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Les planteurs de bananes des Antilles veulent se faire entendre du gouvernement


Crédit PASCAL PAVANI / AFP
Crédit PASCAL PAVANI / AFP
Pointe-à-Pitre, France | AFP | lundi 18/09/2023 - Arrêt des pesticides, absence de revalorisation des aides à la filière... Les planteurs de bananes antillais doivent échanger lundi avec les ministres concernés pour leur exposer leurs revendications.

"Nos coûts ont explosé depuis plusieurs années", a assuré à l'AFP Francis Lignières, président du groupement bananier Les planteurs de Guadeloupe, après une première rencontre avec le préfet de l'archipel la semaine dernière.

Avec l'arrêt de l'épandage aérien et, plus récemment, l'interdiction du glyphosate, "le désherbage se fait donc à la débroussailleuse, ce qui représente un surcoût de 5.000 euros par an et par hectare, car ça pousse vite en milieu tropical", explique le producteur.

Selon lui, la filière ne demande pas "un retour à ces pratiques phytosanitaires", mais "un accompagnement financier, car à tout cela est venu s'ajouter l'inflation galopante, les calamités agricoles comme la sécheresse ou les événements comme les tempêtes". 

Ou les maladies, comme la cercosporiose noire qui attaque les feuilles du bananier, fragilisant les régimes. En 2019, une variété résistante à cette maladie, "La Pointe d'Or" avait été mise au point, mais elle n'avait pas toléré l'export et arrivait noire sur les étals des enseignes bio de l'Hexagone.

"Une variété israélienne est prometteuse: nous pourrions planter chez nous, mais elle est soumise à toute une batterie d'autorisations", souligne Francis Lignières. Pour planter une nouvelle variété, la filière demande également une aide financière : "cela prend 5 ans environ de tout remplacer, c'est un risque financier."

Quant à l'enveloppe de 10 millions d'euros promise à l'agriculture outre-mer par Elisabeth Borne en mai pour les producteurs de fruits et légumes, "la banane export n'est pas éligible", a regretté auprès de l'AFP Philippe Aliane, directeur général du groupement bananier guadeloupéen.

Or, la filière antillaise, qui subit la rude concurrence d'autres pays producteurs, exporte 95% de sa production, notamment vers la métropole. 

Selon France Agrimer, en 2022, la production antillaise s'élèvait à 207.000 tonnes (+1,9 % par rapport à 2021), couvrant 28% des besoins de la France, le reste provenant d'Afrique et d'Amérique latine.

Quant à l'enveloppe de l'aide européenne pour l'agriculture outre-mer, le Poséi, "elle n'a pas été revalorisée depuis 2007,", affirme M. Lignières.

Dans un rapport rendu public vendredi, faisant le bilan des subventions à l'agriculture ultra-marine, la Cour des Comptes a elle observé que le mode de calcul du Poséi se traduisait par "un niveau de soutien relativement constant d’une année sur l’autre, en dépit de la baisse de la production de bananes aux Antilles observée depuis 2017", en raison notamment du cyclone Maria.

Cela se traduit par des soutiens financiers globalement "supérieurs à la valeur des productions", souligne la Cour.

le Mardi 19 Septembre 2023 à 06:10 | Lu 277 fois