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Les archipels se préparent à un pic de chikungunya


PAPEETE, le 8 décembre 2014. Les professionnels de santé prévoient de faire face à une augmentation du nombre de cas de chikungunya après le retour des élèves dans leurs familles dans les îles. Lutte anti-vectorielle, médecins mobilisés et médicaments commandés, les archipels se préparent.



Entre le 24 et le 30 novembre, soit une semaine, 60 cas de chikungunya ont été recensés aux Marquises, 16 aux Australes et 300 aux Tuamotu-Gambier selon le Bureau de veille sanitaire. Ces chiffres pourraient augmenter avec le retour des élèves prévus à partir de vendredi chez eux. Plus de 1 100 élèves vont ainsi retrouver leurs familles. Près de 440 enfants rejoindront ainsi les Tuamotu, 290 arriveront aux Marquises, 260 iront aux Australes, 114 seront conduits vers les îles sous-le-Vent et 35 voyageront vers les Gambier.

Dans les archipels, on se prépare à faire face à une augmentation du nombre de cas de chikungunya. « L'épidémie de chikungunya a déjà commencé. Il y a des gens qui circulent et nous amènent le chikungunya. Ce n'est pas l'explosion mais on sent que ça monte en puissance pour les vacances  », note le docteur Bruel, chirurgien et directeur par intérim de l'hôpital de Taiohae. « On a fait des redéploiements du personnel. On est prêt. Les trois médecins seront présents. »
Pour faire face aux besoins supplémentaires de médicaments, la préparatrice en pharmacie a été avisée pour « avoir un stock de paracétamol plus important le week-end (c'est l'hôpital qui fournit les médicaments le week-end, NDLR) », note le docteur Bruel.

Aux Australes, où on pense avoir déjà des cas autochtones de chikungunya à Tubuai et Rurutu, on est prêt à pulvériser de la Deltaméthrine autour des habitations où des cas de chikungunya auront été recensés. « Toutes les équipes sont au complet », explique Taïb El Boukili, responsable des structures de soin des Australes. Un plan a même été préparé au cas où l’épidémie venait à toucher le personnel médical.

A Rapa, pour l'heure aucun cas de chikungunya
n'a encore été recensé et on aimerait bien que cela dure. Là aussi, le plein de Deltaméthrine a été fait. Des médicaments ont été commandés en plus et le dégitage a été organisé. Une moustiquaire a été installée dans la chambre d'hospitalisation. Comme Rapa, Tahuata et plusieurs atolls des Tuamotu n'ont pas encore vu le chikungunya atterrir sur leurs sols.

A Rangiroa, aux Tuamotu, en revanche, on ne pense pas avoir beaucoup plus de cas de chikungunya puisque beaucoup d'élèves du collège vont rejoindre leurs îles. En revanche, au dispensaire, on note qu'il « exporteront » peut-être le chikungunya. « On leur dit de mettre du répulsif mais ceux qui viennent au dispensaire n'ont pas les moyens d'acheter du répulsif. Il faudrait qu'on distribue des répulsifs gratuitement », souligne un professionnel de santé.

A Tahiti, la fin de l'année devrait marquer le pic de l'épidémie de chikungunya.
Le bureau de veille sanitaire a enregistré un ralentissement du nombre de cas de sur l'île. "La décroissance devrait durer plusieurs semaines", a souligné vendredi Henri-Pierre Mallet, responsable du bureau de veille sanitaire, au micro de Polynésie première, dans l'émission Midi Mag.


Des répulsifs anti-moustiques arrivés par avion

Les rayons des répulsifs anti-moustiques des pharmacies sont peu remplis depuis plusieurs jours. Geneviève Pouliquen, présidente du syndicat des pharmaciens de Polynésie française, parle de « pénurie ». « Pendant trois jours, je n'avais plus rien », note-t-elle. En début de semaine dernière, des répulsifs sont arrivés par avion. « Une procédure exceptionnelle », note Jean-Michel Le Guen, P-dg de Medipac, qui importe pour les pharmacies les produits qui font fuir les moustiques.
Les répulsifs ont été répartis entre les pharmacies. Malgré ce réapprovisionnement, « Pour les répulsifs, on n'a pas tout. On n'a pas un choix aussi large que d'habitude » décrit la pharmacienne.

Geneviève Pouliquen lance par ailleurs un appel aux autorités du Pays en faveur du répulsif Heiva Stop Insectes, qui va arriver en rupture de stock. « C'est un bon rapport qualité/prix, je le conseille », souligne-t-elle. « C'est un produit efficace qui peut être utilisé par les femmes enceintes et les enfants ». Philippe Maunier, trésorier du Conseil de l'ordre des pharmaciens et dirigeant de Savonnerie de Tahiti, indique qu'il a besoin de faire venir 200 kilos de répulsifs IR 35 35 qui rentre dans la composition du Stop Insectes pour produire à nouveau ce répulsif. Celui-ci a donc contacté l’administration du Pays pour avoir un coup de pouce et pouvoir importer cette matière première par avion et ne pas attendre l’arrivée du bateau en janvier prochain. Ce vendredi, il n'avait reçu aucune réponse positive du Pays.

Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 8 Décembre 2014 à 15:31 | Lu 1323 fois