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Les communes encore trop subventionnées


Céline Gilquin, la directrice de l'AFD en Polynésie française.
Céline Gilquin, la directrice de l'AFD en Polynésie française.
Tahiti, le 24 juin 2021 – L'Agence française de développement a présenté jeudi la 8e édition de son Observatoire des communes en Polynésie française à l'InterContinental de Faa'a. Le rapport rend compte de la situation financière des communes pour l'année 2019. Une dernière photographie budgétaire avant les élections communales et le début de la crise du Covid-19.

Depuis 2014, l'Agence française de développement (AFD) publie un Observatoire des communes de Polynésie française. Ce rapport rend compte de la situation budgétaire des municipalités du fenua. Pour cette édition 2021, il s'agit d'étudier une année 2019 dans la continuité des années précédentes qui ne rend pas encore compte de l'impact de la crise sanitaire sur le budget des communes. Ce huitième volet a été présenté jeudi matin à l'InterContinental de Faa'a.
 
Un volume d'épargne inégal
 
L'observatoire propose une analyse des comptes consolidés de 2019 pour les 48 communes polynésienne et fournit un historique des tendances financières. Ce dernier rapporte que l'année 2019 s'inscrit dans la continuité des années précédentes avec des résultats en section de fonctionnement (recettes) satisfaisants. L'épargne brute totale est préservée et atteint 3,3 milliards de Fcfp. Mais il est précisé que ce volume est encore inégalement réparti selon les communes : 77,5% de l'épargne nette est concentrée dans les communes de plus 10 000 habitants, c'était 84% en 2018. Céline Gilquin, directrice de l'AFD, signale qu' "une commune de Tahiti avec une population importante va avoir des moyens financiers et des sources de revenus beaucoup plus diversifiés que les communes dans les archipels éloignés".
 
Une dépendance aux subventions
 
En 2019, le montant global investi par les municipalités atteint 9,8 milliards de Fcfp, mais les tentatives de diversification des modes de financement faiblissent. La courbe d'évolution du subventionnement ne cesse de croître pour atteindre 70% alors que recours à l'emprunt recule à 17%, son niveau le plus bas depuis 2012. Le montant total des nouveaux emprunts était de près de 1,3 milliard de Fcfp en 2018, il est seulement 416 millions de Fcfp en 2019. "Notre rapport révèle une caractéristique importante des communes de Polynésie française : la forte dépendance aux subventions publique, État et Pays. Il y a donc une capacité d'autonomie financière limitée pour les endettements et les investissements", explique la directrice de l'AFD au fenua.  
 
Des pistes d'optimisation
 
"Au vu des préoccupations des communes quant aux impacts de la crise sanitaire sur leurs budgets", l'AFD a consacré une partie de son analyse à la section de fonctionnement et aux leviers d'optimisation que les communes pourront actionner pour dégager davantage de marges de manœuvre. "L'objectif dans ce contexte de crise, c'est de dépenser mieux", affirme Sévane Marchand, chargée de mission à l'AFD. "On n'a pas encore tout le recul nécessaire pour évaluer l'impact de la crise sur les finances des communes, mais on s'attend à davantage de difficultés pour 2021 et 2022. D’où nos propositions de pistes sur l'optimisation des recettes et des dépenses des communes. Dans une perspective de crise, l'AFD peut continuer à accompagner en actionnant tous les leviers possibles", conclut Céline Gilquin.

Rédigé par Etienne Dorin le Jeudi 24 Juin 2021 à 18:40 | Lu 1809 fois