Tahiti Infos

Les premiers vaccins anti-Covid inoculés "dès la semaine prochaine"


Tahiti, le 8 janvier 2021 - Un premier lot de 14 625 doses de vaccins anti-Covid Pfizer-BioNtech est arrivé à Tahiti jeudi soir à bord d’un avion affrété par l’État. Le lancement de la première phase de vaccination est annoncé dès la semaine prochaine. Une prochaine livraison de vaccins aura lieu au mois de février, indique le haut-commissaire.
 
"C’est la solidarité nationale qui s’exprime", a d’emblée souligné le haut-commissaire Dominique Sorain depuis le tarmac de l’aéroport de Tahiti-Faa’a jeudi soir. Attendu depuis plusieurs semaines, le premier lot de 14 625 vaccins est arrivé en début de soirée à Tahiti, conditionné dans des caissons isothermes. L’avion affrété par l’État pour le transport de ce précieux chargement venait de livrer quelques heures auparavant un nombre équivalent de doses de vaccin anti-Covid en Nouvelle-Calédonie.
 
Pour la Polynésie française, selon le planning présenté mardi par les autorités sanitaires, il s’agit d’une première dotation nécessaire au lancement de la phase 1 de la campagne de vaccination contre le Covid-19. Celle-ci doit démarrer "dès le début de la semaine prochaine", a confirmé le ministre de la Santé jeudi, en estimant que les centres de vaccination de Tahiti "pourront fonctionner à plein d’ici une dizaine de jours".
 
Les vaccins de la 1ère phase
 
Comme annoncé par la Direction de la santé mardi, ce traitement immunitaire sera dans un premier temps ciblé sur un public très restreint et principalement dans l’archipel des îles du Vent : des personnes de 75 ans et plus qui présentent un risque important de mortalité en cas d’infection ; le personnel des établissements sanitaires ; les praticiens libéraux de Tahiti et Moorea. Cette première phase du traitement immunitaire des Polynésiens concernera également le personnel des hôpitaux de Nuku Hiva et de Raiatea.
"L'idée est de prioriser les arrivées de vaccins aux personnes les plus susceptibles de développer des formes symptomatiques qui pourraient devenir graves, entraînant hospitalisation, réanimation et décès", expliquait mardi Pierrick Adam, le responsable du programme des maladies infectieuses à la Direction de la santé, en charge de la campagne de vaccination. Mais il s’agit aussi d’utiliser cette première dotation en vaccins pour protéger le système de soin.
 Seules 7 312 personnes pourront dans un premier temps se voir administrer un traitement préventif. Une vaccination complète requiert en effet deux injections par personne à 21 jours d'intervalle. 

Jeudi soir, le lot de 14 625 vaccins est arrivé conditionné dans des emballages capables de maintenir le précieux traitement à une température de -80°C. Ces boîtes isothermes peuvent servir de lieu de stockage durant 16 jours dès lors qu'il est possible de les remplir de carboglace. Mais selon le ministre de la Santé, tout est organisé à l’Institut Malardé pour les accueillir dans des conditions optimales. Une fois décongelées, les doses peuvent être stockées à une température comprise entre 2°C et 8°C jusqu'à 5 jours avant d’être inoculées. 

Premières vaccinations "en début de semaine"
 
Seul un nombre très limité de personnes pourront être traitées. Mais cette première phase de la campagne de vaccination marque le coup d’envoi d’un programme généralisé pour un traitement immunitaire qui devrait s’étaler sur plusieurs mois en 2021. Les vaccins seront administrés à titre gratuit et non obligatoire dans des établissements affiliés à la Direction de la santé publique. Quatre centres de vaccination dédiés doivent être ouverts de 13 à 17 heures, cinq jours sur sept, à Tahiti et un à Moorea. La vaccination débutera dès lundi dans les quatre centres de Tahiti, à Taravao, Mahina, Papara et au kiosque infos santé.
 
Il faudra attendre la livraison de nouvelles doses de vaccin pour lancer la deuxième phase de cette campagne. Une prochaine livraison de vaccins est attendue courant février, a indiqué le représentant de l’État jeudi. Cette deuxième phase prévoit un élargissement du spectre aux personnes de 60 - 74 ans, au personnel médico-social ou social, ainsi qu'aux "professions essentielles au fonctionnement du Pays", à l'instar par exemple des armateurs, des pompiers ou des mūto'i. Viendra ensuite la phase 3 qui vise les 18 à 59 ans avec carnet rouge, ainsi que le personnel de santé ou des professions essentielles qui n'auraient pas encore été vaccinées. La phase 4, concernera le reste de la population.

Les premiers injections en début de semaine

Jacques Raynal, ministre de la Santé.
 
Le Pays a-t-il une visibilité suffisante sur les livraisons de l’État pour organiser sa campagne de vaccination ?
"Nous n’avons pas une grande visibilité mais nous avons une grande confiance. La France nous a intégrés dans ses commandes groupées avec la communauté européenne. À ce titre, nous avons une dotation de vaccins prévue en fonction de notre population. Cette dotation est pérenne. Des lots de vaccins arriveront régulièrement."
 
Quand commencent les premières vaccinations ?
"Dès la semaine prochaine les équipes de la Santé vont roder les processus en commençant à vacciner. Dès le début de la semaine prochaine. Et on peut dire que d’ici huit jours les centres de vaccination prévus –Taravao, l’hôpital, le kiosque info santé, Mahina et Papara– pourront fonctionner à plein. Nous n’avons pas de problème logistique. Nous avons eu le temps de nous mettre en place. L’Institut Malardé va accueillir les doses que nous venons de recevoir." 
 

"Une prochaine livraison au mois de février"

Dominique Sorain, haut-commissaire de la République
 
D’autres vaccins plus faciles à transporter sont-ils attendus ?
"Un autre vaccin est en cours d’homologation au niveau national et pourrait être livré ici prochainement."
 
Avez-vous une visibilité là-dessus ?
"Pour l’instant nous avons reçu 15 000 doses pour la vaccination de 7 500 personnes. Cela nous amène à une prochaine livraison au mois de février."
 
La régularité des livraisons de l’État suffira-t-elle pour éviter toute pénurie ?
"Il y aura des livraisons régulières. La prochaine aura vraisemblablement lieu au mois de février."

"Nous avons besoin de nous faire vacciner"

Édouard Fritch, président de la Polynésie française

 Vous les entendez ces Polynésiens qui redoutent de se faire vacciner ?
"Non seulement je les entends, mais je les ai rencontrés aussi. Mais il faut écouter le plus grand nombre d’entre eux. Allez rencontrer les vieux dans les lotissements sociaux de Pirae. Ils veulent tous se faire vacciner parce que depuis trois à quatre mois ils sont enfermés chez eux. Ils ont peur d’être atteints du Covid. Je vous assure que maintenant, ils ont la conscience tranquille parce qu’ils vont se faire vacciner."
 
A-t-on la certitude d’une immunité au Covid après la vaccination ?
"Je ne suis pas chercheur. Ce qui est certain c’est que nous avons besoin de nous faire vacciner si nous voulons nous protéger. Y aura-t-il des conséquences ou pas ? C’est l’histoire qui nous le dira."
 
Allez-vous vous faire vacciner ?
"Oui. (…) Mais d’abord le personnel médical et les personnes âgées de plus de 75 ans. Je n’ai pas encore l’âge. J’attendrai."

Rédigé par Jean-Pierre Viatge et Vaite Urarii-Pambrun le Vendredi 8 Janvier 2021 à 08:38 | Lu 2622 fois