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Les runners disent adieu à Faratea


Tahiti, le 19 novembre 2023 - Les amateurs de sports mécaniques et de gros son se sont mobilisés ce week-end pour se retrouver une dernière fois ensemble, sur le site de Faratea à Taravao, où ils ont pris l’habitude de vivre de belles compétitions. Une façon de dire adieu à Faratea, mais pour aller où ?
 
Deux cortèges d’automobiles, de motos et de car-basses, l’un au départ du parking de l’Université de la Polynésie française à Punaauia, l’autre au départ de Aorai tini hau à Pirae, se sont rejoints samedi sur le site de Faratea, à Taravao, après un trajet de près de deux heures, sous escorte de la gendarmerie nationale et de la police municipale. Une fois n’est pas coutume, cette manifestation s’est déroulée silencieusement, c’en était la consigne. “La manifestation a été une grande réussite, dans le sens où tout le monde a respecté les règles qu’on leur a imposées, c'est-à-dire que pour se faire entendre lors de cette manifestation, on ne fera pas de bruit. Et ça a marché”, a résumé l’un des co-organisateurs du rassemblement, Bastien Bres, secrétaire général de l’Association de sports automobile de Tahiti (Asat).
 
Néanmoins, il affiche une petite déception quant à l’absence des autorités, aussi bien du Pays que de la commune et du haut-commissariat. “Pourtant, des invitations ont été envoyées à tout le monde, au président du gouvernement, au haut-commissaire, au maire de Taravao, au directeur de l’IJSPF, à la ministre des Sports et au ministre de l’Équipement”, a énuméré le secrétaire général de l’Asat, “sauf à l’association Te Ora Hau”, qui lutte depuis 1998 contre les nuisances sonores. “Ce qui nous a un peu déçus dans leur façon de travailler, c’est qu’ils envoient des courriers administratifs, mais jamais ils ne sont venus nous voir. En tout cas, on voulait leur démontrer aujourd’hui qu’on sait les respecter.”
 
Faratea, c’est fini
 
L’association Te Ora Hau a en effet demandé “l’arrêt des agressions sonores générées par les courses et runs d’auto-motos sur le site de Faratea” avec le soutien de plus de 80 pétitionnaires et va obtenir gain de cause. Le secrétaire général de l’Asat a dû renoncer à sa compétition, lors de son entretien la semaine dernière avec le ministre de l’Équipement Jordy Chan, comme il le dit, “par compréhension et respect des riverains de la zone”.
 
Ainsi, pour éviter tout recours en contentieux, les autorités se doivent d’appliquer la réglementation en vigueur et de protéger les victimes de ces nuisances. Un avis défavorable a été émis par le maire de Taiarapu-Est pour l’organisation du run de samedi. Le ministre a décidé que “le site de Faratea, géré par les Grands Projets de Polynésie, n’accueillera plus de manifestations de ce type”, en précisant que “la vocation artisanale et industrielle du site se confirme avec l’implantation d’un nombre toujours plus important d’entreprises”.
 
Retour à la case départ
 
En constatant la fermeture progressive des sites où se tiennent régulièrement les compétitions, les associations de sports mécaniques espèrent que le gouvernement leur attribue des lieux dédiés à leurs activités, pouvant satisfaire aussi bien les sports mécaniques que les car-basses. Comme l’a précisé Bastien Bres, “il est vrai qu’aujourd’hui, on subit le fait que petit à petit, on nous ferme des sites, sauf que l’intérêt pour nous, c’est de les multiplier pour éviter justement trop de bruit à un seul endroit. Pour notre association d’automobiles, nous avons plusieurs sites, comme Fare Ute à Papeete, la montée du belvédère de Taravao ou le site de Vaitarua près du circuit de motocross mais dont la piste de run est totalement vétuste. Mais après la fermeture de Faratea, il nous faudrait d’autres sites pour pouvoir nous exprimer en toute légalité.”
 
Pour le président de Tahiti Biker, Fabrice Charleux, “que ce site de Faratea soit fermé aux compétitions c’est légitime, mais trouvons ensemble une plateforme pour les sports mécaniques et un endroit où l’on peut faire du bruit sans gêner les gens”. Même discours pour la présidente de la Fédération Car Audio Polynésie, Elvina Wong Foen : “L’essentiel, c’est vraiment de trouver un site pour qu’on puisse exprimer notre passion, c’est ce qu’on demande depuis plusieurs années”.
 
À défaut de réponses concrètes, une désorganisation totale des runs en Polynésie serait à craindre, comme au début du siècle lorsque la RDP et la RDO étaient utilisées comme pistes de courses, de manière illégale mais surtout très dangereuse. “On est la cible d’une seule association. On met en place des événements sportifs officiels, mais si aujourd’hui il y a des associations antibruit qui nous bloquent l’accès et qui font pression sur les mairies ou sur les ministères, eh bien ce n’est pas cool, parce que tout simplement tous nos membres et nos sympathisants vont aller faire n’importe quoi !”, a prévenu le représentant de l’Asat, la plus ancienne association de sports mécaniques, créée en 1979.

Rédigé par Paora’i Raveino le Dimanche 19 Novembre 2023 à 19:27 | Lu 4038 fois