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Les langues polynésiennes sur le devant de la scène


Tahiti, le 12 février 2020 - Les étudiants de l'Université de la Polynésie française ont célébré hier la Journée des langues et cultures polynésiennes. L'occasion de célébrer l'amour que la jeunesse porte aux langues et à leurs cultures, mais aussi pour le Pays de faire part de ses projets concernant la politique de promotion des langues.

L'Université de la Polynésie française (UPF) a organisé hier sur son campus sa journée des langues et cultures polynésiennes. Cette 11e édition célèbre le thème de l'amour. Pour cela, les étudiants de la filière Langues et cultures océaniennes ont inventé un nouveau mot, approuvé par la directrice de l'Académie tahitienne. Il s'agit du mot valise "here-aroha". Il est composé des mots "here" et "aroha" qui signifient tous deux "amour". Selon Faatau Keanu, membre du comité organisateur de la Journée polynésienne, il signifie "l'amour éternellement intarissable que nous portons à notre culture, à notre langue et à notre terre".

Chants et des danses ont rythmé la matinée, au cours de laquelle la boisson traditionnelle, le kava, a été proposé aux invités. Dans l'après-midi, des ateliers percussions, chants et chorégraphies maoris, des mini-conférences sur le thème de l'engagement des étudiants et de l'identité polynésienne, mais aussi sur le lien avec les tupuna, ont été proposés aux participants.



Un étude sur la situation des langues polynésiennes

Le ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu,  a expliqué que les langues polynésiennes retrouvent leurs lettres de noblesse auprès de la jeunesse et qu'il faut encourager leur pratique. Pour ce faire, le Pays a dans l'idée de réaliser une enquête conjointement avec l'Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), et un comité pilote composé, entre autres, des universitaires Jacques Vernaudon et Mirose Paia. Pour l'instant, le comité souhaite
construire une enquête représentative de la réalité des langues. Certains membres ont formulé le souhait que les réponses à l'enquête ne soient plus la seule base de l'étude, mais qu'une petite évaluation de la maîtrise de la langue polynésienne soit effectuée. Cette enquête devrait avoir lieu d'ici la fin de l'année.

INTERVIEW : Keanu Faatau, membre du comité organisateur

"Notre langue est en danger"

Quel est l'intérêt d'axer votre événement sur les langues polynésiennes ?

"Cela nous tient à cœur de montrer à la société notre amour pour notre langue, pour notre terre et pour notre culture. Le thème de cette 11e édition est "Te here e te aroha" qui signifie "l'amour éternellement intarissable", et c'est vraiment ce qui caractérise notre regard sur notre culture."

 

En tant que jeunes étudiants, quel est votre ressenti vis-à-vis de vos langues ?

"Notre langue est en danger. Je ne dirais pas notre culture car il y a la danse polynésienne qui perdure à travers le Heiva par exemple. Notre langue se meurt. On a plus besoin du français et de l'anglais, et le tahitien se réduit à une petite ethnie du Pacifique, selon certains. Nous voulons donc montrer que le tahitien est une belle langue quand on sait la parler. Et qu'il faut la partager."


le Mercredi 12 Février 2020 à 16:20 | Lu 1309 fois