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Lutte contre les moustiques : les grandes manœuvres en préparation


Les traitements par insecticide et larvicide se produiront au plus près des zones habitées (Photo AFP).
Les traitements par insecticide et larvicide se produiront au plus près des zones habitées (Photo AFP).
PAPEETE, lundi 16 décembre 2013. Les traitements prévus par pulvérisation d’insecticide et de larvicide pour diminuer le nombre de moustiques sur notre territoire sont en cours d’organisation. Ils devraient démarrer la semaine prochaine. L’objectif est ciblé : traiter une première fois tous les archipels et toutes les communes en six semaines pas plus.

Ce ne sera pas la trêve des confiseurs pour les mairies de Polynésie française et leurs agents municipaux. Car les traitements prévus pour lutter contre les moustiques vont démarrer certainement dans le courant de la semaine prochaine, à quelques jours de Noël. Pour l’instant il s’agit d’organiser ces brigades d’intervention spécialisées et ce n’est pas simple pour couvrir un territoire vaste comme l’Europe, réparti en cinq archipels, une centaine d’îles et 48 communes. Il est prévu que chaque mairie monte une cellule active de 13 personnes : 10 sur le terrain et trois pour ma coordination qui chaque jour traitera une zone bien définie. Selon la taille des communes, il faudra entre une et trois équipes au maximum.

L’objectif des autorités est visiblement d’attaquer fort les moustiques et de façon simultanée, partout à la fois pour ne pas leur laisser de zone de repli. Avant ces grandes manœuvres toutefois, le service de développement rural devra dans l’urgence procéder à un recensement des zones à éviter absolument. Des rencontres sont prévues cette semaine avec les apiculteurs, les maraîchers, les agriculteurs biologiques «pour adopter des mesures préventives» précise le communiqué de presse signé à la fois par le Pays et l’Etat. En clair, les pulvérisations d’insecticide qui seront menées depuis des véhicules communaux devront éviter certaines zones rurales. Une mesure qui tombe bien car le moustique aedes responsable des épidémies de dengue et de zika en cours est un moustique domestique et non rural/ Il vit davantage près de nos maisons que dans les champs et la nature.

Face aux épidémies de dengue et de zika déclarées sur le territoire, il est important de tuer le plus possible de ces insectes porteurs de virus, dont la durée de vie est d’un mois environ. Mais la chasse aux moustiques ne doit pas se concentrer que sur les insectes adultes. Il faut s’attaquer aussi aux larves des moustiques qui sont en train de se développer tranquillement dans leurs nids d’eau et contre lesquelles les pulvérisations d’insecticide n’auront aucun effet. C’est pourquoi, il est également prévu un traitement larvicide des gîtes à moustiques. Les autorités ont décidé d’utiliser un larvicide bio, produit localement, pour ce travail qui sera certainement le plus long et le plus fastidieux pour ces brigades communales de lutte contre le moustique tigre. Un travail de fourmi est donc en train de se mettre en place face aux moustiques, auquel la population doit elle aussi apporter son concours, en détruisant chez soi tout ce qui pourrait offrir un refuge aux moustiques. Sinon toutes les grandes manœuvres en cours n’auront aucune utilité.




Le malathion ne sera pas utilisé

L’appel à l’aide du syndicat des apiculteurs a été entendu. Mercredi dernier, lors d’une conférence de presse commune de l’Etat et du Pays, des pulvérisations spatiales d’insecticide à grande échelle sont annoncées. Pour tuer les moustiques adultes, l’utilisation alternée de deux produits est alors confirmée : le malathion et la deltaméthrine. Le premier est pourtant interdit en France depuis 2008 car les résidus du malathion sont très toxiques pour la faune (et tous les insectes, abeilles comprises) et a fortiori pour l’homme. Dans un communiqué diffusé le samedi 14 décembre, le syndicat des apiculteurs s’inquiétait : «Que dire de nos colonies d'abeilles qui vont être décimées par ce traitement et ceci en pleine saison apicole ? Bref une nouvelle catastrophe pour notre activité, notre environnement, notre santé et celle de nos enfants».

Réaction quelques heures plus tard de la part des autorités : «L’usage du malathion est définitivement écarté» précise un communiqué de presse conjoint du Pays et de l’Etat. Les abeilles n’auront toutefois pas le temps de s’en réjouir, car l’insecticide qui sera utilisé pour ces pulvérisations spatiales, la deltaméthrine est, certes, moins dangereuse pour l’homme mais reste fatale pour les insectes. «Cet insecticide est hautement toxique chez les abeilles» est-il écrit dans différents rapports. La seule solution, éviter ces traitements à proximité des ruches.

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 16 Décembre 2013 à 16:51 | Lu 1462 fois