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Les Polonais offrent aux populistes un deuxième mandat de quatre ans


Varsovie, Pologne | AFP | lundi 13/10/2019 - La victoire électorale des conservateurs populistes polonais devrait leur permettre de continuer leurs réformes, souvent controversées, et de garder Mateusz Morawiecki à la tête du gouvernement, tandis que l'opposition pense déjà à la bataille de l'élection présidentielle au printemps. 

Les résultats partiels quasiment complets, basés sur près de 92% des bureaux de vote créditent le parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski de 44,38% des suffrages aux élections à la Diète (chambre basse).
Ce succès est dû en premier lieu au programme de généreux transferts sociaux mis en place par le PiS.
S'il est confirmé définitivement, un tel niveau de soutien lui garantira la majorité absolue à la chambre basse et un deuxième mandat de quatre ans, sans avoir besoin de chercher un partenaire pour former une coalition.
"Nous pouvons nous attendre à ce que le PiS cherche à limiter davantage la démocratie libérale", a dit à l'AFP une politologue de l'Université de Varsovie, Anna Materska-Sosnowska. 
En attendant la publication des résultats officiels définitifs, attendue lundi soir ou mardi matin, les conservateurs se sont gardés d'afficher leur satisfaction.

- "Nous devons réfléchir" -

Le chef du PiS Jaroslaw Kaczynski est apparu relativement sombre dimanche soir, apparemment quelque peu déçu par le résultat.
"Nous méritons davantage", a dit M. Kaczynski, considéré comme l'homme le plus influent de Pologne.
"Nous devons réfléchir (...) aux raisons pour lesquelles une partie de la société a considéré qu'il ne fallait pas nous soutenir", a-t-il ajouté, tout en réaffirmant que les réformes seraient poursuivies.
"Nous avons quatre ans de dur labeur devant nous, la Pologne doit changer davantage et elle doit changer en mieux", a dit le chef du PiS.
Les commentateurs proches de l'opposition y ont vu une menace pour l'indépendance des collectivités locales et des médias.
Le Premier ministre sortant Mateusz Morawiecki, qui s'est beaucoup dépensé pendant la campagne électorale, a paru, lui, plus enjoué et souriant.
"Tout indique que le PiS formera le prochain gouvernement, donc je pense que Mateusz Morawiecki poursuivra sa mission", a dit lundi matin à la radio publique son chef de cabinet Michal Dworczyk.
La principale formation d'opposition, la Coalition civique (KO, centriste), obtiendrait 26,77%, suivie par la gauche (12,34%), qui fait son retour au Parlement après quatre d'absence.
Le parti paysan PSL bénéficierait de 8,63% des voix, tandis que la Confédération, une formation d'extrême droite anti-système, comprenant des ultra-libéraux et des nationalistes anti-migrants, entrerait au parlement avec 6,76%.
Les commentaires des médias polonais, qui, à l'exception de l'audiovisuel public, sont en majorité critiques à l'égard du PiS, étaient essentiellement consacrés lundi matin à la poursuite des réformes du PiS, dont certaines, dans le domaine judiciaire, ont provoqué un conflit avec la Commission européenne. les faiblesses de l'opposition centriste et du chef de la KO Grzegorz Schetyna qui pourrait risquer son poste, étaient également très commentées.
Dans sa première intervention après l'annonce de résultats partiels dimanche soir, M. Schetyna a rapidement évoqué la campagne présidentielle.

- Fléchissement de la conjoncture -

"Tout est devant nous, l'élection présidentielle, et là nous serons prêts et nous allons l'emporter, c'est notre promesse", a-t-il dit. 
Conscient de son manque de charisme, M. Schetyna a renoncé pour les législatives à première place sur la liste de l'opposition à Varsovie, pour la céder à Mme Malgorzata Kidawa-Blonska. Partie très tard en campagne, celle-ci a eu la satisfaction de dépasser M. Kaczynski d'environ quatre-vingt mille voix dans la capitale.
Elle pourrait donc être candidate à l'élection présidentielle, solution que M. Schetyna devrait préférer au retour sur la scène politique polonaise du président du Conseil européen sortant Donald Tusk. 
Le succès du PiS est en bonne partie dû à des généreux transferts sociaux, qu'avait permis l'excellente performance économique de la Pologne.
Lors de la campagne, le PiS a promis de poursuivre les réformes et le programme social qui lui ont valu la fidélité des électeurs, et notamment d'augmenter considérablement le salaire minimum.
Les quatre années à venir pourraient être cependant plus difficiles pour les conservateurs. Les économistes invoquent notamment un fléchissement de la conjoncture en Allemagne, le partenaire économique le plus important de la Pologne.

le Lundi 14 Octobre 2019 à 04:51 | Lu 219 fois