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Les praticiens hospitaliers rongent leur frein depuis 2009


Il y a actuellement environ 160 médecins praticiens hospitaliers titulaires en Polynésie française. La grande majorité (150) est en poste au CHPF. Ici une photo prise lors de la grève de mars 2013, entamée par que l'administration refusait de prendre en compte l'ancienneté complète d'un  médecin oncologue lors sa titularisation en Polynésie française.
Il y a actuellement environ 160 médecins praticiens hospitaliers titulaires en Polynésie française. La grande majorité (150) est en poste au CHPF. Ici une photo prise lors de la grève de mars 2013, entamée par que l'administration refusait de prendre en compte l'ancienneté complète d'un médecin oncologue lors sa titularisation en Polynésie française.
PIRAE, le 16 février 2016. Le dossier du recrutement d'un médecin spécialiste en anatomo-pathologie pour le laboratoire de l'hôpital, contrarié un temps, sur le sujet de la complète reprise d'ancienneté de ce praticien a mis le feu aux poudres. Même si ce cas particulier a été réglé la semaine dernière, il a remis en lumière un vieux conflit.

Pour comprendre la grogne des praticiens hospitaliers de Polynésie française, il suffit de relire ce qui a été dit ou écrit lors des conflits sociaux de 2009, 2010, 2011 et 2013. A chacun de ces mouvements de grève, le fond du problème exposé par ces médecins est la situation absurde dans laquelle ils se retrouvent englués depuis si longtemps et qui résulte de l’obsolescence des textes réglementaires sur le statut de la fonction publique hospitalière en Polynésie française "qui n'ont pratiquement pas évolué depuis 1996". Or, depuis 20 ans, le métier de médecin hospitalier a beaucoup changé, ici comme en France métropolitaine. Résultat : "le recrutement de spécialistes du meilleur niveau risque d’être de plus en plus difficile. Déjà pour parvenir à pourvoir les postes de certaines spécialités du CHPF, les recrutements doivent se faire hors des conditions statutaires" précise l'un des points de revendication du SPHPF (syndicat des praticiens hospitaliers de Polynésie française). Des textes sans cesse remis à jour en métropole, mais pas ici.

En effet, si une actualisation des textes a effectivement été négociée en Polynésie française, avec quatre protocoles d’accord signés en 2009, 2010, 2011 et 2013, ils n’ont de fait, jamais appliqués. Le 22 décembre 2015 un courrier remis lors d'une réunion intersyndicale du Centre hospitalier de Polynésie française demandait une fois de plus que la modification des conditions de la reprise d'ancienneté soit rediscutée rapidement avec le syndicat des praticiens hospitaliers et présentée à l'assemblée de Polynésie. Mais "à ce jour aucune suite n'a été donnée à cette demande".

PAS DE DISCUSSION, PAS DE CONCERTATION

Or, dans le même temps un projet de délibération sur l'organisation et la permanence des soins dans les hôpitaux périphériques de la direction de la santé a été présenté au Conseil supérieur de la fonction publique le 27 novembre 2015. Il est vrai que le besoin d'organisation est réel. Mais "il n'y a jamais eu de concertation sur ce projet de texte avec les praticiens hospitaliers de la direction de la santé ni avec le SPHPF qui les représente. Cette absence de concertation risque d'être à l'origine de nouveaux conflits liés à l'imprévoyance des réalités de l'exercice professionnel des praticiens hospitaliers". Là aussi une demande de rencontre avec les ministres de tutelle a été transmise au gouvernement mais aucune réponse n'a été apportée à cette demande.

C'est pourquoi, la situation du recrutement de ce médecin spécialiste en anatomo-pathologie dont l'ancienneté n'était pas reprise complètement pour son recrutement au CHPF a "mis le feu aux poudres" après plusieurs années de promesses non tenues. "Nous n'avons pas été reçus par nos ministres de tutelle depuis plus de deux ans. Dès que l'on parle de médecins hospitaliers les portes se ferment. Toutes nos demandes adressées par mail, par téléphone ne sont pas traitées. Tout est bloqué" remarque Marc Lévy, le président du Syndicat des praticiens hospitaliers de Polynésie française (SPHPF). La menace d'une grève à compter de lundi prochain permettra, peut-être, de mettre un pied dans la porte.



Entretien avec Marc Lévy, président du syndicat des praticiens hospitaliers de Polynésie française


Le préavis déposé vendredi dernier prévoit un début effectif de la grève le lundi 22 février prochain, ce qui coïncide avec la visite du président de la République. La date a-t-elle été choisie de manière opportuniste ?

Le dossier concernant le recrutement du médecin anatomo-pathologie qui a provoqué tout ce remue-ménage n'est pas de notre fait ! Si finalement ça se passe comme ça et à cette date, nous n'en sommes pas responsables. Même si ce dossier est réglé à présent, cela fait plusieurs mois déjà que les collègues sollicitent le syndicat pour faire quelque chose. Ce problème de recrutement difficile où la totalité de l'ancienneté n'est pas prise en compte est clairement dû au fait qu'il y a un retard considérable au sujet du statut des praticiens hospitaliers en Polynésie française. Il fallait qu'on en parle. Alors bien sûr, la visite de François Hollande cela donne un certain dynamisme à notre mouvement, à nos revendications qui sont très anciennes. Certaines ont commencé à être abordées en 2009 avec nos ministres de tutelle et ne sont toujours pas réglées depuis.

Puisque le cas précis de ce médecin spécialiste a trouvé une solution acceptable la semaine dernière pourquoi maintenir la pression ?

Parce que l'enjeu majeur c'est d'arriver à conserver l'attractivité de nos hôpitaux polynésiens pour que nous puissions continuer à avoir ici des spécialistes du meilleur niveau afin de poursuivre le projet médical du territoire. En France aussi les hôpitaux sont confrontés à une pénurie gravissime de médecins spécialistes mais les devants ont été pris : avec la possibilité de prolonger l'activité de ces médecins jusqu'à 70 ans. Mais la Polynésie française a pris du retard pour continuer à faire fonctionner nos hôpitaux. En attendant, pour régler les soucis de recrutement auxquels nous sommes confrontés, ce sont des marchandages, au cas par cas, qui ne sont pas sains du tout alors que l'on ne respecte pas les droits sociaux.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 16 Février 2016 à 09:12 | Lu 171 fois