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Macron relance l'idée du service national obligatoire


Paris, France | AFP | lundi 20/03/2017 - Emmanuel Macron a annoncé samedi qu'il rétablirait un "service national" obligatoire d'une durée d'un mois, s'il est élu président, reprenant à son compte une idée qui agite la classe politique depuis les attentats de 2015.
"Un service national de durée courte, obligatoire et universel sera instauré", a indiqué le candidat d'En Marche! lors d'un discours de plus d'une heure consacré aux questions de défense. 
"Chaque jeune Français ira ainsi à la rencontre de ses concitoyens, fera l'expérience de la mixité sociale et de la cohésion républicaine durant un mois", a fait valoir Emmanuel Macron, favori des sondages pour la présidentielle.
Le service militaire obligatoire avait été supprimé en 1997 par Jacques Chirac et remplacé par une armée de métier, jugée plus adaptée aux conflits et menaces de l'après Guerre froide.
Un projet de loi sera présenté dès la fin de l'année 2017, a détaillé M. Macron. Les jeunes devront effectuer leur service dans les trois ans suivant leur majorité, a-t-il ajouté.  
Quelque 600.000 jeunes hommes et femmes, encadrés par des militaires ou des gendarmes, acquerront ainsi chaque année "une expérience directe de la vie militaire, de ses savoir-faire et de ses exigences", a souligné Emmanuel Macron.
Cette mesure ne figurait pas jusqu'à présent dans son programme - elle était défendue en revanche par François Bayrou qui a rallié le candidat. A forte portée symbolique, elle a toutes les chances de s'imposer comme un marqueur de la campagne. 
 

- Un projet coûteux -

 
L'idée, relancée après les attentats de 2015 à Paris, est restée jusqu'ici lettre morte en raison de son coût et de la mobilisation qu'elle demanderait à une armée déjà surengagée en France comme à l'étranger.
"Ce projet a bien sur un coût significatif et je l'assumerai. La rencontre des armées de la République et de la jeunesse de France, la cohésion nationale, ce sont des enjeux qui le méritent", a martelé le candidat d'En Marche.
Son coût annuel (logement, transport, frais d'encadrement...) s'élèvera entre deux et trois milliards d'euros par an "en régime de croisière", a-t-il estimé.
Le candidat a assuré que ce budget conséquent - dont il n'a pas précisé le financement - ne serait pas pris sur celui des armées, qu'il a promis de porter à 2% du PIB d'ici 2025 (contre 1,8% actuellement).
Ce service national offrira aussi si nécessaire "un réservoir complémentaire" de la Garde nationale, constituée de réservistes pour participer à la défense du territoire national, a-t-il esquissé.
Il permettra aussi de "détecter les difficultés, notamment l'illettrisme" de jeunes appelés à qui une "mise à niveau scolaire" pourra être proposée, a-t-il dit.
Dans ses contours, la proposition rejoint en partie le service militaire volontaire (SMV), instauré à petite échelle après les attentats de 2015 et qui propose à des jeunes en situation de décrochage une expérience militaire d'un mois suivie d'un volet de formation professionnelle de plusieurs mois.
 

- "Proposition démagogique" -

 
Cette idée de service national tranche avec le reste du programme défense d'Emmanuel Macron, dans la droite ligne de l'action initiée par François Hollande et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian depuis 2012.
Ce dernier, dont l'équipe a conseillé le candidat d'En Marche sur les sujets stratégiques et militaires, n'était d'ailleurs pas a priori favorable au rétablissement du service militaire.
Le ministre prônait plutôt un renforcement du service civique, qui permet à des jeunes de 16 à 25 ans d'effectuer des travaux d'intérêt général ou humanitaire, en France ou à l'étranger.
Parmi les premiers à réagir samedi, le député LR Pierre Lellouche a vivement critiqué "une proposition démagogique de plus", sans "la moindre utilité pour la sécurité du pays".
"Une période de quatre semaines est tout à fait insuffisante pour une instruction militaire digne de ce nom (...) Elle ne répondrait pas davantage aux besoins d’intégration d’une partie de notre jeunesse, une question qui relève d’abord de l’école et de l’accès à l’emploi", a-t-il estimé.

Rédigé par RB le Lundi 20 Mars 2017 à 05:14 | Lu 437 fois