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Macron au Congrès, "l'an II": Jeu de Paume, contre-tweets et flèches décochées


Photo : ludovic MARIN / AFP
Photo : ludovic MARIN / AFP
Versailles, France | AFP | 09/07/2018 - Un serment du Jeu de Paume version communiste, un déjeuner -resserré- sans sujets qui fâchent, des contre-tweets des Insoumis, un long discours dans une chaleur écrasante et une série de réquisitoires: scènes vues de "l'an II" du Congrès d'Emmanuel Macron sous les ors de Versailles.

Après avoir boycotté le Congrès de 2017, les parlementaires PCF ont voulu y porter la "parole populaire". Mais avant, ils ont prêté un serment symbolique anti-"monarchie présidentielle" devant la salle du Jeu de Paume, haut lieu de la Révolution, promettant une "immense bataille" pour un référendum sur la réforme des institutions.

Absents physiquement, les Insoumis se sont exprimés via une pluie de tweets pour dénoncer le propos du chef de l’État, catalogue "saoulant", dixit Jean-Luc Mélenchon. Les élus LFI avaient annoncé en amont "une manifestation numérique" avec le mot dièse #MacronMonarc.
"@EmmanuelMacron à transformé le #CongresVersailles en meeting de campagne. Notre boycott en était d’autant plus justifié", a tweeté ainsi Éric Coquerel, Adrien Quatennens voyant "le début de la fin".

"Jean-Luc Mélenchon a passé l'heure et demie à envoyer des tweets. Il a toute sa place ici, qu'il vienne", a riposté Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement dans les couloirs versaillais.

DÉJEUNER SANS TENSIONS, MAIS AVEC DES ABSENTS

Peu après 13H00, le chef de l'État est arrivé à l'ex-résidence des rois de France pour un déjeuner, salon Louis-Philippe, avec des ténors parlementaires, boycotté par des ténors LR, PS, PCF et LFI. A sa table : Édouard Philippe, le président du Sénat Gérard Larcher (LR), celui de l'Assemblée François de Rugy (LREM) ou encore, côté gouvernement, Christophe Castaner.

"Sympathique et convivial, aucun sujet politique", selon un participant. "Pas de tensions particulières", a renchéri le sénateur centriste Vincent Delahaye, pour qui le président "semblait détendu".

"Il n'y a pas eu de discours, on a bien mangé, comme toujours dans ce type de circonstances", a souri Claude Malhuret (Les Indépendants), évoquant "fraîcheur de tomates de Provence et crabe au basilic, dos de loup de Méditerranée au citron confit, fromages de France, fraises et rhubarbe acidulées et crème légère citronnée".

LONG DISCOURS ET ÉVENTAILS

Venus en cars 100% électriques, les plus de 900 parlementaires conviés ont commencé à affluer vers 14 heures dans l'aile du Midi, sous haute sécurité (chiens renifleurs...). Assis par ordre alphabétique, certains font des selfies, y compris des ministres, mais moins frénétiquement que l'an dernier.
Le gouvernement est en grande partie en tribune. Aux côtés du Premier ministre, Gérard Collomb, Nicole Belloubet et Christophe Castaner et non loin, Gérard Larcher.

A 15h02, François de Rugy ouvre la séance, notant, comme d'autres ensuite, que c'est l'anniversaire du jour où "en 1789, l'Assemblée nationale issue des États généraux s'est reconnue un pouvoir constituant".

Devant un hémicycle avec quelques sièges vacants, le chef de l’État entame son discours de près d'1H30 en assurant n'avoir "rien oublié des peurs et colères".

Face à la chaleur écrasante de cette salle rouge et or, les parlementaires utilisent des éventails de fortune (comme un passeport pour une élue). Entre les salves d'applaudissements de la majorité et des ovations debout, quelques-uns piquent du nez, d'autres prennent des notes. Une rare bronca se fait entendre lorsque le chef de l’État affirme que, pour les pensions de réversion, "rien ne changera pour les retraités d'aujourd'hui".

MACRON PARTI, FLÈCHES DÉCOCHÉES

Après le départ d'Emmanuel Macron, les groupes parlementaires s'expriment dans un hémicycle déjà déserté par certains.

Offensifs, les ténors LR attaquent un président "pas au rendez-vous de ses promesses" (Bruno Retailleau) ou qui n'a "pas vraiment compris que le Parlement n’est pas sa chose" (Christian Jacob).

"Où est votre politique sociale ?", demande Patrick Kanner (PS). Dans les couloirs, le patron du PS Olivier Faure affirme que "les pauvres sont coupables d'être pauvres, les riches continueront à l'être".

Marine Le Pen (RN), elle, raille une "sorte de long séminaire de coach en développement personnel".

Rédigé par Charlotte HILL, AFP le Lundi 9 Juillet 2018 à 15:31 | Lu 324 fois