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Les chiffres de l'emploi salarié reculent de 20 ans dans l'hôtellerie


Tahiti, le 8 février 2021 - Sans surprise, l’indice sur l’emploi dans la plupart des secteurs marchands est en recul de -5,3% sur l’année 2020, selon la dernière étude de l’Institut de la statistique de Polynésie française. Si l’emploi est lentement reparti à la hausse depuis la fin du confinement, cette reprise timide est très distincte selon les secteurs. Les patentes ont, quant à elles, flambé.
 
Dans son dernier Points Conjoncture, l’Institut de la statistique de Polynésie française (ISPF) dresse un bilan de l’emploi salarié marchand sur l’année 2020 avec des indicateurs en berne. L’institut note ainsi que "sur les douze derniers mois, l’indice de l’emploi décroît de -5,3% alors que la variation moyenne annuelle de 2015 à 2019 est de +2,6%". En termes d’emploi, la Polynésie a ainsi perdu en moins d’un an l’acquis des deux précédentes années. Un retour en arrière qui impacte des secteurs plus que d’autres.
 
La construction au rebond
 
Cette chute touche différemment les secteurs selon l’impact des restrictions sanitaires sur les entreprises. Dans ce marasme, quelques secteurs tirent relativement leur épingle du jeu. L’emploi dans les secteurs de l’industrie et du commerce est ainsi en baisse, mais ces baisses ne sont respectivement que de -1,6% et -1,8%, sous la moyenne générale. L’emploi dans ces secteurs a repris de façon continue lors de la période post-confinement, même si un léger retour en arrière est constaté. Ces deux secteurs ont retrouvé un niveau d’emploi atteint deux ans auparavant, celui de début 2018 pour l’industrie et de fin 2018 pour le commerce.
 
Si le secteur de la construction a également marqué le pas entre mars et avril 2020, il a rapidement rebondi pour retrouver un niveau d’avant crise et même plus encore. L’indice de l’emploi dans ce secteur a ainsi progressé de +6,4% sur les douze derniers mois, signe de carnets de commandes bien remplis pour une activité peu impactée par les mesures sanitaires.
 
Retour 20 ans en arrière pour l’hôtellerie et la restauration
 
Dans l’industrie des services, les différences sont encore plus marquées. Sans surprise, les chiffres de l’emploi dans le secteur de l’hôtellerie-restauration sont les plus détériorés. Sur un an, l’indice concerné chute de -23,8%. Avec la fermeture des frontières et le confinement fin mars, il a immédiatement chuté de 26,6 points et n’a que très partiellement repris dans la période qui a suivi, contrairement aux autres secteurs. Sur le dernier trimestre, cet indice, spécifique aux entreprises directement ou indirectement en lien avec l’activité touristique, s’établissait autour de 100 points, soit son niveau en janvier 2000. La nouvelle fermeture des frontières et les fermetures temporaires d’hôtel annoncées depuis une semaine devraient détériorer de nouveau cet indicateur. Pour les services autres que l’hôtellerie et la restauration, la baisse est moins abrupte. Sur les douze derniers mois, elle s’établit à -3,4%, l’indice concerné retrouvant son niveau de juin 2018.
 
Emploi public et boom des patentés
 
Si les pouvoirs publics ont mis en place des amortisseurs sociaux temporaires comme le Diese, ces dispositifs ciblés sur quelques secteurs et transitoires ont permis de réduire quelque peu l’hémorragie dans les effectifs salariés. L’économie s’est surtout appuyée sur l’emploi public, stable sur la même période. Auparavant à des niveaux très proches, le nombre d’agents salariés dans les administrations publiques est désormais nettement plus élevé (+2 200 emplois environ) que celui des secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et du commerce de détail réunis.
 
Mais ces pertes d’emplois ont surtout généré un phénomène d’adaptation rapide. D’autres données mises en ligne par l’ISPF laissent en effet suggérer un report de l’emploi salarié marchand vers l’emploi non salarié. Le recours à la patente pour retrouver rapidement une activité économique semble avoir été une alternative pour plusieurs centaines de Polynésiens. Les inscriptions de personnes physiques au registre du commerce ont en effet explosé dans la période qui a suivi le déconfinement. Ainsi, entre juin et novembre 2020, il en a été comptabilisé près de 1 931 contre 1 647 et 1 624 sur la même période en 2019 et 2018. Une hausse de près de +20% qui témoigne d’une forte résilience en temps de crise des Polynésiens, qui préfèrent créer eux-même le rebond plutôt que de l’attendre.
 


Rédigé par Sébastien Petit le Mardi 9 Février 2021 à 06:42 | Lu 1840 fois