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Louis Aliot : “La Polynésie fait partie des meilleurs territoires du RN”


Tahiti, le 16 novembre 2021 – Le vice-président du Rassemblement National, Louis Aliot, est arrivé lundi pour un quatrième séjour politique –et également personnel cette fois-ci– en Polynésie française après 2011, 2016 et 2018. À quelques minutes d'une première réunion publique à Punaauia, il a accordé une interview à Tahiti Infos dans laquelle il insiste sur l'importance géostratégique de la Polynésie pour la France, l'enjeu de la campagne présidentielle et des parrainages polynésiens pour Marine Le Pen, ou encore l'éventualité d'un soutien politique local, et notamment de celui de Gaston Flosse, qui n'est pas encore arrêté.

 
A quelques mois de la présidentielle, quel est le programme et le but de votre visite en Polynésie française ?
 
“C’est de rencontrer les sympathisants et les adhérents et de faire le point avec Éric Minardi sur la campagne présidentielle. Les deux sujets qui nous importent, c'est la campagne elle-même sur un territoire aussi grand et puis les parrainages qui sont aussi un enjeu.”
 
Justement vu le nombre de parrainages pour Marine Le Pen en 2017 et son score à la dernière présidentielle, est-ce que la Polynésie française a changé de dimension pour le Rassemblement National (RN) et est devenue une collectivité qui compte désormais particulièrement ?
 
“Ah oui, je crois qu'aujourd'hui la Polynésie fait partie des meilleurs territoires du Rassemblement National. C'est le meilleur score en outre-mer. Mais c'est vrai qu'il y a aussi maintenant un enjeu stratégique. La stratégie mondiale des Etats-Unis et de la Chine fait que le Pacifique devient une zone centrale pour la géopolitique et la France est au cœur de ce système. C'est quand même le deuxième espace maritime du monde grâce à la Polynésie et à la Nouvelle-Calédonie. L'enjeu du Pacifique est très important, et sera je pense un enjeu de l'élection présidentielle.”
 
Sur ce sujet, la France veut s'imposer comme une grande puissance régionale dans le Pacifique mais on voit aujourd'hui les limites de cette stratégie avec l'épisode des sous-marins Australiens ? Comment le RN voit la position de la France dans le Pacifique à travers ses collectivités ?
 
“D’abord en maintenant ses collectivités dans le giron français. C'est le premier point. Et je pense en particulier aujourd'hui à la Nouvelle-Calédonie. Je vous rappelle que nous avons toujours été partisans de la Calédonie française. C'est d'une importance stratégique particulière pour la France. On n'a peut être pas l'armada militaire que la Chine ou les Etats-Unis peuvent déployer, mais on a quand même ici des territoires très importants, avec une expérience et un savoir-faire que beaucoup d'autres nous envient. Donc il faut maintenir la présence, développer et aider ces territoires, en mettant beaucoup plus de moyens que ce qui a été fait jusqu'à présent. Emmanuel Macron s'est beaucoup trompé par rapport aux Américains, qui défendent l'intérêt supérieur de leur pays d'abord. Il faut que la France récupère sa manière de défendre son intérêt supérieur à elle et ça passe par son indépendance, y compris militaire. De ce point de vue, le Pacifique a beaucoup de retard en terme de matériel. Notamment sur la surveillance de l'espace maritime. Il y a beaucoup de pêche illégale, des problèmes environnementaux, militaires… La France a beaucoup de retard, donc il faut investir massivement dans des équipements pour être à la hauteur du maintien et du développement de ce deuxième espace maritime mondial.”
 
Connaît-on déjà les grandes lignes du programme du RN pour l'outre-mer en général et pour la Polynésie française en particulier ?
 
“Le programme exact sera développé après le mois de janvier, mais on ne sera pas très éloigné de ce qu'on avait défendu lors de la dernière présidentielle. Parce que, mine de rien, qu'est-ce qui a changé pour les territoires d'outre-mer, pour la Polynésie et pour la Nouvelle-Calédonie depuis la dernière présidentielle et l'élection d'Emmanuel Macron ? On ne peut pas dire qu'il y ait eu d'avancées majeures…”
 
Et qu'est-ce qui changerait avec le RN en responsabilités ?
 
“Je pense que ces territoires deviendraient un véritable sujet d'attention et de préoccupation. Ce ne seraient pas des territoires éloignés sur lesquels on discute une fois de temps en temps. Ils seraient considérés comme des espaces vitaux pour la métropole et bénéficieraient de ce point de vue d'appuis dans tous les domaines. Ceci dans le respect de la culture locale et de l'histoire. Et puisqu'on est en Polynésie, évidemment par rapport aux promesses qui ont été faites sur le nucléaire. Ça aussi me paraît être un sujet très important pour la présidentielle.”
 
Sur ce sujet des conséquences des essais nucléaires en Polynésie, quelle est la position du RN ?
 
“Nous insistons toujours sur l'indemnisation des familles des malades hospitalisés et le remboursement des 90 milliards de Fcfp que paie la CPS pour ces malades sans l'aide de l'Etat.”
 
Comment jugez-vous la gestion du Covid par l'Etat pour les collectivités d'outre-mer ?
 
“Déjà je la juge sévèrement pour la collectivité nationale… Mais en fait, on a suivi ça de très loin en métropole. Je sais qu'il y a une forte résistance à la vaccination ici. Et nous, notre position a toujours été assez simple. Nous sommes pour la liberté de vaccination et pour la liberté tout court, donc contre le pass sanitaire. Et on ne pense pas que les restrictions diverses et variées aujourd'hui soient de nature à rassurer les gens et à permettre d'avoir le moindre résultat. Parce que, l'air de rien, on est en métropole sous la contrainte d'une vaccination pratiquement obligatoire avec le pass sanitaire et on se retrouve aujourd'hui avec une flambée de l'épidémie. Donc la question, c'est à quoi a servi ce que l'on a mis en place si c'est pour se retrouver avec une cinquième vague et peut-être demain un nouveau confinement ?”
 

"Si le RN a un soutien politique, il ne dira pas non"


Sur un plan plus politique, la question d'une alliance avec un parti local se pose toujours pour le RN dans l'optique de la présidentielle. On se souvient du soutien du Tahoera'a de Gaston Flosse en 2017 ? Est-ce d'actualité ?
 
“Si le RN a un soutien, il ne dira pas non. Mais je pense que toutes ces questions, en général, se règlent après le premier tour de l'élection présidentielle. C'est à ce moment que les gens se positionnent. Aujourd'hui, la présidentielle représente ici un tremplin pour les partis avant les législatives et les territoriales. Gaston Flosse devrait demander le soutien des Républicains. Et s'il ne l'a pas, il peut venir.”
 
Gaston Flosse prône aujourd'hui un Etat associé dépassant le cadre de l'autonomie interne, est-ce que l'indépendance est un point de non retour pour une alliance politique ?
 
“S’il change de discours, évidemment. Je crois que la Polynésie est déjà très avancée en matière d'autonomie. Si c'est l'indépendance avec les moyens de la France, ça pose un problème. Mais en 2017, on parlait déjà du statut de Pays associé avec Gaston Flosse. Ça faisait déjà partie de notre accord et Gaston Flosse était très opposé à la vision d'Oscar Temaru sur l'indépendance. Il disait que c'était utopique que de réfléchir à une Polynésie sans la France.”
 
Est-ce que vous prévoyez de rencontrer des formations politiques locales ? Et notamment le Tapura d'Edouard Fritch ?
 
“Non, pas pour l'instant. Édouard Fritch a imposé à tous ses maires Tapura de lui donner leurs promesses de parrainage. Aujourd'hui ça peut représenter moins de parrainages polynésiens pour Marine Le Pen. Le problème c'est qu'Emmanuel Macron n'a pas besoin de parrainages. S'il fait ça, si ses conseillers font ça, c'est pour assécher le réservoir de parrains potentiels qui pourraient servir à d'autres…”
 
Est-ce qu'il est important d'avoir des candidats aux législatives en Polynésie française pour le RN ?
 
“On a toujours été présents sur ces élections et on sera présents sur les 577 circonscriptions, y compris polynésiennes. A partir du moment où cette élection suit la présidentielle, elle est importante. Et sur un territoire comme la Polynésie, je n'exclus pas d'avoir un jour un député. A quoi ont servi les députés qui ont été élus en 2017 ? Il va falloir qu'ils fassent leur bilan. Moi je suis persuadé qu'on pourrait avoir un député en Polynésie.”
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 17 Novembre 2021 à 00:03 | Lu 2636 fois