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Les langues océaniennes, c’est bon pour la santé


SYDNEY, mardi 26 mai 2015 (Flash d’Océanie) – La pratiques de leur langue d’origine chez les communautés océaniennes serait non seulement bénéfique à la préservation de leur identité, mais aussi à leur santé, selon des chercheurs de l’Université de Sydney (Australie).

Un colloque sur ces thématiques s’est déroulé lundi 25 mai 2015 dans les locaux de cette université australienne.
Il est consacré au « statut des langues indigènes dans le Pacifique Français et en Australie » et implique aussi des participants français

Ce colloque, sous forme de groupe de discussions, est organisé en partenariat entre cette université (son département de recherche sur les cultures aborigènes et du Détroit de Torrès), et l’ambassade de France en Australie.
Il part du constat que « la région Pacifique peut s’enorgueillir d’abriter un tiers du total des langues vivantes de notre planète ».
Dans cette région, on peut compter jusqu’à deux mille langues, avec des records mondiaux de taux de concentration dans des pays comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée (850 langues) ou Vanuatu (plus d’une centaine).
La participation française est assurée par des universitaires et chercheurs venus de la Nouvelle-Calédonie, de Polynésie française, de Wallis-et-Futuna et de La Réunion.

Objectif : échanger les expériences et les stratégies, parfois sous forme de politiques nationales articulées, en vue de mieux reconnaître et préserver les langues indigènes dites minoritaires et de mieux les intégrer aux systèmes d’éducation en favorisant l’apprentissage de la langue maternelle.

Jakelin Tory, spécialiste des langues aborigènes et des insulaires du Détroit de Torrès à l’Université de Sydney, n’hésite pas quant à elle a aller plus loin : selon elle, outre les avantages reconnus d’un enseignement des langues maternelles à l’école, ce genre de politique de promotion et de préservation est aussi bon pour la santé au sein des communautés concernées.
En résumé : tout comme une langue peut préserver une culture et une identité au sein des communautés, elle peut tout aussi bien contribuer à une meilleure santé des individus qui la composent.
« Il a été démontré que là où on soutient la langue maternelles des personnes, leur permettant d’être éduqués dans cette langue, leur permettant de la parler de manière quotidienne, on peut constater une diminution des maladies chroniques comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires (…) C’est particulièrement vrai en Australie, dans les communautés aborigènes qui parlent encore leur langue », a-t-elle déclaré à la presse locale ce week-end.

La Nouvelle-Zélande et ses semaines des langues océaniennes

De manière plus générale, dans la région, l’un des pays les plus impliqué dans la promotion et la préservation des langues d’origine des communautés ethniques est la Nouvelle-Zélande.
Comme chaque année, dans ce pays, c’est la langue samoane qui est à l’honneur cette semaine.
Au programme : débats, événements culturels, démonstrations artistiques, folkloriques et culinaires de la part de cette importante communauté océanienne résidant en Nouvelle-Zélande (principalement à et dans les environs d’Auckland).
Concernant cette ethnie, souvent de seconde génération en Nouvelle-Zélande, la langue samoane se situe à la troisième place dans le classement des langues les plus parlées du pays (derrière l’Anglais et le Reo Maori).
Elle représente 144.000 locuteurs, selon le dernier recensement.
Pour Auckland, généralement considérée comme la plus grande ville océanienne du monde, le Samoan est même placé en seconde place.
Dans le cadre des programmes scolaires, dès le primaire, les enfants d’origine samoane ont la possibilité de parler leur langue à l’école.
Selon le corps enseignant, ils gagnent ainsi en confiance et semblent apprendre plus facilement.
Selon Peseta Sam Lotu-Iiga, ministre chargée des populations océaniennes résidant en Nouvelle-Zélande, consacrer une semaine entière à la langue samoane est « essentiel » pour préserver la culture des communautés originaire de cet État polynésien.

« Ces semaines consacrées aux langues océaniennes nous permettent ainsi de célébrer la diversité qui fait de la Nouvelle-Zélande un pays unique. Les langues contribuent à la richesse culturelle de notre société. Elles viennent faire la preuve que nous sommes des citoyens du monde », a-t-elle estimé en guise de lever de rideau de la semaine samoane, tout en s’inquiétant du phénomène de « perte des langues » au sein des communautés concernées, souvent confrontées à une érosion des valeurs identitaires et culturelles.
« Je veux croire que la semaine de la langue samoane offrira des occasions pour tous nos Samoans de se reconnecter avec leur langue et leur culture.

Dans le même cadre, tout au long de l’année, ce sont les langues de pas moins de sept communautés océaniennes qui sont, tout à tour, célébrées en Nouvelle-Zélande.
Après la semaine de la langue samoane, du 24 au 30 mai 2015, viendront successivement celles de la langue des îles Cook (3-9 août 2015), de Tonga (30 août-5 septembre 2015), de Tuvalu (27 septembre-3 octobre 2015), de Fidji (5-11 octobre 2015), de Niue (12-18 octobre 2015) et de Tokelau (25-31 octobre 2015).

Festival des Arts du Pacifique : compte à rebours lancé

Au plan régional, l’un des points culminants de lé célébration des cultures océaniennes, tous les quatre ans, est le Festival des Arts du Pacifique.
Sa prochaine et douzième édition devrait avoir lieu en 2015 dans le territoire américain de Guam.
En annonçant ces derniers jours le début du compte à rebours, exactement un an avant cette manifestation phare, le Gouverneur de Guam, Eddie Baza Calvo, a rappelé que son île deviendrait ainsi, pendant la durée de cet événement, « le centre des arts et de la culture du Pacifique ».
Les représentants, artistes et délégations officielles de quelque 27 pays et territoires océaniens sont attendus du 22 mai au 4 juin 2016.
Le thème retenu est « Håfa Iyo-ta, Håfa Guinahå-ta, Håfa Ta Påtte, Dinanña' Sunidu Siha Giya Pasifiku », soit : « Ce que nous possédons en partage : les voix unies du Pacifique ».
Le site officiel du festival :
www.guamfestpac2016.com
Organisé tous les quatre ans sous l’égide du Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique, le festival des arts océaniens, parfois surnommé les « Jeux Olympiques » des Arts du Pacifique, a été conçu, dès le départ, comme un outil privilégié afin de promouvoir et de stimuler le développement et les échanges des cultures océaniennes diverses, et ainsi lutter contre une éventuelle érosion de ces pans entiers du patrimoine culturel régional et mondial.

pad

Rédigé par PAD le Mardi 26 Mai 2015 à 06:01 | Lu 2883 fois