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Les défis de la rénovation urbaine


Les défis de la rénovation urbaine
PAPEETE, le 13 mars 2015. Pour que les politiques publiques locales soient acceptées en Polynésie française, « il faut prendre en compte « le tavana comme point d'équilibre » et avoir conscience de « l'importance des acteurs religieux », a souligné Tamatoa Bambridge, anthropologue et chercheur au CNRS, ce vendredi matin lors du colloque « Stratégies de rénovation urbaine en Polynésie française ».


En juin prochain, un nouveau contrat de ville doit être signé. L’objectif, ambitieux, est « d' éradiquer les zones enclavées souvent synonymes d'habitat indigne », a souligné Edouard Fritch, le président du Pays. Deux experts de l'Agence de la rénovation urbaine sont actuellement sur le fenua pour une mission d'assistance et d’ingénierie.
Mais pour que cela fonctionne, il faut identifier les spécificités polynésiennes. C'est l'enjeu en partie du colloque « Stratégies de rénovation urbaine en Polynésie française » qui a lieu ce vendredi au lycée hôtelier.
Tamatoa Bambridge, anthropologue et chercheur au CNRS et auteur d’une étude sur les politiques publiques locales, note que pour ces politiques publiques soient acceptées, il faut prendre en compte « le tavana comme point d'équilibre » et avoir conscience de « l'importance des acteurs religieux ».

Autre spécificité,
il note que « l'accès au logement social perçu comme un acte d'allégeance politiques et est vécu comme une relation de don, contre-don, plutôt qu'une politique publique de solidarité ». « Les nouveaux espaces d'habitation n'effacent pas les traditions anciennes avec la construction d'un rapport au sol particulier », a-t-il ajouté.

Habitat collectif ou pas ? « Très peu de gens soutiennent l'habitat concentré mais préfèrent l'habitat individuel du type de ce que fait l'Office polynésien de l'habitat», a constaté le chercheur.
Pour mettre en place cette rénovation urbaine, il conseille donc de mettre en place « une politique publique qui repose sur un dialogue réel et la nécessité d'accorder un poids identique à chaque acteur dans la décision finale ».

L'enjeu de cette rénovation urbaine c'est mettre fin à l’habitat indigne mais aussi réorganiser l'agglomération. Aujourd’hui, Papeete, Pirae, Arue, Mahina et Faa'a ont tendance à stagner en terme de population. « 40 % des habitants de l'agglo travaillent à Papeete 23 000 emplois alors que 16 % des individus de 15 ans et plus y résident », décrit Sébastien Merceron, conseiller technique à l'Institut de la statistique de la Polynésie française. «  Les déplacements travail-domicile se font principalement en voiture (69%) ou en scooter (8%) rarement en transport en commun (5%) ou à pied (5%). 29 % des scolarisés de l’agglomération le sont à Papeete alors que 16 % y habitent. Seulement un quart des élèves de l’agglomération utilisent les transports en commun contre la moitié dans les communes rurales de Tahiti. »
La réorganisation de la grande agglomération de Papeete passera également par la question des transports.



Le nouveau profil des Polynésiens

Le profil de la société polynésienne est en pleine mutation. Sébastien Merceron, conseiller technique à l'Institut de la statistique de la Polynésie française, a rappelé les principales évolutions. Il a commencé par rappeler que la croissance de la population est moins rapide. Chaque année, la population du fenua s'accroît de 1 700 personnes, un chiffre deux fois plus faible qu'entre 2007 et 2012. Le solde naturel naissance-décès est stable. L’affaiblissement de la croissance s'explique donc en partie en raison du solde migratoire. L'ISPF a constaté 1500 départs nets par an contre 250 auparavant entre 2007 et 2012.

La population vieillit.
L'espérance de vie, a augmenté de quatre mois par an en moyenne depuis 1988 pour atteindre 76 ans en 2012. En parallèle, le nombre d'enfants par femme a été divisé par deux en 25 ans. Il est passé de 3,8 en 1988 à 2,1 en 2012.

Sébastien Merceron souligne le besoin de plus de logements puisque « la décohabitation se poursuit. 3,6 personnes sont recensées par logement contre 4,7 en 1988. Traditionnellement, les Polynésiens vivaient nombreux dans un même foyer, plusieurs générations au sein d'un même foyer ».
Néanmoins, « les ménages complexes moins nombreux mais une proportion toujours importante un ménage sur cinq et plus du tiers de la population ».


Rédigé par Mélanie Thomas le Vendredi 13 Mars 2015 à 10:45 | Lu 1185 fois
           



Commentaires

1.Posté par beaulieu le 14/03/2015 23:03 | Alerter
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Les jeunes surtout veulent leur "chez sois" la vie telle que nous la concevions il y a encore 40 ans ne leur convient plus, vivre sous le même toit que ses parents implique d'être à l'écoute de ces derniers si ils ne veulent pas de conflit,et très peu désormais supportent d’être fliqué comme ils disent.
De cette incompréhension entre génération naissent des squats qui deviennent vite des lieux de délinquance.

2.Posté par emere cunning le 15/03/2015 14:24 | Alerter
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C'était tout l'intérêt d'un service tel que celui des Affaires Polynésiennes qui avait traité et fait avancer des dossiers d'indivision et de partage permettant à des familles entières de pouvoir disposer de leurs terres et d'obtenir des aides en matériaux pour y construire.

3.Posté par Fab. le 15/03/2015 23:20 | Alerter
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Il faudra se retrousser les manches pour ce très vaste chantier.
En tous cas c'est sûr et certain ce ne sera pas pour demain.
Soyez prévoyant en cas de cyclone avec des vents de 320 KMH dans le futur en POLYNESIE,
demandez l'aide internationale s'il vous plaît.