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Maison close à Tipaerui : on se bousculait chez la mère maquerelle


Le propriétaire (à g.) de l'appartement loué à la madame Claude locale a lui aussi été condamné. Bien qu'il s'en soit défendu à l'audience, les juges ont estimé sur les bases de l'enquête qu'il ne pouvait ignorer les activités de sa locataire.
Le propriétaire (à g.) de l'appartement loué à la madame Claude locale a lui aussi été condamné. Bien qu'il s'en soit défendu à l'audience, les juges ont estimé sur les bases de l'enquête qu'il ne pouvait ignorer les activités de sa locataire.
PAPEETE, le 1er septembre - Six jeunes femmes de 18 à 22 ans ont travaillé pour cette femme de 59 ans pendant un an. Les clients : des hommes de 30 à 70 ans, mariés pour la plupart. La masseuse professionnelle qui se prenait pour madame Claude, dans un appartement qu'elle louait à la périphérie de Papeete, a écopé ce mardi de 18 mois de prison avec sursis.


Une femme proxénète de 59 ans a été condamnée ce mardi par le tribunal correctionnel à 18 mois de prison avec sursis pour avoir secrètement tenu, entre septembre 2012 et octobre 2013, une véritable maison close dans un logement qu'elle louait dans la vallée de Tipaerui. Elle ne s'est pas présentée à l'audience.

Officiellement, Anna, masseuse diplômée, tenait un salon traditionnel. Au début en tout cas. Jusqu'à cette rencontre avec une consœur passée du côté obscur du bien-être qui lui vante l'argent facile. Des massages "érotiques". Et plus si affinités. En quelques mois l'activité évolue et Anna s'attache la collaboration régulière de 5 à 6 prostituées. De jolies jeunes filles triées sur le volet, âgées de 18 à 22 ans maximum. Les vahine étaient traitées avec un certain égard par la mère maquerelle.

Des sanitaires avaient été mis à leur disposition pour la toilette, obligatoire avant de recevoir le client qu'elles devaient attendre sur le lit, dans le respect d'un cérémonial bien précis élaboré par madame Anna elle-même. Les filles qui avaient aussi la possibilité de jeter un œil discret à l'arrivée du client, et de refuser la passe si l'homme n'était pas à leur goût. "Où une connaissance…" précise la présidente du tribunal Denise Lacroix.

4 000 appels téléphoniques en 1 an

Le commerce sexuel de madame Anna était très lucratif. Les enquêteurs, quand ils se sont saisis de l'affaire, ont recensé près de 4 000 appels téléphoniques. "C'est considérable ! Des hommes âgés de 30 à 70 ans, pour la plupart mariés", relève la magistrate. Les affaires marchaient bien pour la mère maquerelle.

Les passes étaient facturées entre 10 000 et 15 000 francs fonction des prestations demandées. La moitié pour elle, la moitié pour la fille. S'il se murmure que la proxénète gonflait l'addition en douce auprès des clients pour augmenter sa marge, Anna parvenait ainsi à dégager chaque mois autour de 1 million de francs.

Un ballet incessant d'hommes seuls

L'affaire avait été portée à la connaissance des forces de l'ordre suite au ballet incessant d'hommes seuls observés en bas de l'immeuble. "Des hommes qui arrivaient et repartaient tous au bout de trente minutes environ" détaille la présidente. Autorisation de perquisitionner en poche, les gendarmes avaient surpris une fille et son client en plein ébat.

Absente à l'audience, hier, pour répondre aux questions des juges, Anna a échappé à un mandat d'arrêt requis par le parquet mais non suivi par le tribunal.
Le propriétaire du logement qu'elle louait, présent à la barre, a lui aussi été reconnu coupable de proxénétisme. Il écope de 6 mois de prison avec sursis bien qu'il ait juré ne rien connaître des activités de sa locataire. La présidente lui a alors rappelé ses déclarations pendant l'enquête, quand il avait indiqué avoir parfois fermé les yeux sur le loyer en échange de quelques… services.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 1 Septembre 2015 à 22:50 | Lu 16401 fois