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Les masters de maths et anglais arrêtés faute de débouchés


Les masters de maths et anglais arrêtés faute de débouchés
Tahiti, le 3 mars 2021 - Exit les masters d’anglais et de math pour la préparation du Capes à la rentrée 2021. En concertation avec la DGEE, l’UPF a décidé de ne pas renouveler ces formations à défaut de postes disponibles. C’est que les 25 derniers postes ont été raflés par de jeunes polynésiens.  
 
Les Masters en maths et anglais n'ouvriront pas à l'université de Polynésie à la rentrée alors que c'était prévu” se désole une internaute sur la page Facebook “Allo, qui sait quoi ?”. Pour la quarantaine d’étudiants en troisième année de licences dans ces deux filières, la nouvelle serait tombée comme un “coup de massue”. “J'ai cru qu'on manquait de jeunes profs polynésiens” poursuit l’internaute, provoquant une avalanche de commentaires indignés.

Et pourtant, ce sont de jeunes Polynésiens qui occupent désormais la grande majorité des postes d’enseignants dans ces deux matières, comme nous l’explique Patrick Capolsini, président de l’UPF. “Pour les maths et l’anglais, on a trop bien travaillé puisqu’on amené 25 jeunes étudiants à passer le Capes (certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré, Ndlr) et ils ont très bien réussi au concours”.

Résultat d’un “tel succès”, ces 25 étudiants ont raflé la dernière mise. Il n’y a donc plus de poste à pourvoir avant au moins quatre ans sur ces deux matières, selon les chiffres de la DGEE. Car c’est elle qui exprime ses besoins chaque année à l’université. “On travaille avec eux pour savoir quelle discipline on soumet aux instances pour l’ouverture d’un parcours en fonction de ce qu’il va venir à manquer dans les prochaines années, on se projette à deux ans, puisque le master se fait sur deux ans, précise le président. Et l’idée c’est de coller aux besoins, ça ne sert à rien de faire passer des concours à des jeunes polynésiens s’il n’y a pas de place pour eux en Polynésie.”

Ouverture d’un Master en éco-gestion et en espagnol

D’autant que pour ouvrir un master MEEF (Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation) en vue de la préparation au Capes pour enseigner dans le second degré, il faut un minimum de candidats. Soit 8 à 10 personnes. “On a des seuils votés en conseil d’administration. Mais le facteur prépondérant c’est la disponibilité des postes, d’autant que pendant un an ils vont devoir passer un stage dans les établissements”, poursuit Patrick Capolsini.

Si les postes pour l’anglais et les maths sont saturés, d’autres matières se libèrent. “On a vu qu’il y avait quelques postes à prendre en espagnol, on a donc ouvert une formation mais on ne va le faire que pour une promotion” annonce le président. Même cas de figure pour l’éco-gestion, ce qui a permis d’ouvrir une filière depuis maintenant deux ans pour préparer au concours. “On sait qu’il y aura des besoins dans quelques années en lettres sur des postes de profs de français. En histoire-géo, il y a encore des profs qui viennent de métropole, donc il y aura aussi des postes à prendre”, reprend le responsable.

"A un moment donné, tous les postes sont pris"

Et tant qu’il y a des enseignants mis à disposition (MAD) en Polynésie, il y aura des postes à prendre pour les locaux. Car en application du décret n° 96-1026 du 26 novembre 1996, la durée de la mise à disposition en Polynésie française est limitée à deux ans et renouvelable une seule fois. “On est en plein dans l’océanisation des cadres” rappelle Patrick Capolsini.  

Ceux qui veulent absolument passer le Capes d’anglais ou de maths les quatre prochaines années devront donc se tourner vers la métropole. Mais il ne faudra pas compter sur un poste en Polynésie. “On est vraiment au plus proche des besoins, mais quand vous mettez des jeunes de 25 ans sur un poste, ils les occupent jusqu’à leur retraite, souligne le responsable. Ce n’est pas un puits sans fond, à un moment donné, tous les postes sont pris”.
 

Rédigé par Esther Cunéo le Mercredi 3 Mars 2021 à 19:14 | Lu 4171 fois