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Les premiers œufs polynésiens certifiés bio


Steeve Pommier et son fils Ariihau Pommier au premier plan, accompagnés par Sylvain Todesco, consultant.
Steeve Pommier et son fils Ariihau Pommier au premier plan, accompagnés par Sylvain Todesco, consultant.
Tahiti, le 25 novembre 2021 - Deux élevages de poules pondeuses viennent tout juste d’obtenir le label Bio Pasifika. Il a été délivré par le SPG Bio Fetia après plus d’une année de travail sur la charte et sur la mise en place des conditions d’élevage.

Les deux premiers producteurs d’œufs à avoir obtenu le label Bio Pasifika sont I Feel Bio de Arutua et Vaihutifresh de Raiatea. Ces deux petits élevages de poules pondeuses sont les seuls aujourd’hui, et depuis le 23 novembre 2021, à pouvoir garantir une origine bio de leur production.

Il faut savoir qu’il existe dans le monde plusieurs labels bio, dans le Pacifique existe le label Bio Pasifika. Ce label apposé sur des fruits, légumes, et désormais des œufs et même du miel, garantit au consommateur que la culture et l’élevage respecte les règles strictes d’une agriculture sans engrais ni pesticides chimiques, qui respecte par ailleurs la biodiversité et le bien-être animal. En Polynésie, le label Bio Pasifika est octroyé par le SPG Bio Fetia. “Notre rôle est d’aller dans les exploitations et de faire des inspections pour vérifier le respect de ces règles”, précise Poeiti Lo, directrice de Bio Fetia.

La labellisation d’élevage de poules pondeuses répond “à une attente des consommateurs et des éleveurs”, explique Poeiti Lo. “Nous avons dû, avant de pouvoir le faire, rédiger une charte, monter un certain nombre de documents car à l’origine le SPG se concentrait surtout sur les productions végétales.

Un cahier des charges très lourd

Ce travail de mise en place des documents a pris plusieurs mois. “Le cahier des charges est très lourd”, justifie Sylvain Todesco, consultant. Il est le rédacteur de la charte. “Il faut évidemment que l’alimentation soit bio. Mais ce n’est pas tout. Les poules doivent avoir un parcours d’au moins 600 mètres carrés et un poulailler d’au moins 40 mètres carrés, qu’elles ne soient pas plus de 6 au mètre carré en intérieur et 4 au mètre carré en extérieur.” Le parcours doit être arboré et ne doit pas être recouvert d’une surface type bitume par exemple. “Sans cela, les poules ne sortent pas, il fait trop chaud pour elles.”

Poeiti Lo ajoute “nous regardons au-delà du seul poulailler et du seul parcours pour attribuer le label. Nous tenons compte de la gestion globale de l’exploitation : eau, fientes…

Steeve Pommier est installé à Arutua. Il a obtenu le label pour sa marque I Feel Bio. Voilà plus d’une année qu’il travaille à la mise en place de son élevage de poules. Il est perliculteur et a souhaité élargir son activité en raison d’une baisse d’activité. Il a installé deux fois 150 poules sur un motu. Il fait également du miel et de la vanille qu’il espère voir labélisés sous peu eux aussi, un peu de canne à sucre, du pitaya. Il est équipé de citerne pour l’eau et a fait installer un désalinisateur pour prendre le relais en cas de sécheresse. L’ensemble fonctionne de manière cohérente. Pour lui et sa famille qui cherchent à s’alimenter et vivre sainement, c’est une suite logique. “Nous mettons en avant le bien-être des animaux avant la quantité.”

Les œufs bio de Arutua arriveront à Tahiti dès la semaine prochaine. Ils seront vendus dans deux magasins, “d’autres aimeraient pouvoir en vendre mais nous ne pouvons répondre à la demande. Nous ne ramassons pas plus d’une vingtaine de douzaines par jour.” Les œufs sont envoyés à Tahiti chaque semaine. Ils partent soit par avion, soit par bateau. “Nous ne faisons que du frais, pas de l’ultra-frais”, précise Steeve Pommier.

Le prix des œufs bio est multiplié par deux environ par rapport aux œufs produits dans un élevage conventionnel. Mais il se justifie. “Ce qui pèse le plus c’est l’alimentation bio, elle compte pour près de 80% du prix de revient de l’œuf.” Malgré le tarif, les deux producteurs d’œufs bio ne pourront pas répondre à la demande, même en augmentant leur production. “Nous irons jusqu’à 1 000 poules”, annonce Steeve Pommier, “au-delà nous sommes confrontés à des problématiques d’hygiène d’un tout autre niveau.” D’autres éleveurs ont engagé un processus de labélisation selon Bio Fetia. Il faudra être patient “car il faut plusieurs mois pour mener à bien ce processus”, indique Sylvain Todesco. Il faut par exemple laisser s’écouler six mois entre une première et une deuxième inspection. La labellisation est valable un an.

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FB : SPG BIO FETIA

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 25 Novembre 2021 à 19:16 | Lu 2211 fois