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Les jeunes des Australes se rassemblent autour de la culture.


Tahiti, le 8 mars 2024 - Le comité Union chrétienne des jeunes gens (UCJG) du 5e arrondissement de l'Église Protestante Mā’ohi organise un grand rassemblement de la jeunesse des cinq îles de l'archipel des Australes sur l'île de Rimatara, du 3 au 10 avril prochains.
 
Planifié pendant quatre ans, ce rassemblement met la laïcité au-devant de la scène en réunissant plus de 600 jeunes, peu importe leur confession. Le but est de “rattacher ces jeunes à leur histoire, leur culture”, témoignait la seule femme diacre de Rimatara, lors d'une semaine ponctuée d'ateliers culturels.
“Comme chaque année, on constate qu'il n'y a pas assez d'événements de jeunesse sur le calendrier des grandes manifestations", a témoigné un interlocuteur de cette conférence de presse de l'UCJG, ce vendredi, dans la salle synode de l'Église Protestante Mā’ohi à Papeete. Ce manque d'activités organisées pour la jeunesse est à craindre, raconte la seule femme diacre de l'île Raivavae. “On a cette inquiétude et ce souci de notre jeunesse, car ils quittent leurs îles natales pour venir suivre leurs études à Tahiti. De par leur isolement de la vie urbaine, ils ont parfois du mal à assimiler et à s'adapter à ce mode de vie.” Ce que craint cette diacre, c'est que ces enfants des îles abandonnent, à cause de ce nouveau style de vie urbain, leur héritage et leur culture. Ou pire, que ce mode de vie les mène à la délinquance.

Se reconnecter à la culture mā’ohi

Pour contrer le phénomène, l'UCJG accompagné par l'Église Protestante, l'Institut de la Jeunesse et des Sports de la Polynésie française (IJSPF), et l'Union Polynésienne pour la Jeunesse (UPJ) planche depuis quatre ans sur un événement capable de rassembler les jeunes autour de leur culture. L'idée a finalement abouti, il s'appellera “To’u fenua i tera ra tau e to’u fenua i teie mahana”, ce qui signifie “Ma terre aux temps anciens et ma terre d'aujourd'hui”.
“Une organisation titanesque”, témoignait Taoahere Maono de l'UPJ, notamment car “l'association des UCJG finance à plus de 90% cette organisation. C'est extraordinaire puisque les cinq îles de l'archipel des Australes se sont démenées pendant quatre ans pour pouvoir mettre en place des levées de fonds et supporter les coûts de ce projet”, preuve de la résilience des associations insulaires. Taoahere insiste d'ailleurs sur la laïcité, au cœur de l'événement.“La laïcité c'est une valeur fondatrice de la République. Elle doit permettre et non interdire. Cet événement est un rassemblement territorial, il n'y a pas de distinction de religion, c'est tout l'archipel des Australes qui est concerné. Cet événement participe au sentiment d'appartenance des enfants, à la quête identitaire du jeune Mā’ohi.”

Les spécificités de chaque îles

Du 3 au 10 avril, ce sont plus de 600 jeunes qui sont attendus à Rimatara, ramassés par le bateau Tahiti Nui à Rapa, Tubuai, Raivavae et Rurutu. Pendant cette semaine d'échange, les diverses techniques d'artisanat, de pêche et de médecine traditionnelle seront mises en avant lors d'ateliers, pour échanger et apprendre les spécificités de chaque île dans ces domaines et constater les évolutions de ces techniques dans le temps. Mais surtout, renouer avec leur culture, leur identité, sermonnait la diacre de Raivavae. “On va prendre l'exemple du four polynésien : combien de jeunes savent encore en construire un ? On a envie que les jeunes se réapproprient ces techniques car elles leur appartiennent. Ils doivent les apprendre et savoir les maîtriser. Il faut leur rappeler qui ils sont et d'où ils viennent."

Rédigé par Tom Larcher le Dimanche 10 Mars 2024 à 17:53 | Lu 1855 fois