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Les députés de Nauru, le plus petit Etat du monde, élisent un nouveau Président


Les députés de Nauru, le plus petit Etat du monde, élisent un nouveau Président
YAREN, mardi 11 juin 2013 (Flash d’Océanie) – Les 19 députés élus ce week-end à l’occasion des législatives à Nauru ont élu mardi un nouveau Président pour cet État insulaire, en la personne de Baron Waqa, membre de plusieurs gouvernements précédents marqués par l’instabilité chronique et, ces derniers mois, un blocage des institutions au niveau parlementaire.
M. Waqa fut notamment, au cours d’une carrière politique entamée en 2003, ministre de l’éducation de ce qui est considéré comme le plus petit État au monde (moins de dix mille habitants).
Mardi, il a emporté la majorité des voix contre son seul adversaire, Roland Kun, un ancien ministre des finances.
Le scrutin a donné 13 voix à M. Waqa et 5 à M. Kun.
Lors de cette session inaugurale du Parlement nauruan, un autre point de l’ordre du jour a suivi l’élection du Président, chef de l’exécutif : l’élection de l’homme au perchoir.
À ce poste, c’est Ludwig Scotty, jusqu’à récemment titulaire de ce siège, qui a été élu.
Quant à Président Waqa, dès son élection, il a mis un accent fort sur la nécessité, désormais, de faire en sorte que la stabilité revienne dans la vie politique de Nauru, après des années de changements de gouvernements, le plus souvent provoqués par des motions de censure faisant chuter, tour à tour, les exécutifs.
Le nouveau chef de l’État a promis d’annoncer la composition de son gouvernement avant la fin de la semaine.

Les législatives de ce week-end se sont déroulées sur fond d’état d’urgence déclaré afin de permettre au gouvernement de continuer à fonctionner, malgré un blocage du Parlement et donc du vote de lois cruciales, comme la loi de finances.
Lors du scrutin de ce week-end, pour la première fois depuis une trentaine d’années, une femme, Charmaine Scotty, ancienne fonctionnaire, cousine par alliance d’un ancien Président nauruan, Ludwig Scotty, a accédé aux fonctions électives.
Sur les 19 membres de la nouvelle chambre des représentants, le taux de renouvellement a été d’un peu moins d’un tiers (6 nouveaux députés), le reste étant des vétérans de la politique locale.
Parmi les élus reconduits : Sprent Dabwido, le Président sortant, qui avait provoqué ces élections afin de débloquer une situation bloquée, entre autres, du fait d’une égalité parfaite entre majorité gouvernementale et opposition (huit de chaque côté).
M. Dabwido était aussi parvenu à réformer à minima en faisant ajouter un siège à la Chambre.
Objectif : ne plus permettre que l’hémicycle soit divisé en deux camps opposés et strictement de même force.

Le dossier du camp de détention pour immigrants clandestins

L’exploitation du phosphate a fait les beaux jours de Nauru durant la plus grande partie du vingtième siècle, avant de laisser place à une quasi-faillite à partir des années 1990.
Depuis, l’une des seules sources de revenus de l’État de Nauru vient sous forme de subsides et de compensations australiennes en échange de la réouverture d’un camp de détention pour immigrants clandestins expédiés dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler la « Solution Pacifique » de Canberra, une réponse forte aux flux continus d’immigration clandestine en provenance du Moyen Orient ou encore du Sri Lanka, via un réseau de passeurs en Indonésie, toute proche au Nord des côtes Nord-occidentales australiennes.

Ce camp, réactivé en septembre 2012 à la demande de Canberra, accueille depuis sa réouverture plus de cinq cent individus, dans des conditions contestées par les associations de défense des droits humains ainsi que le Haut-commissariat des Nations-Unies aux Réfugiés.
Depuis la réouverture de ce camp, mais aussi de celui de l’île de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée, là aussi à la demande de l’Australie), les clandestins déportés ont multiplié les actes de protestation, de grèves de la faim, d’automutilation, voire même de tentatives de suicides, afin de s’élever contre les conditions de vie dans ces « centres de traitement », ainsi que contre le fait qu’aucune durée limitée limite n’est fixée pour leur séjour insulaire.
Ian Rintoul, responsable de l’une des ONG (RAC, Refugee Action Coalition) particulièrement impliquée dans ce dossier des camps extraterritoriaux de Nauru et de Manus, estimait début mars 2013 que la situation actuelle, au plan politique local, était plutôt faite pour « arranger » le gouvernement australien, dans la mesure où les dysfonctionnements permettent aussi de ne pas traiter de manière diligente les nombreuses demandes d’accès aux réfugiés formulées par les ONG et l’ONU.
M. Rintoul cite notamment le cas de Kieren Keke, l’un des ministres démissionnaires, qui occupait le poste de ministre des affaires étrangères à Nauru et qui, à ce titre, était donc engagé dans la poursuite de négociations avec Canberra sur cet épineux dossier.
Dans le cadre de l’accord signé entre l’Australie et Nauru, concernant ce camp, la gestion de ces installations et le maintien de l’ordre sont du ressort de la juridiction locale et ne tombent par conséquent pas sous le coup des lois australiennes.
Même au plan intérieur politique australien, le parti des Verts, sous la houlette de la Sénatrice Sarah Hanson Young, mettait en garde début avril 2013 le gouvernement fédéral australien de la travailliste Julia Gillard contre l’éventuelle tentation de se servir de la situation politique à Nauru comme excuse pour faire traîner le traitement des dossiers de demandeurs d’asiles envoyés à Nauru.
« Le traitement des dossiers de demande d’asile de ces gens doit commencer dès maintenant. Et si cela ne peut être fait par les autorités locales, alors ces gens doivent être ramenés sur le sol australien. C’est aussi simple que ça », avait-elle alors lancé.

pad

Rédigé par () le Mercredi 12 Juin 2013 à 05:14 | Lu 429 fois