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Les patrons proposent la prime pouvoir d'achat


Tahiti, le 26 juillet 2022 – Le gouvernement a annoncé mardi la proposition du Medef d'octroyer une “prime” de pouvoir d'achat, exonérée de charges sociales et fiscales, à l'ensemble des salariés pour compenser l'augmentation du coût de la vie sans peser durablement sur les charges des entreprises. Le Pays a dit oui, reste à présenter la copie aux syndicats.
 
L'annonce assez inattendue a été faite mardi midi à l'issue d'un point presse organisé par le ministre de l'Économie et des Finances, Yvonnick Raffin. Autorisé un peu plus tôt dans la matinée par le patronat à lever le voile sur ce dispositif discuté depuis un mois, le ministre a expliqué le principe de la “proposition d'accompagnement du pouvoir d'achat” faite par le Medef et discutée depuis avec les représentants des employeurs. “La proposition qui est faite, c'est que les employeurs participent aussi à leur niveau à octroyer une prime spéciale à tous les salariés.” Une prime qui sera “exonérée de droits sociaux et fiscaux”, a expliqué le ministre des Finances, “jusqu'à 1,5 voire 2 Smig au maximum”.
 
Contacté, le président du Medef de Polynésie, Frédéric Dock, explique que les employeurs ont souhaité trouver une alternative au “cycle inflationniste” de l'augmentation des prix, entraînant une augmentation des salaires, entraînant une augmentation des charges et des coûts pour les entreprises, entraînant une augmentation des prix, etc. L'idée est donc de proposer d'ici la fin de l'année aux partenaires sociaux une mesure “exceptionnelle” de prime plafonnée à un à deux Smig, exonérée de CST et de cotisations sociales à verser à la CPS. Une mesure de court terme qui doit, selon le patron du Medef, permettre aux entreprises de réfléchir pour la suite à des dispositifs “plus pérennes” comme l'intéressement au résultat.
 
“D'ici la fin de l'année”
 
Pour l'heure, le gouvernement a donné son accord au patronat. Le ministre de l'Économie glisse même qu'il entend faire davantage pour les plus bas salaires, mais sans s'étendre sur le sujet. “On travaille avec les employeurs pour savoir quelle est la meilleure méthode.” L'objectif reste d'avancer rapidement pour que les modalités de versement de cette prime de pouvoir d'achat, exonérée de charge, soit établies. Et le président du Medef, Frédéric Dock, de confirmer : “Il faut qu'on soit capable de poser les choses sur la table avec les partenaires sociaux d'ici la fin de l'année. C’est-à-dire au même moment que les négociations de branche de réévaluation salariale. Tout le but, c'est de présenter ces dispositions en parallèle des demandes légitimes qu'auront les représentants des salariés en fin d'année.”
 
Pourquoi plafonner la prime ? Pour coller à la réalité de l'inflation et éviter d'autres effets d'aubaine. “L'idée d'un plafond, c'est de mettre un ordre de grandeur qui puisse correspondre au maximum de l'inflation annuelle qu'on peut avoir”, explique Frédéric Dock. “Un mois de salaire, c'est 8% de rémunération annuelle et donc quand on prend la moyenne des salaires en Polynésie, une fois et demie le Smig, ça nous donne une idée du niveau d'exonération à verser. Sachant que la prime doit être versée aux plus bas salaires pour être la plus solidaire.”
 
Le gouvernement convaincu, restera maintenant à faire de même avec les représentants des salariés. Et surtout de s'assurer qu'un maximum d'entreprises jouent le jeu en versant la prime de pouvoir d'achat à leurs employés. “C'est une proposition des patrons, on les laisse faire là-dessus”, balayait-on mardi du côté du gouvernement.
 

​Frédéric Dock, président du Medef : “Doser ce dont les salariés ont besoin”

Les patrons proposent la prime pouvoir d'achat
Le Medef a proposé cette “prime” d'accompagnement du pouvoir d'achat, quel est l'objectif de ce dispositif ?

“L'objectif du Medef, c'est de répondre à la sollicitation des salariés qui constatent une augmentation des prix et qui perdent proportionnellement une part de leur pouvoir d'achat. Les chefs d'entreprise sont complètement impliqués et concernés par la situation de leurs salariés, cependant qu'est-ce qu'on a comme solution pour y répondre ? Bien sûr, il y a l'augmentation des salaires qui a déjà commencé l'année dernière et en milieu d'année. Mais dans ce cycle-là, on va évidemment rencontrer de grandes difficultés pour les entreprises. Parce que toute augmentation de salaire augmente les charges sociales, côté employeurs et côté salariés. Donc l'idée, c'est de trouver un dispositif ponctuel dans lequel on n'inscrit pas dans le temps une augmentation des coûts… Parce qu'il ne faut pas oublier qu'une augmentation des salaires entraîne une augmentation des prix, qui elle-même appelle une augmentation des salaires. C'est ce qu'on appelle le cycle inflationniste.”
 
Cette prime exceptionnelle est donc destinée à compenser les effets de la hausse des prix à court terme ?

“En mettant en place une prime sur une part de l'augmentation des salaires, cela permet de doser ce dont les salariés ont besoin et de la faire évoluer dans le temps. Ça peut donc être un dispositif ponctuel, le temps que les entreprises mettent en place des dispositifs plus pérennes. Dans un second temps, ça pourra être le fait de favoriser l'intéressement qui permet de partager les résultats quand il y en a.”
 
Le montant de cette prime sera décidé par les employeurs ?

“Évidemment, les montants seront soit à la discrétion des branches professionnelles, soit des entreprises. C’est-à-dire que les secteurs, comme le BTP, l'industrie ou l'hôtellerie par exemple, pourront les négocier au moment des discussions collectives, ou alors ces discussions pourront avoir lieu intégralement ou pour partie au sein des entreprises. Ce sont ces discussions qui n'ont pas encore abouti et qui vont se faire avec les partenaires sociaux dans un deuxième temps… Avant cela, il fallait traiter le problème des charges sociales et des charges fiscales puisque toutes les dispositions qui doivent être prises pour y arriver sont des lois du Pays qui prennent un certain temps.”
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 26 Juillet 2022 à 21:02 | Lu 3115 fois