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Les pompiers d'aérodrome dénoncent un “boycott”, la vice-présidence “une prise d'otage”


Tahiti, le 30 janvier 2023 – Quatre mois après la signature d'un protocole d'accord, la Fédération de rassemblement des agents de l'administration de la Polynésie a déposé un nouveau préavis de grève, vendredi. Celui-ci concerne les structures de la Direction de l'avion civile. Les pompiers d'aérodrome dénoncent notamment le “non-respect” du protocole d'accord signé début octobre. La grève doit entrer en vigueur ce vendredi, en même temps que l'ouverture du Salon du tourisme. La vice-présidence, qui dit ne pas comprendre ce nouveau préavis, estime qu'il s'agit d'une “prise en otage” de la population des îles et des acteurs du tourisme.
 
La Fédération de rassemblement des agents de l'administration de la Polynésie (Fraap) repart au combat. Quatre mois seulement après la signature d'un protocole d'accord qui avait mis fin à trois jours de grève, la fédération a déposé, vendredi, un nouveau préavis de grève à durée illimitée concernant toutes les structures de la Direction de l’aviation civile (DAC). Parmi les revendications, la mise en place d'un concours de recrutement de 29 postes de pompiers d'aérodrome et d'un examen professionnel du cadre d'emploi du statut particulier des pompiers d'aérodrome, ainsi qu'un “réajustement des indemnités de sujétions spéciales (ISS)” en faveur de plusieurs fonctionnaires territoriaux dont les chefs d'aérodrome, mais surtout le “respect et l'application des dispositions du protocole d'accord de fin de conflit” signé le 2 octobre dernier.
 
En septembre dernier, les pompiers d'aérodrome demandaient dans leurs revendications une revalorisation de 10% des indemnités de sujétions spéciales, puis au cours des négociations pendant la grève, ils étaient passés à 20%. “C'est parce qu'il y a 10% de minoration”, explique le pompier syndicaliste Gérard Barff. “Il y a un arrêté qui dit que le Pays prend 10% sur l'ISS. C'est pour ça qu'il faut mettre à 20% pour que le Pays mette ses 10% dans la poche pour qu'il y ait 10% qui nous reviennent.” Face à l'impossibilité de trouver un accord sur ce point, les grévistes avaient alors proposé la mise en place d'une commission paritaire qui devait permettre de “travailler sainement et en toute transparence” sur les réajustements. Une proposition faite afin de “ne pas bloquer plus longtemps avec la grève”, précise Gérard Barff. Mais aujourd'hui, les pompiers d'aérodrome reprochent le “boycott” de cette commission par le gouvernement. Une seule réunion a été organisée au cours des quatre derniers mois et la date butoir pour la remise des travaux était fixée au 15 janvier. Mais à cette date, les pompiers disent n'avoir rien reçu et déplorent un “manque de communication” de la part du gouvernement.
 
Du côté de la vice-présidence, qui a répondu dimanche par voie de communiqué, c'est “l'incompréhension”. Elle indique avoir reçu, le 24 janvier, une lettre lui demandant de faire un point de situation sur les engagements résultant du protocole d'accord signé début octobre. Elle explique alors avoir sollicité, le 27 janvier à 9h30, le secrétaire général de la Fraap et les délégués syndicaux de la DAC pour leur proposer un rendez-vous à 14 heures le jour-même pour leur rendre compte de l'avancée des travaux, ce à quoi elle a reçu une réponse négative dans la matinée, pour recevoir, une heure après, le préavis de grève. Selon le syndicaliste Gérard Barff, “ils ont eu écho que le vendredi 27, on était en train de déposer le préavis de grève et à ce moment-là, ils ont dit 'on va vous répondre'. Mais ça suffit de nous manipuler comme ça !” Pour la vice-présidence, “la mise en œuvre de tous les points figurant dans le protocole d’accord du 2 octobre 2022 a été effectuée avant le 15 janvier 2023, comme prévu. Certains points du protocole sont réalisés et terminés ou sont en cours de réalisation”. “Seulement deux points, et les points les plus rapides”, renchérit Gérard Barff.

Grève pendant le Salon du tourisme

Dans ce nouveau préavis, face à l'absence d'indications sur l'avancée des travaux de la commission paritaire, la revendication principale porte une nouvelle fois sur l'augmentation des indemnités de sujétions spéciales. Une demande de hausse de 20%. Dans son communiqué, la vice-présidence indique que “ces revendications de hausse des ISS ne sont pas justifiées par des modifications substantielles de la charge de travail ou des responsabilités affiliées”. “C'était justement à la commission paritaire d'amener tous les éléments”, répond Gérard Barff. “C'est par rapport à la responsabilité pénale que nous avons et le niveau de sécurité. C'est plus technique. Avec la commission paritaire, on aurait mis sainement les choses à plat.”
 
La vice-présidence s'indigne également du timing choisi par la Fraap. En effet, si aucun accord n'est trouvé d'ici là, la grève sera effective vendredi matin à 0h, jour de l'ouverture du Salon du tourisme. En septembre dernier, la grève avait également concordé avec le salon. “Il ne peut pas y avoir de coïncidence”, selon la vice-présidence qui regrette une “prise en otage” de la population des îles et des acteurs du tourisme. “Le salon du tourisme, ce n'était pas notre objectif”, se défend Gérard Barff. “Malheureusement pour eux, ils étaient là à ce moment dans le planning. C'est vrai qu'il y aura un impact, on est vraiment désolé, mais ils n'étaient pas la cible.” Une rencontre est prévue ce mardi, à 14 heures, à la présidence pour entamer des négociations.

La signature du protocole d'accord, le 2 octobre dernier, après la précédente grève.
La signature du protocole d'accord, le 2 octobre dernier, après la précédente grève.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Lundi 30 Janvier 2023 à 17:49 | Lu 1683 fois