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Les réservistes sanitaires à pied d'œuvre


Tahiti, le 31 août 2020 – Les six réservistes sanitaires, arrivés ce week-end de métropole pour prêter main forte aux équipes locales qui luttent contre l'épidémie de Covid-19, vont tenter de partager leur expérience de ce type de missions de terrain.
 
Les six réservistes sanitaires sollicités par le président du Pays et le haut-commissaire à Paris sont arrivés dimanche matin en Polynésie française pour une mission de trois semaines, renouvelable en fonction de l'évolution de la situation sanitaire. Composés d’un médecin épidémiologiste, d’un épidémiologiste et de quatre infirmiers issus de la réserve sanitaire "santé publique France", ces renforts quittent leur travail pour des périodes courtes pour venir prêter main forte à des équipes locales de santé, comme ici avec le bureau de la veille sanitaire et l’agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (Arass). Leur mission consistera à renforcer les capacités de dépistage, de surveillance des foyers et de suivi du respect des mesures d’isolement. L'objectif étant qu'ils apportent un soutien et un regard neuf sur l’analyse épidémiologique afin de déchiffrer la diffusion du virus dans la population et de briser les chaînes de transmission locales.
 
Parmi ces réservistes, le docteur Éric Ledru, épidémiologiste, est, comme ses collègues, un habitué de ce type de missions de terrain. Intervenu dans divers types d'épidémies, tels que la tuberculose, le VIH ou encore la rougeole, il a travaillé sur la pandémie du  Covid-19 depuis le début de l'année, s'est notamment occupé des rapatriés de Wuhan, était en mission à Mayotte pour l'identification des clusters en fin d'épidémie pour casser les chaînes de transmission du virus et était aussi en Guyane pour la prise en charge des populations les plus fragiles. "On va faire le maximum pour se mettre à disposition des équipes locales ici", a assuré l'épidémiologiste lundi matin lors d'un point presse organisé au haut-commissariat.
 
Stratégie
 
"On a un rebond de l'épidémie, comme dans le monde entier, donc on a besoin d'expertise extérieure pour venir conforter nos analyses et peut-être aussi nous faire des suggestions", a expliqué le haut-commissaire, Dominique Sorain. "On se pose un certain nombre de questions, sur la protection des publics fragiles, comment mieux identifier les cas asymptomatiques". L'occasion de réorienter la stratégie de lutte contre l'épidémie, notamment au niveau des tests, comme annoncé par le ministre de la Santé Jacques Raynal ? Seulement après analyse, tempère le haut-commissaire. "On ne peut parler de réorienter complètement. Mais c'est très certainement donner des conseils, trouver de nouvelles pistes également pour mieux combattre le virus." Même retour du côté du président Édouard Fritch : "Laissons-les faire leur analyse, ils vont disséquer tout ce qui est fait pour l'heure ici en Polynésie. Je pense que oui effectivement vraisemblablement, il faudra peut-être changer certains protocoles, voire même certaines procédures".
 

Dr Eric Ledru, épidémiologiste : "Aider les personnes à faire leur quatorzaine"

"Les infirmiers de veille sanitaire ont l'habitude d'effectuer, depuis cette crise, la recherche autour des cas dépistés, ils sont habitués à investiguer les clusters, ils ont une expérience de terrain qui permet de déchiffrer l'échelle de transmission localement et d'interrompre cette échelle de  transmission, d'une part en proposant des dépistages, d'autre part en renforçant les gestes barrières, clé de voûte de cette épidémie. (…) On va aider les personnes à faire leur quatorzaine afin qu'elles puissent préserver leur entourage. Il y a toute une série de mesures et d'aides qu'on peut apporter aux personnes pour les aider à respecter leur quatorzaine."
 

Jacques Raynal, ministre de la Santé : "Avoir un regard extérieur"

"Leur mission, c'est d'avoir un regard extérieur sur ce que nous faisons. D'apporter leur expérience propre puisqu'ils ont déjà exercé leur art dans d'autres territoires comme la Guyane ou en métropole. Et de nous permettre à nous de savoir, par rapport à ce regard extérieur, si les méthodes que nous avons mises en place sont totalement adaptées, s'il faut en modifier, s'il faut peut-être augmenter nos capacités ou autre. Voilà, c'est un retour d'expérience par rapport à ce qu'ils ont l'habitude de faire car ce sont des réservistes qui appartiennent à la réserve sanitaire en métropole. Ils sont habitués à partir comme ça en mission dans d'autres territoires, voire à l'étranger parfois."
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 31 Août 2020 à 22:11 | Lu 1804 fois