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Les grands voyageurs à travers le Pacifique


TAHITI, le 12 juin 2020 - Sorti à la veille du confinement, le nouveau Bulletin de la société des études océaniennes (BSEO) a été dévoilé ce jeudi par l’équipe rédactionnelle et la présidence de la SEO. Le bulletin s’intéresse, comme ses prédécesseurs, aux grands explorateurs du Pacifique.

Le Bulletin de la société des études océaniennes (BSEO) numéro 349 a clôturé l’année 2019. Il est sorti le 11 mars 2020, à la veille du confinement. Il vient donc d’être présenté.

Intitulé Espagnols, Slovaque, Norvégien…et encore Tupaia, il s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs. "On poursuit la thématique des grands voyageurs de l’Océanie", précise Vāhi Sylvia Richaud, la présidente de la Société des études océaniennes.

Elle ajoute, en introduction des textes de ce nouveau BSEO : "Aussi courts ou prolongés qu’aient été leurs contacts avec les insulaires de la Polynésie orientale, ces hommes de nationalités diverses venus d’horizons et de cultures différents ont laissé des récits directs et/ou indirects de leurs passages qui ont élargi et quelque part comblé des lacunes de notre vision de l’Autre et de notre connaissance de l’histoire de nos îles."

Pour rappel, les bulletins de la société compilent des textes d’auteurs aux spécialités variées. Ont participé au BSEO N°349 : Annie Baert, professeure agrégée d'espagnol et docteure en Études Ibériques, Robert Veccella, archéologue, Michel Bailleul, docteur en histoire d'outremer, le passionné d’histoire Marcel Vigouroux et Anthony Tchekemian, maître de conférences en géographie et urbanisme à l'université de la Polynésie française (UPF).

Grâce à eux, le lecteur peut découvrir l’histoire de personnages hauts en couleur comme le Slovaque Stěfánik ou le Norvégien Martin Emil Johannessen, il peu suivre les traces des Espagnols en Océanie entre 1567 et 1606, revenir sur la carte de Tupaia par l‘intermédiaire des tables d’itinéraires, ou bien encore découvrir les représentations sociales du risque sanitaire ciguatérique en Polynésie par la population tahitienne.

À propos de son sujet, Annie Baert dit avoir reçu un mot, un jour, faisant le lien entre la distance géographique et la distance culturelle lors des premiers contacts. Ce qui l’a inspiré pour son article. Elle revient sur le parcours des expéditions, sur les nouvelles réalités géographiques, la découverte des atolls "que les Européens ne connaissaient pas et qu’ils ont d’abord appelés les îles percées".

Concernant la distance culturelle, elle revient sur les peintures corporelles et les tatouages, sur les religions, l’hostilité de l’accueil, le cannibalisme ou bien encore les vols et la question des femmes.

Un personnage oublié de l'histoire de Tubuai

Par l’intermédiaire de son ami Don Travers, vivant à Tubuai, Michel Bailleul a découvert l’histoire du Norvégien Martin Emil Johannessen. "En fait, Don m’a présenté une traduction française des pages du livre de l’écrivain et réalisateur Roar Skolmen, racontant la vie de Martin à Tubuai", raconte Michel Bailleul, qui explique sa démarche.

"Ce texte me paraît digne d’intérêt pour deux raisons : la première c’est qu’il nous révèle l’existence d’un personnage oublié de l’histoire de Tubuai et la seconde qui est de voir à quel point l’Histoire peut être manipulée – involontairement – en bousculant la chronologie et en utilisant des stéréotypes."

Robert Veccala a choisi, lui, une personne "hors du commun", disparue il y a 100 ans : le Slovaque Milan Rastislav Stěfánik. Ce scientifique a choisi Tahiti pour y faire des relevés astronomique et météorologiques au début du XXe siècle.

Malgré un bulletin entier consacré à la carte de Tupaia "qui a suscité un très grand nombre de réactions", glisse au passage Vāhi Sylvia Richaud, le sujet n’est pas épuisé. Au contraire. Marcel Vigouroux, à ce sujet, a décidé de faire un parallèle avec les cartes d’itinéraires romaines. Il aborde les cartes en tant que documents routiers et de navigation.

Enfin, Anthony Tchekemian a traité le sujet de la ciguatera, non pas du point de vue biologique ou bien médical, mais du point de vue social. Il a enquêté sur la connaissance, la conscience et l’acceptation du risque, menant une enquête auprès de la population tahitienne. Tous ses résultats sont détaillés sur 30 pages.

En conclusion, le maître de conférences en géographie et urbanisme à l'UPF indique que "les facteurs culturels, culinaires et socio-économiques expliquent et justifient la consommation de poissons potentiellement à risque". Les facteurs gustatifs et nutritionnels expliquent une forte consommation, avant le facteur culturel et les habitudes alimentaires.



Contacts

FB : Société des Etudes Océaniennes
Les BSEO sont disponibles en ligne. Rendez-vous sur le site Ana’ite.



Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 12 Juin 2020 à 14:20 | Lu 1513 fois