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Les plaintes contre Mario Banner dépaysées à Nouméa


Tahiti, le 28 mars 2023 – Le procureur de la République, Hervé Leroy, a indiqué lundi soir par voie de communiqué que les plaintes déposées par deux commandantes de police pour harcèlement moral à l'encontre du directeur de la DTPN, Mario Banner, ont été dépaysées à Nouméa le 7 février dernier. Une mise au point qui intervient après la lettre ouverte publié lundi par l'avocat des plaignantes, Me Thibaud Millet. 
 
Dans un communiqué diffusé aux médias lundi, le procureur de la République, Hervé Leroy, a répondu à la lettre ouverte publiée par Me Thibaud Millet dans le cadre de l'affaire d'accusations de harcèlement moral qui oppose deux de ses clientes, commandantes de police, au directeur territorial de la police national (DTPN), le commissaire Mario Banner. Dans un document diffusé lundi sur le site de nos confrères de Tntv, l'avocat affirme, qu'en “dépit des liens évidents existant entre le procureur et le directeur de la police”, les plaintes n'avaient pas été dépaysées. Il annonce s'être constitué partie civile auprès d'un juge d'instruction. Dans son communiqué, le procureur de la République confirme que lesdites plaintes “ont fait l'objet – sur [sa] demande – d'un dépaysement par le procureur général près la cour d'appel de Papeete” le 7 février dernier. 
 
Cette affaire à tiroirs, qui a déjà fait l'objet de plusieurs articles dans la presse nationale, avait débuté le 22 novembre lorsqu'une cheffe d'état-major avait porté plainte pour harcèlement et dénonciation calomnieuse contre le directeur de la police, Mario Banner. Deux mois plus tard, une autre commandante de police, Valérie Bailleul – mutée à Tahiti il y a deux ans avec son époux, Jean-Michel Bailleul, qui occupe le poste de directeur du renseignement territorial – avait, elle aussi, déposé plainte pour les mêmes motifs, dénonçant le fonctionnement tyrannique de son supérieur hiérarchique. Elle avait ensuite été accusée d'avoir tenu des propos injurieux à l'encontre des Polynésiens.
 
Inspection et soutien du président
 
Suite aux plaintes déposées par les deux commandantes, l'inspection générale de la police nationale (IGPN) est venue mener une inspection fin janvier. Si cette inspection n'a pas encore produit d'effets, Mario Banner a reçu plusieurs soutiens au niveau local dont celui du président du Pays, Édouard Fritch, à trois semaines du premier tour des élections territoriales. Dans un article publié il y a quatre jours, nos confrères du Journal du dimanche ont en effet révélé qu'Édouard Fritch avait écrit au ministre de l'intérieur pour accuser le couple Bailleul d'avoir tenu des propos “racistes”. Dans ce courrier, le président du Pays a choisi de politiser l'affaire en affirmant qu'en cette période électorale, “l'aubaine est forte pour le parti indépendantiste Tavini et l'Église protestante Mā’ohi de s'immiscer dans cette affaire”pour lancer “une vaste campagne anti-française”. Il a également affirmé qu'une “mutation effective” de Mario Banner, le “seul Polynésien directeur d'un service d'État en Polynésie”serait un “très mauvais signe envoyé à la Polynésie et aux Polynésiens”.
 
C'est à la suite de la publication de ce courrier que l'avocat des deux commandantes de police, a adressé une lettre ouverte lundi dans laquelle il dénonçait l'“immobilisme” du parquet qui n'avait, selon lui, pas dépaysé les plaintes déposées par ses deux clientes. Si le procureur a donc répondu lundi soir que les deux plaintes avaient bien été délocalisées et prises en charge par le parquet de Nouméa, l'affaire est loin d'être finie. À l'issue d'une récente manifestation en soutien de Mario Banner au cours de laquelle des pancartes injurieuses contre les époux Bailleul ont été brandies, le couple a en effet déposé plainte pour diffamation publique et incitation à la haine raciale. Une plainte qui sera certainement elle aussi dépaysée. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 28 Mars 2023 à 19:52 | Lu 3347 fois