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Les détenus de Nuutania sensibilisés aux gestes écolos


Une quinzaine de détenus ont assisté à la réunion de Nana sac plastique.
Une quinzaine de détenus ont assisté à la réunion de Nana sac plastique.
Papeete, le 27 mai 2019 - Dans le cadre de la Fête de la nature qui s'est déroulée du 22 au 26 mai, le service pénitentiaire d'insertion et de probation de Polynésie française a organisé plusieurs actions afin de sensibiliser la population carcérale à l'environnement. Le collectif Nana sac plastique est notamment venu dans l'enceinte de la prison de Nuutania pour expliquer aux détenus son combat contre la pollution plastique et plus globalement la protection de l'environnement.

"Bientôt, on risque de manger tous du plastique en mangeant notre poisson, alors ?", interroge incrédule un détenu d'une petite trentaine d'années après avoir écouté le speech de Jason du collectif Nana sac plastique. Pendant plus d'une heure, Jason leur a expliqué, diapos et petit film à l'appui, les conséquences de la pollution plastique sur les océans. "D'ici 2050, si on ne fait rien, il y a aura plus de plastique que de poissons dans la mer (…). Il existe cinq continents de plastique qui flottent sur les océans. Le plus grand fait trois fois la distance Tahiti / Les Marquises, vous vous rendez compte de sa taille ? On retrouve des pailles dans le nez des tortues, une baleine morte a été retrouvée avec 40 kilos de plastique dans le ventre", alerte le militant du collectif. Interpellés par la description de l'état des océans par le militant, la quinzaine de détenus présents se sont montrés très concernés par la situation. "Il faut faire quelque chose pour protéger nos lagons et préserver notre fenua", réagit un prisonnier plus âgé.

"LES PAILLES, ÇA SERT À RIEN ! "

"Il existe des solutions. On peut remplacer les sacs plastiques par des paniers tressés, dire non aux pailles en plastique, ne plus jeter les canettes par les fenêtres du pick-up", insiste Jason. "C'est vrai que les pailles, on peut s'en passer, ça sert à rien. Ça sert juste à faire joli dans un cocktail", admet, le sourire en coin, un détenu qui reconnait n'avoir jamais pensé à tout cela avant.
Organisée par le Spip dans le cadre de la Fête de la nature, cette intervention du collectif polynésien Nana sac plastique avait pour but de sensibiliser les détenus aux problématiques actuelles de l'environnement, une population pas toujours très au courant des bons gestes à adopter en faveur de la protection de la nature. "Cette conférence vient en complément d'autres démarches menées par le Spip en faveur de l'environnement comme nous avons pu le faire en faisant participer les personnes détenues au concours de BD Transmurailles portant sur les océans ou encore la diffusion de documentaires sur cette thématique-là. On essaye de travailler pas mal dessus", précise Mélanie Place, coordonnatrice socioculturelle du Spip.

D'AUTRES PRIORITES QUE L'ENVIRONNEMENT

Une jeune étudiante en 1re année de Master 1, Hitika Hatuuku, est également intervenue pendant plusieurs jours pour aborder ces questions écologiques avec les détenus de Nuutania. "Je me suis rendu compte que certains détenus, surtout ceux qui n'avaient pas un niveau d'études élevé connaissaient, en réalité, très peu ce problème. Ils ne se sentent pas toujours concernés. A l'extérieur, ils ont souvent d'autres priorités que l'environnement, comme se nourrir, se vêtir... Il est normal que comme le reste de la population, on leur explique ce qui se passe. On leur a diffusé deux documentaires locaux Apopo et Te tai nui a hau. Les réalisateurs sont venus et ont pu échanger avec les prisonniers. Les personnes détenues se sont rendu compte que chacun, même en prison pouvait faire un geste", conclut la jeune fille.

le Lundi 27 Mai 2019 à 13:37 | Lu 2304 fois