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Mahina, le jour d'après


Si le plus gros a été fait, il reste encore beaucoup à faire pour les sinistrés.
Si le plus gros a été fait, il reste encore beaucoup à faire pour les sinistrés.
Tahiti, le 13 février 2024 – Au lendemain des fortes précipitations qui ont particulièrement touché la côte est de Tahiti, l'heure n'est pas encore au bilan. À Mahina, dans les quartiers Amoe et Tuauru, habitants et agents communaux sont encore à l'œuvre afin de nettoyer et sécuriser ce qui peut l'être. À la mairie, la cellule de crise reste en alerte.
 
Les images ont fait le tour des réseaux sociaux, ce lundi, alors que des pluies diluviennes s'abattaient sur l'ensemble de l'île de Tahiti, les quartiers de Amoe et Tuauru à Mahina ont été victimes de crues soudaines et violentes. Et au lendemain des intempéries, le paysage est profondément marqué : des berges sont effondrées, des murs sont détruits, et sur les maisons la trace du niveau de l'eau en souvenir d'un cauchemar de plusieurs heures : “Dès 7h30, de gros troncs d'arbre sont venus bloquer l'écoulement de la rivière au niveau du pont à quelques mètres de chez nous” se souvient Teaveura Faua, habitant du quartier Amoe. “Et avec les pluies incessantes, il n'a fallu que de quelques minutes pour que la rivière sorte de son lit. C'est allé très vite.”
 
Et pour cause : le mur séparant la maison familiale de la rivière est parti en éclat. Juste derrière, la voiture de l'oncle a été projetée jusque dans la servitude pour ensuite être entraînée par les eaux 50 mètres plus bas. La première d'une longue série, puisque petit à petit les maisons voisines ont connu le même sort. “Les voitures accidentées obstruaient déjà le passage de l'eau dans la servitude, puis d'autres troncs d'arbre sont venus empirer la situation et c'est pourquoi le niveau de l'eau est très vite monté, notamment dans les maisons”, estime Teaveura, en peine devant le spectacle laissé au lendemain de ces intempéries. “Il suffit de regarder les murs. Par endroit, l'eau est montée jusqu'à 1m50. Nous avons tout perdu !” Mais outre les pertes matérielles, les habitants du quartier prennent également le temps de relativiser. Les dégâts auraient pu être pires : “Ma tatie, la voisine, était coincée dans sa maison lorsque le niveau de l'eau est monté. Heureusement, un mur a cédé et c'est comme ça que l'eau est sortie. On a frôlé le drame. Et puis notre grand soulagement, c'est que les enfants étaient à l'école à ce moment-là, sains et saufs.”
 
Un fort élan de solidarité
 
Face à cette crise, les habitants du quartier de Amoe ont pu bénéficier d'une aide massive et rapide : “Dès que la famille a su ce qui se passait, ils sont tout de suite venus”, témoigne encore Teaveura, ému. “Nous tenons vraiment à remercier le voisinage, du quartier bien sûr, mais également des résidences plus haut, des alentours également. Il faut savoir qu'hier [lundi], l'eau était coupée, nous n'avions plus d'eau et toutes ces personnes nous ont aidé. Des casse-croûtes nous ont été offerts par l'Église protestante. Les membres de l'Église de Jésus Chris des saints des derniers jours sont venus également nous aider. Ils ont ramassé notre linge pour le nettoyer alors que nous étions prêts à tout jeter.”
 
Et le nombre de bienfaiteurs s'est très vite gonflé au cours de la journée, chacun apportant avec lui son lot d'outils et de savoir-faire. En effet, pelles, balais raclettes, ou encore tronçonneuses ont défilé entre les mains des bénévoles : “Les gens ont vu que nous étions limités en termes d'outils et certains n'ont pas hésité à laisser les leurs pour que nous puissions travailler convenablement”, affirme Teaveura, reconnaissant, notamment envers la commune et les militaires appelés pour l'occasion : “Ils nous ont vraiment aidé sur le gros du travail. Il fallait tronçonner et déplacer d'énormes troncs d'arbre, désengorger la servitude etc. Ils ont été d'une aide précieuse.” Et les habitants de la commune de Mahina pourront encore compter sur les agents communaux, si besoin, durant les jours à venir, a assuré le maire, Damas Teuira, qui n'exclut pas un retour des intempéries durant les jours et semaines à venir.

Le niveau de l'eau est monté bien haut du côté du quartier de Amoe, comme l'indique ici Teaveura Faua, résident du quartier.
Le niveau de l'eau est monté bien haut du côté du quartier de Amoe, comme l'indique ici Teaveura Faua, résident du quartier.

(Crédit photo : Ville de Mahina)
(Crédit photo : Ville de Mahina)
“La cellule de crise de la ville de Mahina reste sur le qui-vive”
 
Damas Teuira,
maire de Mahina
 
“La cellule de crise de Mahina a dépêché les moyens de la commune, mais également des moyens privés, afin de venir en aide le plus rapidement possible aux quartiers victimes des intempéries. Nous avons fait ce qui devait être fait, c'est-à-dire que nous avons désengorgé les cours d'eau, mais cela n'a pas empêché, hélas, certaines familles de tout perdre. Heureusement, il y a eu une cascade d'interventions par la suite, un élan de solidarité important, puisque l'on compte plus d'une quarantaine d'appels pour tout ce qui est dons ou aides diverses.
 
Dans le quartier de la Tuauru, une dizaine de personnes ont accepté de suivre les recommandations de la mairie et d'être relogées au centre d'hébergement de la salle Matavai, mis à la disposition par la paroisse de Mahina que l'on remercie. Au niveau du quartier Tirao, là aussi nous avons dépêché une drague afin d'assurer la circulation des voitures, jusque-là impossible en raison d'une déformation de la chaussée. Pour ce qui est de la plaine, la Pointe Vénus donc, nous avons également dégagé les exutoires ensablés par les récentes houles.
 
Avec des représentants du gouvernement et de l'État, nous nous sommes rendus sur des sites sensibles de la commune de Mahina pour qu'ils puissent se rendre compte de l'ampleur du problème. Une réunion de concertation avec la Direction des solidarités, de la famille et de l'égalité a également été organisée, et des agents doivent désormais parcourir les quartiers afin de recenser les familles qui ont tout perdu.
 
Je tiens à remercier toutes les équipes de la commune de Mahina, qui ont accompagné et qui continuent d'accompagner toutes ces familles en grande difficulté. Aujourd'hui, la cellule de crise de la ville de Mahina reste sur le qui-vive.”

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 13 Février 2024 à 17:34 | Lu 2730 fois