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Les référents PGEM demandent des moyens à Moorea


Moorea, le 10 mai 2023 - L’association PGEM a rencontré en début de semaine ses référents de Pihaena. Le but était de répondre aux problématiques rencontrées par ces derniers lors des opérations de surveillance du lagon au cours de l’année écoulée et de les sensibiliser à la nouvelle réglementation de l’espace maritime de l’île sœur. 
 
Avec la mise en place du Plan de gestion de l’espace maritime (PGEM) de Moorea, des postes de ‘référents PGEM’ avaient été créés par Direction des ressources marines (DRM) afin de faciliter la communication de cette règlementation de l’espace maritime de Moorea et assurer une surveillance du lagon. L’idée était alors de recruter des riverains autour de l’île afin qu’ils veillent à ce que la réglementation du lagon (ancrage des voiliers, zones de pêche interdite ou réglementée, aires marines protégées, etc.) soit respectée dans la zone lagunaire de leur district. Les référents ont depuis la charge de signaler chaque infraction constatée à l’association PGEM ainsi qu’à la brigade nautique municipale. C’est pour faciliter cette mission que l’association a organisé une réunion de ses référents lundi dernier à Pihaena. L’idée était de répondre aux problématiques rencontrées par ces derniers au cours de l’année écoulée mais aussi de leur communiquer des informations sur la nouvelle réglementation maritime mise en place avec le PGEM 2.

Insultes et menaces

Parmi les problématiques les plus souvent évoquées, les référents se plaignent d’être souvent la cible d’insultes et de menaces de la part d’usagers du lagon peu respectueux de la règlementation. Ils constatent aussi trop souvent le non-respect par certains jeunes pêcheurs des zones lagonaires protégées. Des référents qui se plaignent aussi de l’absence, ces derniers temps, de la brigade nautique municipale, alors que les habitants de Tahiti qui viennent pêcher dans le lagon de Moorea, n’ont souvent pas connaissance de la règlementation et du zonage du lagon de l’île. “On encourage les référents à déposer une plainte à la gendarmerie en cas de menaces proférées à leur encontre et de le signaler également à l‘association PGEM qui va à son tour engager des poursuites auprès des autorités compétentes”, a indiqué Lee Rurua, la présidente de l’association PGEM. “Il est vrai aussi qu’une seule brigade nautique ne suffit pas. Notre souhait est de mettre en place deux brigades pour que les deux parties de l’île soient bien surveillées. Afin d’avoir une surveillance du lagon plus efficace, on aimerait avoir une meilleure présence autour de l’ile pour mieux sensibiliser la population. On va recruter de nouveaux référents.”

​Besoin de moyens

Des référents qui n’ont pour l’heure pas de pouvoir légal. Mais l’association souhaite qu’ils soient assermentés de manière à ce qu’ils puissent émettre des procès verbaux en cas d’infraction. “Il faudrait pouvoir travailler sur des assermentations, comme cela se fait avec les agents de protection dans les autres pays, de manière à ce que nos référents puissent avoir une parole sacrée devant la loi. Une de leurs difficultés est que quand ils constatent une infraction, ils appellent la brigade nautique. Ils ne savent toutefois pas si la brigade va se déplacer ou pas. Former des référents assermentés est une piste qu’on étudie toujours”, explique Dom Leoture, membre de l’association PGEM. La création d’un poste de gestionnaire, capable de trouver des fonds nécessaires et de surveiller le lagon de Moorea à temps plein, est aussi jugée indispensable à l’instar ce qui se fait dans les aires marines protégées des autres pays. “Le gestionnaire est important, car il dirige au jour le jour les opérations de protection du lagon, la surveillance, etc. On constate pour l’instant qu’on n’a pas à proprement parler de gestionnaire avec un directeur qui peut rechercher des fonds. Il est justement là pour que le lagon prospère. L’île de Saint Martin est un exemple de réussite. Elle dispose d’un gestionnaire du lagon. C’est une île similaire à Moorea, en taille, qui reçoit énormément de touristes. Elle a énormément d’hôtels, de paquebots, de prestataires d’activités sur le lagon. Ce sont les équipes de gestion qui ont mis en place des redevances pour les bouées, des solutions pour se faire financer des corps morts”, plaide Dom Léoture.
Dans la deuxième partie de la réunion, les référents ont été sensibilisés à la nouvelle réglementation du PGEM2 de manière à ce qu’ils puissent par la suite informer à leur tour les usagers du lagon.

​Arii Richmond, référent PGEM d’Afareaitu

“La surveillance de l’aire marine protégée d’Afareaitu se passe bien. Les gens respectent en général, mais il y a toujours certains qui ne le font pas. Des braconniers viennent par exemple pêcher dans l’aire marine protégée à 2 heures ou 3 heures du matin parce qu’ils savent que tout le monde dort à ce moment-là. Ils essaient de faire leur petit business. Certaines personnes nous menacent toutefois lorsqu’on leur indique qu’ils sont en train de pêcher dans une aire marine protégée. Les aires marines protégées ont été utiles. Lorsque j’allais dans le lagon avant la mise en place de l’AMP d’Afareaitu, j’ai vu l’amélioration au niveau des pāhua, des poissons, etc. Ils commencent à se régénérer. Il serait dommage selon moi qu’on arrête ce travail qui a été fait sur plusieurs années. On commence seulement à voir les bienfaits des aires marines protégées maintenant. Nos ancêtres savaient déjà que la pêche sans conditions allait entrainer la disparation des poissons dans le lagon. Ils avaient donc mis en place des rāhui et des interdictions de pêche dans des zones bien spécifiques. Il faut qu’on continue ce travail pour le bien de nos enfants.”

​Ruben Maraeura, référent PGEM de Pihaena

“Il y a encore des gens qui ne respectent pas l’aire marine protégée de Pihaena alors qu’ils savent qu’on ne peut pas pêcher à l’intérieur. Il y en a toutefois moins qu’auparavant. Il s’agit surtout de deux ou trois jeunes pêcheurs de Pihaena. Ce sont toujours les mêmes. On retrouve parfois aussi des pêcheurs de Papetoai et de Maharepa dans l’AMP. Je vais à chaque fois à leur rencontre pour les informer. Il faut que l’on continue sans cesse à surveiller et à informer, sinon les braconniers reviennent à coup sûr. Il y a beaucoup de poissons dans l’aire marine protégée. C’est ce qui attire certains pécheurs. Il faudrait aussi que la brigade nautique soit plus présente dans l’eau. Quand on appelle les mūto'i, le soir ou dans la nuit, ils nous disent qu’ils ne peuvent pas intervenir pace qu’ils sont fermés. C’est pourtant pendant la nuit que les braconniers viennent.”

Rédigé par Toatane Rurua le Mercredi 10 Mai 2023 à 22:33 | Lu 1288 fois