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Limitation des rassemblements, comment ça marche


Tahiti, le 26 août 2020 - Les rassemblements de plus de 10 personnes dans l’espace public sont interdits à partir de ce mercredi. C’est l’une des mesures phares annoncées lundi pour faire face au rebond épidémique du covid-19. Mais cette restriction ne concerne pas les événements de la sphère privée et s’accommode d’ailleurs de tout un ensemble de dérogations.
 
Depuis le 13 août dernier, la jauge était fixée à 50 personnes. Mais à partir de mercredi et jusqu’au 15 septembre prochain au moins, les rassemblements, réunions ou activités, organisés en présence de plus de 10 personnes, sur la voie publique ou dans un lieu ouvert au public, même s’il s’agit d’un terrain privé, sont soumis à une autorisation préalable. En toutes circonstances les événements de plus de 5 000 personnes sont interdits sur le territoire de la République depuis le décret du 10 juillet 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans les territoires sortis de l'état d'urgence sanitaire. Pour obtenir cette autorisation, la demande doit être formulée en mairie au moins 15 jours avant la date de l’événement. Les organisateurs ont l’obligation d’y lister toutes les précautions d'hygiène et de distanciation qu’ils prévoient de mettre en œuvre lors du rassemblement qu’ils organisent. Faute d’autorisation, la manifestation est interdite.
 
De même, à partir de ce mercredi les rassemblements "informels" de plus de 10 personnes sont interdits sur les plages publiques, dans les espaces verts et parcs publics, sur les berges de rivière, "les aires de pique-nique et tous sites utilisés à cet usage". Et les contrevenants s’exposent à une peine pouvant aller jusqu’à six mois de prison et une amende de 1,2 million de Fcfp.
 
Pas de limite pour les rassemblements privés
 
Mais attention : si l’annonce de cette restriction sanitaire a pu créer des malentendus lundi, la réglementation sur les rassemblements ne s’applique en aucun cas aux manifestations privées (bringues, anniversaires, fêtes privées, etc.), si ces événements sont organisées dans la sphère privée et hors d’un lieu public. Pour ces manifestations il n’y a donc pas d’obligation de déclaration préalable, ni de limitation en nombre. Les cultes religieux, les événements festifs (mariages, baptêmes, etc.), qui prévoient de recevoir plus de 10 personnes, ne sont pas non plus soumis à une demande d’autorisation préalable. Ils ne sont en outre pas d’avantage limités en nombre. En revanche, il est de la responsabilité de la mairie ou du lieu de culte qui les reçoit de s’assurer du respect des mesures barrières durant la manifestation.
 
Le décret du 10 juillet, qui sert de socle à cette réglementation des rassemblements, en limite aussi la portée. Ainsi ne sont pas non-plus soumis à autorisation préalable, même s’ils accueillent plus de 10 personnes, les rassemblements, réunions ou activités à caractère professionnel. De même les transports publics (avions, bus, navettes maritimes) peuvent accueillir simultanément plus de 10 personnes. Un arrêté gouvernemental fixe cependant l’obligation stricte du port d’un masque pour les usagers. Les rassemblements de plus de 10 personnes sont également autorisés, sans demande préalable d’autorisation, lors des cérémonies funéraires et dans les établissements recevant du public : écoles, marchés couverts ou non, foires-expositions à caractère temporaire, restaurants.
 
Au fond, si tout n’est pas interdit, les autorités sanitaires s’en remettent aussi à la responsabilité de tout un chacun. Et comme nous l’expliquait le haut-commissariat mardi :"où qu’on soit, le principe de base est le respect des mesures d’hygiène et de distanciation physique".

Une mesure pas toujours comprise…

Comment maintenir la distanciation physique, ou ne pas être plus de 10 personnes, lorsqu'on est parent et qu'on doit récupérer les enfants à l'école, ou encore, que certaines classes sont "en moyenne 35" élèves ? Compliquée à identifier clairement, l'interdiction des regroupements de plus de 10 personnes est saluée par certains et dénoncée comme "illogique" ou "impossible" à mettre en place pour d'autres...

Au lendemain de l'annonce des mesures prises par les autorités du Pays et de l'État, beaucoup étaient encore dans le flou mardi concernant notamment l'interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes. Tahiti infos est allée à la rencontre des parents et des lycéens pour avoir leur avis. Certains parents trouvent effectivement que cette mesure est "une bonne chose" mais que malheureusement, cette interdiction ne peut toujours être mise en place concrètement, surtout au moment où ces derniers récupèrent leurs enfants à la sortie de l'école (voir ci-contre pour les détails de la mesure). Ils sont effectivement nombreux à attendre leurs bambins au niveau du portail de l'école "qu'est-ce qu'on peut faire?  On n'y peut rien, il faut venir chercher les enfants. On n'y peut rien, c'est comme cela".

"C'est impossible à mettre en place (…) dans une salle de boxe"
Le président de la fédération de boxe, Ismaël Tahiata, a pour sa part affirmé que cette mesure est "pratiquement impossible à mettre en place (…) dans une salle de boxe". Ismaël ne reste pas les bras croisés et propose même de faire des entraînements "en plein air".  Selon lui, s'il a 20 sportifs, il propose de faire deux ou plusieurs groupes de 10, avec le respect de la distanciation physique, l'utilisation du gel et ou du masque et continuer ainsi son entraînement.

"C'est illogique, on est en moyenne 35 par classe"
Heimana et Tehei sont tous deux en terminale au Lycée Paul Gauguin. Le premier estime que cette mesure est "illogique" car ces derniers sont "en moyenne 35 par classe et qu'il n'y a pas de distanciation, on est deux par table". Il précise par contre que le masque est obligatoire et que malheureusement beaucoup n'utilisent pas le gel hydro-alcoolique mis à leur disposition par l'établissement scolaire. Heimana rappelle d'ailleurs qu'il y a quelques mois, la distanciation physique était bien présente. "Chaque classe avait sa salle, on était par demi-groupe et un par table et tu gardais ta place pour chaque cour". Tehei de son côté ne souhaite pas que cette mesure soit remise en place, par peur de ne pas pouvoir "suivre le programme en entier (…) alors qu'(elle) est en terminale".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge et Vaite Urarii Pambrun le Mercredi 26 Août 2020 à 08:37 | Lu 6122 fois