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Les grévistes sommés de débloquer les accès à Oceania


Tahiti, le 30 décembre 2020 - Saisi d'un référé pour obstruction par la direction de la société de distribution alimentaire Oceania, le tribunal de première instance de Papeete a fait interdiction mercredi aux neuf grévistes affiliés à O oe to oe rima de faire bloquer les accès aux locaux sous peine de 200 000 Fcfp par infraction constatée.
 
Carrefour, Oceania, Marina Express… Plusieurs référés opposant des grévistes à leurs employeurs ont été examinés par le tribunal de première instance de Papeete mercredi.
 
Le premier recours étudié par la juridiction avait été déposé par la direction de la société de distribution alimentaire située à Fare Ute, Oceania, dont 9 des 21 salariés, affiliés à O oe to oe Rima se sont mis en grève et ont bloqué les accès aux locaux. À la barre, l'avocate de la gérante d'Oceania a en effet expliqué que ce mouvement de grève, dont le préavis avait été déposé le 9 décembre, avait provoqué la stupeur de sa cliente. "Aucune revendication n'a été formulée préalablement. La direction aurait accepté de discuter avec les salariés concernés mais elle a été mise devant le fait accompli", a ainsi déploré Me Pasquier avant d'aborder les revendications des grévistes. "Leurs demandes sont déplacées, voire incongrues. Ils viennent réclamer un treizième mois en cette période de crise importante alors que la société a souffert". L'avocate a également mis en avant le fait qu'il n'y avait eu aucun licenciement en 2020 au sein de cette société et que rien ne justifiait que l'on "bloque" l'entreprise dans un "contexte économique et sanitaire sinistré".
 
De son côté, l'avocate de la partie adverse, Me Kintzler, a sollicité la mise hors de cause des grévistes affiliés à O oe to oe Rima au motif qu'ils n'avaient pas été assignés et qu'aucun d'entre eux n'apparaissait sur les photos de constat prises par les huissiers. Elle a également dénoncé la "schizophrénie" de la direction qui juge les revendications des grévistes "intolérables" mais qui a avancé mercredi qu'elle était favorable à la mise en place d'un calendrier de discussions. Après en avoir délibéré, le juge civil des référés a, à titre conservatoire, "fait interdiction à la confédération de faire bloquer les accès" sous peine de 200 000 Fcfp par infraction constatée.
 

Réponse jeudi pour Carrefour

Le tribunal de première instance a également examiné mercredi le référé déposé par l'intersyndicale dans le cadre du conflit social qui l'oppose au groupe Carrefour et plus précisément sur les deux magasins situés à Arue et Punaauia. L'avocate des grévistes, Me Gauthier Feuillet, a en effet expliqué qu'elle avait saisi la juridicition pour entrave à l'action syndicale car le groupe Carrefour avait "tout mis en œuvre pour éviter de négocier". Elle a aussi demandé le paiement de deux jours de grève, au motif qu'ils étaient intimement liés à l'absence de négociations. Constitué pour le groupe carrefour, Me Chicheportiche a rappelé que cinq réunions avaient déjà été organisées entre la direction et les grévistes. Il a par ailleurs déploré que cette affaire jette "le discrédit sur la famille Wane" et "attise la haine sur les réseaux sociaux". La décision sera rendue jeudi matin.
 
Notons que les quatre référés déposés par le groupe Carrefour contre l'intersyndicale pour non-respect des mesures sanitaires ont de nouveau été renvoyés à jeudi matin car les grévistes n'avaient pas d'avocat.
 

Blocage du parking de Marina Express

Enfin, un troisième référé portant cette fois sur le blocage du parking du supermarché Marina Express a lui aussi été débattu devant le tribunal de première instance. Alors que le parking de l'entreprise est bloqué depuis le 23 décembre par les grévistes, l'avocat de la direction a expliqué que ce blocage nuisait grandement au supermarché car les clients, qui ne peuvent plus se garer, "vont à la concurrence" et que les chauffeurs des camions de livraison prenaient de gros risques pour y accéder. Pour la défense des salariés, Me Gauthier Feuillet a quant à elle affirmé que le magasin était toujours alimenté puisque les camions de livraison avaient conservé un accès. La décision sera également rendue jeudi.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 30 Décembre 2020 à 16:32 | Lu 7049 fois