Paris, France | AFP | mardi 27/02/2024 - D'ici à 2050, "60% des surfaces" dédiées à la production de semences agricoles en France seront soumises à un "fort risque climatique", imposant parfois de changer de culture, selon une étude présentée mardi au Salon de l'agriculture par Axa Climate, filiale de l'assureur, et l'interprofession des semences Semae.
Si l'orge promet d'être moins touchée, car moins sujette au gel, maïs, carottes ou trèfle souffriront durement du manque d'eau dans certaines zones historiques de culture.
"Partout, les agriculteurs devront s'adapter", en avançant le calendrier des semis, en modifiant les rotations des cultures ou même en renonçant à certaines d'entre elles, selon Antoine Denoix, PDG d'Axa Climate.
Cette entreprise, créée en 2018 avec pour "mission unique l'adaptation", a mis au point une plateforme numérique pour évaluer les impacts climatiques, "Altitude Agri", qui croise les modèles du groupe international d'experts pour le climat (Giec) et les données agronomiques, par culture et selon le stade de développement.
"60% des 380.000 hectares actuellement dédiés à la production de semences seront soumis à un risque fort ou extrême d'ici 2050 (contre 27% aujourd'hui)", selon l'étude.
"Sur 10% des surfaces, les producteurs de semences - appelés multiplicateurs - devront trouver d'autres espèces que celles cultivées aujourd'hui", explique Vincent Marchal, directeur du conseil en transition agricole chez Axa Climate.
L'enjeu est immense pour la France, premier producteur européen de semences et premier exportateur mondial.
"Orienter la sélection variétale"
Le premier risque identifié est lié à "la disponibilité en eau" ("54% de la part de risques"), avec des chutes des précipitations dans le Sud-Ouest, déjà très touché, ou en Bretagne.
Le deuxième risque est celui de l'"excès de chaleur". Par exemple, "en juillet dans la Drôme, la température de 37°C sera dépassée tous les 2 ans en 2030, contre une année sur dix aujourd'hui".
Le troisième risque est le gel, qui touchera d'autant plus durement les cultures qu'elles bourgeonneront tôt au sortir d'un hiver doux.
Certains bassins seront plus propices à la culture que d'autres: l'Aude pour le colza, les Côtes-d'Armor pour le tournesol. Le pois chiche méditerranéen va progresser vers le nord, à l'instar des lentilles qui s'invitent en Alsace ou dans les Hauts-de-France.
Cela impose de s'adapter: "Quand on crée une variété de culture, on sait qu'elle va arriver dans les champs 10 à 15 ans plus tard. Pouvoir anticiper permet d'orienter la sélection variétale", souligne Franck Prunus, directeur des services à la filière chez Semae.
C'est "important pour la France, destination de 55% de nos semences", mais disposer d'un modèle l'est "au moins autant" pour "les autres pays", vers lesquels les graines sont exportées, ajoute-t-il.
Avec Axa Climate, qui revendique la place de "leader européen de la formation à la durabilité", l'ambition d'Antoine Denoix était aussi de "faire le lien entre deux mondes qui ne se parlaient pas: les scientifiques et les entreprises". Et l'intérêt du géant Axa ? "Les entreprises resteront assurées si elles sont résilientes, et elles seront résilientes si elles s'adaptent", relève-t-il.
Une dizaine de coopératives ou groupes se sont dotés de la plateforme Altitude Agri, au premier rang desquels le spécialiste des légumes en conserve et surgelés Bonduelle.
"Cela faisait trois-quatre ans qu'on n'arrivait plus à atteindre notre objectif de production de petits pois, qui est une grosse production chez nous, avec 10.000 hectares", raconte Arnaud Bardon, directeur de la performance agronomique chez Bonduelle.
Il dit avoir été "bluffé" par l'étude d'Axa Climate réalisée pour le groupe sur les Hauts-de-France. "Ça nous a permis de comprendre ce qui nous arrivait, et du coup, de pouvoir penser des scénarios d'adaptation", détaille-t-il.
"On s'est dit: pourquoi ne pas semer les petits pois à l'automne plutôt qu'au printemps", pour mieux répondre aux nouvelles conditions climatiques. Pouvoir "dire une chose pareille au Salon de l'agriculture", gardien du temple et des saisons, aurait été "inenvisageable" il y a 20 ans.
Si l'orge promet d'être moins touchée, car moins sujette au gel, maïs, carottes ou trèfle souffriront durement du manque d'eau dans certaines zones historiques de culture.
"Partout, les agriculteurs devront s'adapter", en avançant le calendrier des semis, en modifiant les rotations des cultures ou même en renonçant à certaines d'entre elles, selon Antoine Denoix, PDG d'Axa Climate.
Cette entreprise, créée en 2018 avec pour "mission unique l'adaptation", a mis au point une plateforme numérique pour évaluer les impacts climatiques, "Altitude Agri", qui croise les modèles du groupe international d'experts pour le climat (Giec) et les données agronomiques, par culture et selon le stade de développement.
"60% des 380.000 hectares actuellement dédiés à la production de semences seront soumis à un risque fort ou extrême d'ici 2050 (contre 27% aujourd'hui)", selon l'étude.
"Sur 10% des surfaces, les producteurs de semences - appelés multiplicateurs - devront trouver d'autres espèces que celles cultivées aujourd'hui", explique Vincent Marchal, directeur du conseil en transition agricole chez Axa Climate.
L'enjeu est immense pour la France, premier producteur européen de semences et premier exportateur mondial.
"Orienter la sélection variétale"
Le premier risque identifié est lié à "la disponibilité en eau" ("54% de la part de risques"), avec des chutes des précipitations dans le Sud-Ouest, déjà très touché, ou en Bretagne.
Le deuxième risque est celui de l'"excès de chaleur". Par exemple, "en juillet dans la Drôme, la température de 37°C sera dépassée tous les 2 ans en 2030, contre une année sur dix aujourd'hui".
Le troisième risque est le gel, qui touchera d'autant plus durement les cultures qu'elles bourgeonneront tôt au sortir d'un hiver doux.
Certains bassins seront plus propices à la culture que d'autres: l'Aude pour le colza, les Côtes-d'Armor pour le tournesol. Le pois chiche méditerranéen va progresser vers le nord, à l'instar des lentilles qui s'invitent en Alsace ou dans les Hauts-de-France.
Cela impose de s'adapter: "Quand on crée une variété de culture, on sait qu'elle va arriver dans les champs 10 à 15 ans plus tard. Pouvoir anticiper permet d'orienter la sélection variétale", souligne Franck Prunus, directeur des services à la filière chez Semae.
C'est "important pour la France, destination de 55% de nos semences", mais disposer d'un modèle l'est "au moins autant" pour "les autres pays", vers lesquels les graines sont exportées, ajoute-t-il.
Avec Axa Climate, qui revendique la place de "leader européen de la formation à la durabilité", l'ambition d'Antoine Denoix était aussi de "faire le lien entre deux mondes qui ne se parlaient pas: les scientifiques et les entreprises". Et l'intérêt du géant Axa ? "Les entreprises resteront assurées si elles sont résilientes, et elles seront résilientes si elles s'adaptent", relève-t-il.
Une dizaine de coopératives ou groupes se sont dotés de la plateforme Altitude Agri, au premier rang desquels le spécialiste des légumes en conserve et surgelés Bonduelle.
"Cela faisait trois-quatre ans qu'on n'arrivait plus à atteindre notre objectif de production de petits pois, qui est une grosse production chez nous, avec 10.000 hectares", raconte Arnaud Bardon, directeur de la performance agronomique chez Bonduelle.
Il dit avoir été "bluffé" par l'étude d'Axa Climate réalisée pour le groupe sur les Hauts-de-France. "Ça nous a permis de comprendre ce qui nous arrivait, et du coup, de pouvoir penser des scénarios d'adaptation", détaille-t-il.
"On s'est dit: pourquoi ne pas semer les petits pois à l'automne plutôt qu'au printemps", pour mieux répondre aux nouvelles conditions climatiques. Pouvoir "dire une chose pareille au Salon de l'agriculture", gardien du temple et des saisons, aurait été "inenvisageable" il y a 20 ans.