuite d'écrire la programmation sur Scratch (logiciel de l'éducation nationale). "On n'est pas dans le codage pur et dur qui consiste à faire de l'écriture détaillée, rassure Olivier. Ils doivent surtout choisir des blocs préprogrammés. Mais il y a quand même des valeurs à donner." Quel moteur choisir pour la première action ? Quelle puissance lui donner, dans quelle direction et à quel moment pour que la machine atteigne sa cible ?
 
Chaque réponse forme finalement une histoire, un script. La réaction de l'engin permettant de matérialiser le code. "Si on fait une erreur dans le codage, ça se voit sur le robot, explicite le directeur. Petit à petit ils se corrigent, et affinent leur programme pour accomplir leur mission. Cela les oblige à collaborer entre eux, à structurer leur pensée, à se concentrer.
Fraîchement labellisé "French Tech Polynésie", le concept trouve tout naturellement sa place au concours Tech4Islands, dans la catégorie de "l’inclusion numérique des sociétés insulaires". Les îles justement, c'est la cible de la prochaine édition.

Plateforme de e-learning
 
"Jusqu'à présent, nous avons fait des sélections dans les quartiers et les communes, l'idée cette fois c'est que chaque archipel soit représenté lors d'une grande finale à Tahiti pour avoir l'équivalent d'un inter-ville, ou d'un Hawaiki Nui de la robotique, ambitionne Olivier. La fibre est arrivée dans les archipels, mais si on ne donne pas aux jeunes l'occasion de se former en restant sur leurs îles, ils resteront de simples consommateurs."
 
A cet effet, le directeur a créé une plateforme de e-learning qui reproduit le cours en ligne. Mais l'école Algora cherche idéalement à venir à la rencontre des enfants des îles. Reste à trouver des sponsors, la crise sanitaire ayant contraint le directeur à réduire la voilure. "Ce qu'on fait pour l'instant, on le fait sur fonds propres, une victoire au concours nous permettrait d'atteindre les îles justifie Olivier. Et là on est dans le thème, on fait de l'inclusion dans les îles. Sinon autant parler de Tech4Tahiti.
 

Le développement web, un secteur d'avenir

Même si la compétition n'a pas vocation à produire des développeurs web, Olivier Gueirard, le directeur de l'école Algora déplore le manque d'intérêt en Polynésie pour un secteur en plein essor. Les développeurs web figurent pourtant au rang des profils les plus recherchés sur le marché de l'emploi en France. "Partout en Europe ou aux Etats-Unis, on intègre le codage dans les programmes scolaires, ici ça commence tout doucement, mais on est loin derrière, c'est pour ça qu'au travers de la compétition on essaye de proposer le cursus éducation à un public plus large" reconnaît Olivier. Le directeur vise en l'occurrence l'éducation nationale et la possibilité de faire des ateliers dans les écoles. Mais la route sera longue. La Direction générale de l'éducation et des enseignements (DGEE) ne semble pas répondre à ses appels du pied.
 

Infos pratiques

Si les stages d'initiation sont gratuits en compétition, l'école Algora propose des stages plus poussés. Pour les 6 à 9 ans, le cursus est divisé en trois parties : puzzles 3D, robotique et programmation de robots. Les 10 à 14 ans vont plus loin dans le perfectionnement. Chaque leçon est associée à une mission de programmation créative.
www.algora-tahiti.fr 

Rédigé par Esther Cunéo le Vendredi 14 Août 2020 à 10:33 | Lu 1756 fois