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Les pensionnaires du camp de Nauru auraient cessé leur grève de la faim


Les pensionnaires du camp de Nauru auraient cessé leur grève de la faim
YAREN, mardi 13 novembre 2012 (Flash d’Océanie) – Plus de deux cent pensionnaires du camp de rétention mis en place par l’Australie sur l’île de Nauru auraient cessé mardi leur grève de la faim, qu’ils menaient depuis plus d’un mois pour certains, afin de protester contre leur déportation vers cet État océanien du Pacifique et la durée « indéfinie » de leur séjour en attendant le traitement de leurs dossiers de demande.

Selon l’un de ces demandeurs d’asile (Iraniens, Pakistanais, Afghans ou Sri-lankais), interceptés alors qu’ils se dirigeaient vers la côte Nord-ouest de l’Australie à bord d’embarcations parties de l’Indonésie voisine, le mouvement a cessé à l’annonce qu’une mission d’Amnesty International devrait se rendre sur l’île dans les prochains jours, rapporte Radio New Zealand International.
Plusieurs de ces grévistes de la faim avaient, ces derniers jours, suscité de vives inquiétudes de la part des autorités médicales sur place, qui envisageaient une alimentation forcée.
Fin octobre 2012, plusieurs tentatives de suicide avaient été signalées.
Depuis la remise en place de ce camp, courant septembre 2012, dans le cadre d’un durcissement de la politique australienne de lutte contre l’immigration clandestine, près de quatre cent de ces boat-people y ont été transférés de l’île australienne de Christmas (au large des côtes Nord-ouest de l’Australie).
Ce durcissement répondait ainsi favorablement aux conclusions d’une commission d’enquête recommandant, à titre dissuasif, la réactivation des camps insulaires extraterritoriaux de Nauru, mais aussi de celui de l’île de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée).
Ces deux camps avaient, une première fois, été mis en place fin 2001 sous un précédent gouvernement australien mené par le conservateur John Howard.
À son arrivée au pouvoir, après les législatives de novembre 2007, le nouveau gouvernement travailliste avait décidé de les fermer.
Le camp de l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, n’est toujours pas opérationnel et fait toujours l’objet de travaux de réfection et de mise à niveau de la part des autorités australiennes, civiles et militaires.
Par ailleurs, la perspective de réouverture de ce camp, entérinée par un récent accord bilatéral entre Canberra et Port-Moresby, suscite aussi de vives protestations au plan local, notamment de la part du gouverneur de la province hôte, malgré une enveloppe d’aide annoncée de l’ordre de huit millions de dollars US (dans les domaines de l’éducation et de la santé, principalement).

La Croix Rouge a aussi effectué, en fin de semaine dernière, une visite discrète à Nauru, où une partie du dispositif humanitaire avait été assuré, depuis la réouverture du camp, par l’Armée du Salut australienne.
Cette dernière avait néanmoins exprimé de sérieuses réserves quant aux conditions de vie dans ce camp, demandant même un réexamen du dispositif et, dans l’attente, décidant de se désengager.
La réactivation de ce dispositif, depuis septembre 2012, a une nouvelle fois suscité des réactions adverses, notamment de la part du Haut-commissariat des Nations-Unies aux Réfugiés, qui souligne les conséquences de ce genre de détention insulaire sur l’état de santé psychologique des personnes.
La commission australienne chargée des droits humains s’est elle aussi prononcée en défaveur de ces arrangements.
Gillian Triggs, Présidente de la Commission australienne aux droits humains depuis juin 2012, a notamment évoqué une nouvelle fois, le 7 novembre 2012, une « atteinte aux lois internationales sur les droits humains ».
« Les demandeurs d’asile ont le droit, conformément aux lois internationales, de voir leurs demandes (d’asile) évaluées de manière diligente et appropriée. Sinon, on tombe dans le domaine de la détention arbitraire », a-t-elle notamment lancé dans un communiqué le 1er novembre 2012.
Bien qu’elle ait annoncé son intention de se rendre à Nauru dès mi-octobre 2012, Mme Triggs n’a jusqu’ici pas été en mesure de le faire.
« Les États ne peuvent éviter leurs obligations au regard du droit international en transférant des demandeurs d’asile vers un pays tiers », avait-elle poursuivi.
Dans le cadre de l’accord passé entre l’Australie et Nauru, une fois transférés, les demandeurs d’asile tombent sous le coup du droit local.
Ce processus de « désignation pour traitement régional »
http://www.minister.immi.gov.au/media/cb/2012/cb190599.htm

http://www.minister.immi.gov.au/media/pdf/papua-new-guinea-designation-statement-reasons.pdf

a été entériné par les autorités législatives papoues et nauruanes.
Ces dispositions entrent dans une logique affichée d’ « exciser » juridiquement le camp de Nauru, zone extraterritoriale, de la zone de compétence et de responsabilité de l’Australie.

Entre-temps, le gouvernement australien a procédé à l’expulsion par avions charter de plus de cent quatre vingt ressortissants Sri-lankais, à partir du camp de l’île Christmas, annonçait le 7 novembre 2012 le ministre de l’immigration et de la citoyenneté Chris Bowen.

pad

Rédigé par AFP le Lundi 12 Novembre 2012 à 22:33 | Lu 457 fois