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Les cocotiers recensés eux aussi


Tahiti, le 2 septembre 2022 – La Direction de l'agriculture a mené un inventaire des différentes espèces de cocotiers en Polynésie française. La journée mondiale du cocotier, qui s'est déroulée vendredi 2 septembre, est l'occasion de faire le point sur ce travail qui s'est effectué pendant plusieurs années et qui doit permettre de valoriser la filière.
 
Alors qu'un grand recensement de la population polynésienne a lieu actuellement, un autre recensement vient de s'achever. Il s'agit de celui des espèces de cocotiers en Polynésie française. Un travail qui a débuté en 2006, mais qui s'est accéléré entre fin 2019 et 2021, effectué par la Direction de l'agriculture, avec le concours du Cirad, le centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement. La culture de cocotiers est l'une des plus importantes en Polynésie française, puisque cela couvre “70 à 80% de la surface agricole exploitée”, explique l'adjoint au directeur de l'agriculture, Jérôme Lecerf.
 
L'objectif de cet inventaire est double. À long terme, il s'agit de préserver la biodiversité. Car les espèces “ne sont peut-être pas toujours intéressantes aujourd'hui, mais elles peuvent l'être dans dix ou vingt ans pour l'adaptabilité au changement climatique, au changement des terroirs, à d'autres usages qui peuvent arriver”, précise Jérôme Lecerf. Et à moyen terme, il s'agit d'essayer de produire des cocotiers pour un usage spécifique. “Il y a des variétés qui sont plus ou moins intéressantes en fonction des usages”, poursuit l'adjoint au directeur de l'agriculture. “On souhaite diversifier la filière, ne plus faire que du coprah. Mais il y a déjà des choses qui se passent au niveau de l'eau, du lait…” En effet, le cocotier, surnommé “l'arbre de vie”, présente de multiples usages. Tout s'utilise : l'amande, la coque, le uto, le cœur de coco, l'eau, les fleurs, la bourre, le tronc, les racines et les feuilles, que l'on retrouve dans des domaines aussi variés que l'alimentation, la cosmétique, la construction, la décoration, les objets utilitaires ou les bijoux.

Plus de 6 millions de cocotiers

La cocoteraie de Polynésie s'établit à 30 000 hectares, soit plus de 6 millions d'arbres. L'inventaire a recensé quarante variétés et formes différentes, parmi lesquelles certaines sont endémiques. “Mais le Polynésien est un grand jardinier, donc il y a des variétés endémiques qui ont été croisées par les jardiniers pour créer leurs semences en fonction des caractéristiques qui les intéressent. Une chair épaisse, des grosses noix ou de la bourre très peu épaisse pour du coprah par exemple”, explique Herenui Chant-Leverdier, référente de la filière cocotier au bureau stratégie et économie. Il existe trois grands types de cocotiers : les nains, à croissance lente, qui poussent entre 15 et 30 cm par an, qui sont autogames (ils peuvent utiliser leur propre pollen pour leurs fleurs femelles) et qui ont une durée de vie de 30 à 40 ans ; les grands, qui poussent d'environ 50 cm par an, qui sont allogames (ont besoin du pollen d’un autre individu pour leurs fleurs femelles), et qui peuvent vivre jusqu'à 70 ans ; et les semi-grands. Mais qu'il soit allogame ou autogame, le cocotier est toujours issu d'une hybridation sexuelle, il ne peut pas être bouturé et ne fait pas de rejet, ce qui entraîne une grande variabilité. “La conservation des caractéristiques qui nous intéressent est donc très compliquée”, souligne Jérôme Lecerf. “Si on veut faire de l'eau de coco, il vaut mieux produire des arbres nains, parce qu'on prend des noix qui ne sont pas tout à fait à maturité. Si on les fait tomber de 15 mètres, elles se fendent”, explique Herenui Chant-Leverdier. “D'ailleurs, un des objectifs sera de produire plus de nains pour ces nouveaux usages”, complète l'adjoint au directeur de l'agriculture. “Dans le Pacifique, il y a des nains compacts, donc une grosse résistance au vent, on va essayer de les multiplier à plus grande échelle et de les diffuser.”
 
Avant de clore la phase d'identification des cocotiers de Polynésie, la Direction de l'agriculture va lancer prochainement un concours à l'attention des producteurs. “L'idée, c'est de demander aux gens s'ils ont des cocotiers un peu particuliers et d'amener leurs noix pour compléter le recensement”, précise Jérôme Lecerf. Un ouvrage sur l'inventaire et la caractérisation de toutes les formes de cocotiers en Polynésie française devrait ensuite être publié. Puis la Direction de l'agriculture va entamer la phase de sélection et de conservation des espèces.

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Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Vendredi 2 Septembre 2022 à 17:11 | Lu 1696 fois