Paris, France | AFP | lundi 17/04/2023 - Emmanuel Macron s'est donné lundi, dans une allocution télévisée, "cent jours" pour agir "au service de la France", et relancer ainsi son second quinquennat englué dans la crise provoquée par sa réforme des retraites.
Depuis son bureau de l'Elysée, où il a passé l'essentiel de son temps dans une posture de retrait pendant ces trois mois de conflit social et politique, le chef de l'Etat s'est adressé pendant 13 minutes aux Français qui rejettent massivement la retraite à 64 ans, désormais inscrite dans une loi qu'il a promulguée au début du week-end malgré les protestations des syndicats.
La réforme contestée était "nécessaire", a-t-il plaidé, en disant "regretter" qu'elle n'ait pas été "acceptée" et qu'un "consensus" n'ait "pas pu être trouvé".
Assis à son bureau devant une fenêtre donnant sur les jardins, il a aussi assuré entendre la "colère" des Français. "Personne ne peut rester sourd à cette revendication de justice sociale et de rénovation de notre vie démocratique", a-t-il affirmé.
Au moment même de cette allocution solennelle et sans contradicteurs, des concerts de casseroles ont été organisés devant de nombreuses mairies et préfectures, rassemblant plusieurs milliers de personnes.
"Feuille de route"
Mais le président de la République, déterminé à reprendre l'initiative depuis que sa loi a été globalement validée vendredi par le Conseil constitutionnel, a surtout dressé sa "feuille de route" pour la suite que sa Première ministre devra détailler "dès la semaine prochaine". Alors qu'elle apparaissait menacée depuis un mois, Elisabeth Borne obtient ainsi un sursis de trois mois.
Aucun remaniement n'est prévu dans l'immédiat, selon plusieurs sources du camp présidentiel.
"Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France", a clamé Emmanuel Macron, donnant rendez-vous "le 14 juillet prochain" pour "faire un premier bilan".
Pendant cette période, il a fixé trois chantiers, à commencer par la construction, avec les partenaires sociaux, d'un "nouveau pacte de la vie au travail" dont les contours restent à définir.
Mais le dialogue social s'annonce semé d'embûches.
Le Medef et la Confédération des PME ont prévu d'aller mardi à 11H00 à une rencontre à l'Elysée avec Emmanuel Macron, maintenue alors même qu'elle est boudée par l'intersyndicale qui réclame un "délai de décence".
"La porte sera toujours ouverte", a-t-il lancé aux syndicats.
"On ne peut pas passer l'éponge", avait lancé lundi matin le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui a regretté après l'intervention présidentielle qu'il n'y ait eu "rien de concret".
L'intersyndicale mise sur une démonstration de force lors du 1er-Mai, après quoi la CFDT pourrait toutefois revenir à la table des négociations pour évoquer ces autres problématiques autour du travail.
Le deuxième chantier porte sur la justice et "l'ordre républicain", avec "des annonces fortes dès le mois de mai" contre la délinquance et les fraudes sociales et fiscales. Emmanuel Macron a aussi promis de "renforcer le contrôle de l'immigration illégale", semblant relancer ce projet qui semblait mis sur pause.
Enfin, troisième chantier: "le progrès pour mieux vivre".
Au menu, l'éducation, qui doit "renouer avec l'ambition d'être l'une des meilleures d'Europe", et la santé, avec l'engagement de "désengorger" tous les services d'urgence d'ici fin 2024.
"Hors de la réalité"
Dès les prochains jours, le président devrait ressortir de l'Elysée pour "échanger avec les Français", selon son entourage. Un ou deux déplacements sont prévus en province dès mercredi ou jeudi pour parler notamment d'éducation.
Hormis au Salon de l'agriculture fin février, le chef de l'Etat s'est tenu à l'écart des bains de foule depuis le début de l'année. Pourra-t-il renouer ce contact, alors que ses derniers déplacements ont été chahutés par des manifestants?
"Je demande que Macron passe plus de temps sur le terrain", y compris "à portée de baffes", plaide un ministre.
De son côté, Brigitte Macron, en déplacement dans le Val-d'Oise, a assuré que le couple présidentiel, malgré les contestations et une "période compliquée pour les Français", n'était pas "isolé".
Retisser le lien restera difficile. La popularité présidentielle est au plus bas depuis la crise des "gilets jaunes" fin 2018, et dans son camp, on espère qu'il parviendra encore une fois à rebondir.
"Le président est très, très impopulaire. Il y a beaucoup d'animosité à son égard", soupire un député de son propre parti, Renaissance.
Relancer la machine sera d'autant plus complexe que l'exécutif ressort affaibli de la séquence.
Comment continuer à réformer, sans majorité absolue à l'Assemblée nationale? Emmanuel Macron avait confié en mars à Elisabeth Borne la mission d'élargir la majorité relative, mais la cheffe du gouvernement n'y est pas parvenue.
Lundi soir, il a éludé la question, évoquant des "coalitions et alliances nouvelles" aux contours encore vagues.
Sans surprise, les oppositions ont aussitôt critiqué le discours présidentiel.
A l'extrême droite, Marine Le Pen a dénoncé une "pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir" après cette allocution qui annonce selon elle "la poursuite d'un quinquennat de mépris, d’indifférence et de brutalité". "Complètement hors de la réalité", a aussi estimé à gauche Jean-Luc Mélenchon, tandis que le patron du parti Les Républicains a déploré un "catalogue de voeux pieux" sans "remise en cause".
Depuis son bureau de l'Elysée, où il a passé l'essentiel de son temps dans une posture de retrait pendant ces trois mois de conflit social et politique, le chef de l'Etat s'est adressé pendant 13 minutes aux Français qui rejettent massivement la retraite à 64 ans, désormais inscrite dans une loi qu'il a promulguée au début du week-end malgré les protestations des syndicats.
La réforme contestée était "nécessaire", a-t-il plaidé, en disant "regretter" qu'elle n'ait pas été "acceptée" et qu'un "consensus" n'ait "pas pu être trouvé".
Assis à son bureau devant une fenêtre donnant sur les jardins, il a aussi assuré entendre la "colère" des Français. "Personne ne peut rester sourd à cette revendication de justice sociale et de rénovation de notre vie démocratique", a-t-il affirmé.
Au moment même de cette allocution solennelle et sans contradicteurs, des concerts de casseroles ont été organisés devant de nombreuses mairies et préfectures, rassemblant plusieurs milliers de personnes.
"Feuille de route"
Mais le président de la République, déterminé à reprendre l'initiative depuis que sa loi a été globalement validée vendredi par le Conseil constitutionnel, a surtout dressé sa "feuille de route" pour la suite que sa Première ministre devra détailler "dès la semaine prochaine". Alors qu'elle apparaissait menacée depuis un mois, Elisabeth Borne obtient ainsi un sursis de trois mois.
Aucun remaniement n'est prévu dans l'immédiat, selon plusieurs sources du camp présidentiel.
"Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France", a clamé Emmanuel Macron, donnant rendez-vous "le 14 juillet prochain" pour "faire un premier bilan".
Pendant cette période, il a fixé trois chantiers, à commencer par la construction, avec les partenaires sociaux, d'un "nouveau pacte de la vie au travail" dont les contours restent à définir.
Mais le dialogue social s'annonce semé d'embûches.
Le Medef et la Confédération des PME ont prévu d'aller mardi à 11H00 à une rencontre à l'Elysée avec Emmanuel Macron, maintenue alors même qu'elle est boudée par l'intersyndicale qui réclame un "délai de décence".
"La porte sera toujours ouverte", a-t-il lancé aux syndicats.
"On ne peut pas passer l'éponge", avait lancé lundi matin le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui a regretté après l'intervention présidentielle qu'il n'y ait eu "rien de concret".
L'intersyndicale mise sur une démonstration de force lors du 1er-Mai, après quoi la CFDT pourrait toutefois revenir à la table des négociations pour évoquer ces autres problématiques autour du travail.
Le deuxième chantier porte sur la justice et "l'ordre républicain", avec "des annonces fortes dès le mois de mai" contre la délinquance et les fraudes sociales et fiscales. Emmanuel Macron a aussi promis de "renforcer le contrôle de l'immigration illégale", semblant relancer ce projet qui semblait mis sur pause.
Enfin, troisième chantier: "le progrès pour mieux vivre".
Au menu, l'éducation, qui doit "renouer avec l'ambition d'être l'une des meilleures d'Europe", et la santé, avec l'engagement de "désengorger" tous les services d'urgence d'ici fin 2024.
"Hors de la réalité"
Dès les prochains jours, le président devrait ressortir de l'Elysée pour "échanger avec les Français", selon son entourage. Un ou deux déplacements sont prévus en province dès mercredi ou jeudi pour parler notamment d'éducation.
Hormis au Salon de l'agriculture fin février, le chef de l'Etat s'est tenu à l'écart des bains de foule depuis le début de l'année. Pourra-t-il renouer ce contact, alors que ses derniers déplacements ont été chahutés par des manifestants?
"Je demande que Macron passe plus de temps sur le terrain", y compris "à portée de baffes", plaide un ministre.
De son côté, Brigitte Macron, en déplacement dans le Val-d'Oise, a assuré que le couple présidentiel, malgré les contestations et une "période compliquée pour les Français", n'était pas "isolé".
Retisser le lien restera difficile. La popularité présidentielle est au plus bas depuis la crise des "gilets jaunes" fin 2018, et dans son camp, on espère qu'il parviendra encore une fois à rebondir.
"Le président est très, très impopulaire. Il y a beaucoup d'animosité à son égard", soupire un député de son propre parti, Renaissance.
Relancer la machine sera d'autant plus complexe que l'exécutif ressort affaibli de la séquence.
Comment continuer à réformer, sans majorité absolue à l'Assemblée nationale? Emmanuel Macron avait confié en mars à Elisabeth Borne la mission d'élargir la majorité relative, mais la cheffe du gouvernement n'y est pas parvenue.
Lundi soir, il a éludé la question, évoquant des "coalitions et alliances nouvelles" aux contours encore vagues.
Sans surprise, les oppositions ont aussitôt critiqué le discours présidentiel.
A l'extrême droite, Marine Le Pen a dénoncé une "pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir" après cette allocution qui annonce selon elle "la poursuite d'un quinquennat de mépris, d’indifférence et de brutalité". "Complètement hors de la réalité", a aussi estimé à gauche Jean-Luc Mélenchon, tandis que le patron du parti Les Républicains a déploré un "catalogue de voeux pieux" sans "remise en cause".