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Les Tuamotu ravagés par un cyclone… d'entraînement


Tahiti, le 8 décembre 2021 – Mercredi a eu lieu un exercice cyclone au poste de commandement du haut-commissariat. Les autorités se préparent ainsi à faire face à un éventuel élément climatique majeur qui viendrait frapper le territoire.
 
Dimanche 5 décembre, la situation est préoccupante. Le haut-commissaire informe la population qu'un cyclone menace les Tuamotu. Le lendemain, les nouvelles sont mauvaises, la situation évolue défavorablement. Le cyclone baptisé CYC21, approche de plusieurs atolls… Le mardi, il s'apprête à les frapper.

En réalité, la météo est restée clémente en ce début de semaine au Tuamotu, mais comme chaque année, les autorités se sont préparées au pire. Mercredi a eu lieu l’exercice cyclone au haut-commissariat de la Polynésie française afin de se préparer à l’éventualité d’une crise majeure pouvant être générée par un ce type d'événements climatiques. Cet exercice annuel est indispensable étant donné que le Sud du Pacifique est considéré comme une des sept grandes zones géographiques mondiales affectées par des cyclones tropicaux.
 

Poste de commandement du haut-commissariat
Poste de commandement du haut-commissariat
Gestion de crise
 
L’exercice est départagé en deux grandes séquences : en premier lieu, des interventions scénarisées des autorités, puis un point de situation du déroulé de l’exercice. Les intervenants présents étaient les acteurs principaux de gestion de crise en cas de cyclone, en l’occurrence le directeur du cabinet du haut-commissaire Cédric Bouet, le responsable de communication de Météo France Sébastien Hugony, le directeur de la protection civile, le colonel Mickaël Le Coq. Les services essentiels en cas de cyclone sont le haut-commissariat, Météo-France, le Pays (ministères de l’Équipement et de la Santé) ainsi que les Forces armées en Polynésie française (FAPF).

La convention d’exercice conçue par les services de la protection civile du haut-commissariat prévoit un “scénario grave pour la Polynésie française” puisqu’il s’agit d’un événement cyclonique “intense”, un phénomène qui va donc toucher les îles de manière successive. Le scénario de cette année concernait principalement les Tuamotu avec Takaroa, Takapoto et Fakarava pour le secteur centre-nord et Manihi, Ahe ainsi que Arutua pour le nord-ouest. La trajectoire du cyclone commençait par affecter les Tuamotu pour ensuite se diriger vers l’archipel de la Société avec les îles du Vent et des îles Sous-le-Vent passant à une distance de 86 à 130 kilomètres au nord-ouest de Tahiti et Moorea, de 40 à 80 kilomètres au sud de Huahine et Raiatea et entre 40 et 60 kilomètres de Maiao. Le bilan humain compte six décès dont un ressortissant américain, 23 personnes nécessitant des soins d’urgences, 33 personnes nécessitant des soins moins urgents et onze disparus dont huit retrouvés sains et saufs. Aussi, des dégâts matériels ont été recensés dans les atolls des Tuamotu Centre-Nord : environ 20% de l’habitat privé détruit, de nombreuses coupures d’électricité et du réseau de téléphonie portable sur l’ensemble des îles et le réseau routier affecté par submersion à certains endroits.
 

Tous les scénarios imaginés
 
En définitive, les services déployés en cas de cyclone avéré sont d’ores et déjà préparés afin d’assurer de manière efficace une gestion de crise et une assistance à la population. Tous les scénarios ont été imaginés pour se préparer au mieux à la prise de soin ou à l’évacuation des personnes, notamment en ce qui concerne la population de l’archipel des Tuamotu.
 

Quid de la crise sanitaire…
 
L’année dernière, cet exercice cyclone n’a pas pu se produire étant donné la situation sanitaire. Cette année, l’exercice a eu lieu puisque comme l'explique le directeur du cabinet du haut-commissariat, Cédric Bouet, “une fenêtre de tir” s’est présentée.
En outre, au vu des circonstances actuelles, il serait évidemment difficile de concilier la gestion d’une crise sanitaire et d’une catastrophe naturelle si un cyclone venait à s’abattre sur la Polynésie française. Cédric Bouet affirme que si cela venait à se présenter, la mise en sécurité de la population face au cyclone serait une priorité, même si la gestion de la crise sanitaire ne serait en aucun cas négligée. Avec le mot d’ordre qui prévaut pour n'importe quelle crise : “solidarité”.

En conclusion, Cédric Bouet rappelle qu’à partir du lancement de l’alerte orange, la population doit se mettre en condition et prendre ses précautions en termes de préparation des habitations, ou d’approvisionnement alimentaire. Le guide du comportement à adopter en cas de cyclone est indispensable afin de contourner l’effet de “panique” de la population et d’éviter tout désordre public et saturation des services publics.
 

Cédric Bouet, directeur de cabinet du haut-commissariat
Cédric Bouet, directeur de cabinet du haut-commissariat
Cédric Bouet - Directeur du cabinet du haut-commissaire

“Ne pas exposer les gens inutilement”
 

Combien de personnes sont mobilisées pour une situation de crise cyclonique ?

“Sur le nombre de personnes mobilisées, ici on est à un peu plus d’une soixantaine de personnes. Mais sur l’ensemble des services intervenants qui sont chacun dans leur partie, mobilisés sur le terrain, dans les administrations ou dans les bureaux, nous en sommes à une centaine de personnes. Maintenant, le maître mot est de ne pas exposer les gens inutilement. Notre objectif est de ne pas exposer nos services de secours à un risque inconsidéré. Nous n’allons pas utiliser de façon dispendieuse nos moyens car nous risquons d’en avoir besoin dans la durée.”
 
Quelle est la capacité d’accueil pour les hébergements de secours mis en place en cas de cyclone ?

“Cela dépend de chaque commune puisque chaque maire pourra répondre pour sa commune, en termes de plan de sauvegarde, dont il a la responsabilité, qui est activé en ce moment-même dans le secteur de l’archipel de la Société et qui a été activé dans le secteur des Tuamotu. Donc cela peut aller d’une dizaine à une centaine de personnes.”
 

Rédigé par Meleana CHE FAT le Mercredi 8 Décembre 2021 à 19:38 | Lu 3293 fois