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Livre blanc de la défense : des intentions qui doivent se confirmer


Livre blanc de la défense : des intentions qui doivent se confirmer
PAPEETE, lundi 29 avril 2013. Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale a été rendu public par le président de la République hier. Ce document fixe les orientations stratégiques des quinze prochaines années et servira de socle à la future loi de programmation militaire (2014-2019). Les conséquences pour la Polynésie restent pour l’instant difficiles à évaluer.
Le Livre blanc 2008 avait été un coup de tonnerre pour la Polynésie. Depuis cette date on ne parle plus que de retrait progressif des forces armées du territoire. Au point que certaines communes ont déjà fait part de leur prétention à récupérer des terrains militaires laissés à l’abandon ou appelés à l’être. Au début de l’année 2013 pourtant, l’enjeu stratégique des régions françaises dans le Pacifique semblait pourtant reprendre de la vigueur. Lors d’un colloque au Sénat, le 17 janvier dernier, le vice-amiral Jean-Louis Vichot, ancien Commandant supérieur des Forces armées en Polynésie française avait eu des mots très durs pour ce Livre blanc 2008. Il déclarait alors : «Les conclusions du Livre Blanc de 2008 avaient très clairement marqué un abandon, je pèse mes mots, des capacités militaires dans le Pacifique. On considérait à l’époque que les îles du Pacifique étaient suffisamment protégées par les océans qui les entouraient. La position de la France évolue grâce aux travaux des parlementaires, grâce aux travaux de la Commission du Livre Blanc. Le ministre de la défense, M. Le Drian l’a évoqué, il a montré que ce gouvernement avait compris l’importance du Pacifique dans l’économie de la France d’aujourd’hui (…) Donc maintenant, il restera à voir ce que le prochain Livre Blanc tirera comme conclusions de ces travaux, et comment ces conclusions du Livre Blanc seront déclinées en termes de moyens, en particulier pour les forces armées pour assurer la sécurité et la surveillance de la zone du Pacifique sud».

Effectivement, le Livre blanc 2013 semble avoir pris la mesure des erreurs de 2008 mais le mea culpa reste partiel et les correctifs apportés ne sont pas encore clairement visibles. Ainsi, il est écrit : «Le Livre blanc de 2008 avait acté le principe d’un dimensionnement de la présence militaire dans les outre-mer aux besoins correspondant strictement aux missions des armées et d’un renforcement des moyens civils (…) La nouvelle répartition de la contribution apportée par chaque ministère n’a été que partiellement suivie d’effet, et des questions majeures d’équipement restent pendantes, tant dans le domaine maritime que dans le domaine aérien. Il en résulte aujourd’hui un risque important de rupture capacitaire à court et moyen terme, qui pourrait entraîner l’État à ne plus pouvoir remplir de façon appropriée l’ensemble des missions qui lui incombent dans les outre-mer. Les orientations du Livre blanc de 2008 qui prévoyaient la remontée en puissance des capacités civiles sont confirmées et les ministères concernés devront faire les efforts d’équipement nécessaires. Pour chaque type de mission, la mutualisation des capacités sera prioritairement recherchée et donnera lieu, entre les parties prenantes, à l’élaboration, dès 2013, d’un programme quinquennal d’équipements mutualisés».

Reste qu’il est très difficile dans ce Livre blanc d’isoler ce qui peut concerner directement la Polynésie. Il y est question de grands principes : «La Nouvelle-Calédonie et les collectivités de Polynésie française et de Wallis et-Futuna font de la France une puissance politique et maritime dans le Pacifique. Elle y dispose de ressources halieutiques et minérales importantes (…) Dans un contexte de tension sur l’accès aux ressources, la France doit être en mesure de marquer sa souveraineté et de défendre ses intérêts dans les outremer. Cela signifie qu’elle doit pouvoir surveiller, contrôler et éventuellement agir militairement face à une menace portant atteinte à l’intégrité de son territoire. Cette menace, plus probable sous une forme non-étatique, impose une présence visible et dissuasive de forces militaires (…) Cela suppose la préservation sur place de points d’entrée (ports et aéroports) ainsi que la présence de certaines capacités».

Mais les capacités nécessaires ne sont pas listées. «Il convient dans un premier temps d’identifier l’ensemble des capacités critiques dont doivent disposer les ministères civils. Ceux-ci pourront ainsi programmer le développement, l’acquisition ou le renouvellement de celles qui se révéleraient insuffisantes ou même manquantes (…) Pourra ainsi être établi, dès 2013, un contrat général interministériel qui fixera les capacités civiles nécessaires aux missions relatives à la sécurité nationale. Parallèlement à cette démarche, le ministère de l’Intérieur, en relation avec les autres ministères civils, favorisera la coordination de l’ensemble des organismes publics et privés qui assument une part de responsabilité dans la capacité de résilience du pays. Seront concernés en priorité les collectivités territoriales auxquelles les lois de décentralisation ont transféré des compétences critiques, notamment en matière de gestion de services publics locaux». Le Livre blanc prévoit ainsi qu’une démarche de recensement des moyens et une analyse des risques de sécurité de chaque zone de défense et de sécurité soit menée d’ici 2016. «Elle sera accompagnée du renforcement des effectifs des états-majors interministériels de zone par les ministères concernés».





Pour aller plus loin et lire l’intégralité du Livre blanc 2013


Les enjeux maritimes et en outre-mer

Le Livre blanc 2013 part du constat suivant : «La mondialisation s’est accompagnée d’une pression de plus en plus forte sur les ressources marines, notamment les matières premières minérales et énergétiques tirées des fonds marins. Le transport par mer occupe une part croissante dans le commerce mondial ; la maîtrise des voies maritimes est donc un enjeu majeur ». A ce sujet le Livre blanc réaffirme trois objectifs : «La France possède le deuxième espace océanique mondial, synonyme de richesses stratégiques. Il revient à notre pays d’y défendre sa souveraineté, d’y faire respecter l’ordre et d’y assurer la sécurité. C’est l’objet de la sauvegarde maritime et de l’action de l’Etat en mer».
Dans les outre-mer dont l’importance est réaffirmée, le Livre blanc 2013 prévoit des moyens d’action renouvelés qui se traduiront : «par la présence effective et réactive de nos forces armées sur l’ensemble des territoires ; Par le maintien de toutes les capacités interarmées (forces terrestres, moyens aériens et navals) associées aux missions de protection et de sécurité: l’exigence de protection des populations d’outre-mer est la même que dans l’hexagone ; Par le maintien d’une forte présence en mer, au travers d’unités assurant les missions militaires et contribuant aux missions interministérielles (patrouilleurs, Bâtiments multi-missions ou « B2M », frégates de surveillance, etc…) ; Enfin, les capacités de projection de forces resteront assurées mais en s’appuyant davantage sur les moyens de l’hexagone».

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 29 Avril 2013 à 14:56 | Lu 4041 fois